Journée mondiale sans papier: quand tourner la page nécessite du courage !
Par Manal KOUBIA
Reçus, rapports, documents administratifs, prospectus, ou encore emballages, le papier continue toujours d’envahir notre espace malgré les nombreuses incitations à limiter son usage et la présence prépondérante du digital dans nos vies.
Célébrée le 25 octobre de chaque année, la Journée mondiale sans papier est une excellente occasion pour sensibiliser le public à l’importance d’éviter le gaspillage, tout en suggérant certaines démarches à prendre et présentant celles déjà menées par différentes parties pour limiter ce fléau.
Selon Statistica, la consommation mondiale du papier devrait continuer à augmenter au cours de la prochaine décennie pour atteindre 476 millions de tonnes en 2032.
Ce chiffre est alarmant vu la quantité d’eau qu’exige la production d’une feuille de papier A4, estimée entre 2 à 13 litres, d’après l’Institut UNESCO-IHE.
Afin d’éviter ce carnage écologique, des mesures simples peuvent être prises par chaque citoyen, à l’instar de la numérisation des documents, l’impression recto-verso, ou encore l’utilisation du verso des pages imprimées comme brouillon.
Au Maroc, nous consommons 650.000 tonnes de papier par an, dont seulement 30% provient de la récupération, tandis que le reste est importé, relève un rapport de MED Paper, producteur national du papier, engagé dans la protection de l’environnement et signataire d’une convention de partenariat avec le World Environment Center en 2020, afin de renforcer la performance environnemental de l’entreprise par la mise en place d’actions visant à économiser les ressources.
De son côté, le gouvernement marocain a lancé plusieurs initiatives afin de rapprocher l’administration du citoyen à travers des prestations dématérialisées dans le cadre du projet e-gov, accéléré par la pandémie mondiale.
Parmi ces initiatives, la plateforme « ROKHAS » a été développée dans le but de permettre une gestion fluide, traçable et transparente des autorisations administratives à caractère urbanistique et économique. En outre, la plateforme “WATIQA” a été mise en place afin d’octroyer aux Marocains du monde la possibilité de commander leurs documents de l’état civil en ligne et d’effectuer un suivi de la commande.
Au niveau de la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM), le label “RSE” a été mis en place pour encourager les entreprises à adopter une démarche globale, tenant compte des impératifs économiques, environnementaux et sociaux dans leur stratégie managériale, sur la base d’une charte articulée autour de 9 axes d’engagements, notamment la préservation de l’environnement.
La politique “zéro-papier” est aussi populaire chez certaines firmes et peut s’avérer payante si elle est accompagnée par une stratégie globale encouragée par le top management, impliquant un changement de processus, le déploiement d’ERP (Entreprise Resource Planning), le développement d’indicateurs de performance précis, l’élaboration d’une démarche de suivi en faveur des usagers s’appuyant sur des consultants et des facilitateurs pour une transition plus simple et la démocratisation d’outil tels que les machines à détruire le papier.
Le chemin vers une dématérialisation réussie est long et sinueux car, rappelons-le, le papier a une valeur sentimentale, représentant notre livre préféré ou des documents que nous avons peur de perdre. Au niveau de l’entreprise, l’audit et les évaluations requièrent l’archivage de plusieurs documents rendant difficile l’implémentation de la stratégie du zéro papier.
La dématérialisation et l’usage responsable du papier sont deux solutions pour lesquelles il faut opter afin de faire face aux dangers du gaspillage et protéger les forêts. Néanmoins, il est primordial de réfléchir à une approche globale qui prend en compte les contraintes de chacun pour faciliter la transition et encourager le public à adopter des pratiques éco-responsables.
Avec MAP