Modest Kwapinski: « Le Maroc s’est imposé comme un leader des énergies renouvelables en Afrique »
Propos recueillis par Mouhamet Ndiongue
Dans cet entretien, Modest Kwapinski, directeur général d’EDF Renouvelables au Maroc, est revenu sur la présence de son entreprise sur le marché marocain, ses partenariats locaux et institutionnels, ses projets réussis et son implication pour soutenir le Royaume dans sa transition énergétique.
Il a également souligné la capacité d’EDF Renouvelables à travailler en étroite collaboration avec ses partenaires locaux et institutionnels, tels que l’ONEE et MASEN, pour réaliser des projets complexes et stratégiques, tout en contribuant à la transformation énergétique du Maroc. Avec plusieurs projets réussis à son actif et un plan ambitieux pour l’avenir, EDF Renouvelables est bien positionnée pour jouer un rôle clé dans la transition énergétique en cours et offrir des solutions durables à ses clients.
l Maroc diplomatique : EDF Renouvelables Maroc célèbre ses 10 ans au Maroc, quels ont été les moments phares de votre présence sur le marché marocain ?
– Modest Kwapinski : EDF Renouvelables a ouvert sa filiale au Maroc en 2012, peu après s’être vu attribuer le projet éolien de Taza. Aujourd’hui, ma plus grande fierté est de pouvoir dire que mes équipes sont passées de 6 à 26 salariés (hors équipes O&M), et que nous poursuivons notre développement pour accompagner le Royaume dans son objectif d’atteindre au moins 52% de capacités renouvelables dans son mix électrique d’ici 2030.
Aux côtés de nos partenaires Mitsui, l’ONEE et MASEN, nous avons, avec succès, mis en service la première phase du parc éolien de Taza. D’une capacité installée de 87 MW, ce parc de 27 éoliennes produit l’équivalent de la consommation électrique annuelle de 350.000 personnes, soit 70% de la population de la province de Taza.
En 2022, nous avons également été heureux d’annoncer le lancement des travaux de repowering du parc éolien Nassim Koudia Al Baida, à une soixantaine de kilomètres de Tanger.
C’est un projet qui a été mis en service en 2000, et qui sera à terme détenu à parts égales par MASEN et EDF Renouvelables.
Le repowering du parc Nassim Koudia Al Baida consiste à remplacer les 90 turbines existantes par 20 nouvelles tout en doublant la capacité de production. Les travaux de démantèlement sont actuellement en cours de finalisation et l’installation des nouvelles éoliennes est prévue pour l’été 2023. C’est un chantier conséquent, le premier projet de repowering sur le continent africain.
l La gestion des actifs, les opérations et la maintenance sont entre comptées parmi les activités d’EDF Renouvelables, quelle appréciation faites-vous de ces deux domaines au Maroc ?
– EDF Renouvelables développe, construit et exploite des projets d’énergies renouvelables. Nous nous sommes implantés au Maroc avec une vision sur le long terme et nous construisons nos projets en ce sens. Avec près de 4 GW en service, il faudrait dire que le marché de l’exploitation-maintenance des énergies renouvelables au Maroc est en train de gagner en maturité et cela devrait continuer avec les nouveaux parcs qui rentreront progressivement en service prochainement, ce qui est tout à fait en ligne avec notre vision.
L’opération et la maintenance de nos parcs représentent aujourd’hui 13 emplois directs qualifiés supplémentaires sur le parc de Taza et seront amenées à passer à environ 30 dès la mise en service du parc de Nassim Koudia Al Baida en début d’année 2024.
l Le marché des énergies renouvelables au Maroc continue d’avoir une croissance très régulière. Pendant ce temps, vous avez une installation d’une capacité record de 295 gigawatts. Comment comptez-vous renforcer votre présence et vos acquis dans le Royaume ?
– EDF Renouvelables est pleinement mobilisée pour accompagner le Royaume dans sa stratégie énergétique. Le pays dispose d’importantes ressources solaires et de vent, ce qui est une chance et un véritable potentiel pour le développement des énergies renouvelables.
En plus du parc éolien de Taza et du repowering de Koudia, EDF Renouvelables a également remporté, en 2018, le projet Noor Midelt I en consortium avec nos partenaires Masdar et Green of Africa, un projet solaire de 800 MW avec une composante stockage significative.
EDF Renouvelables s’est aussi dotée d’un plan hydrogène qui vise à développer 3 GW de projet hydrogène électrolytique dans le monde d’ici 2030 : avec son emplacement géostratégique et son climat d’investissement favorable, le Maroc possède un potentiel de développement important dans ce domaine.
Avec tous ces atouts, le Royaume est naturellement un pays propice pour le développement de notre activité, que ce soit dans les secteurs traditionnels, à savoir l’éolien et le solaire, ou dans les domaines en développement, tels que le stockage et l’hydrogène.
l Au cours de la dernière décennie, le Maroc s’est érigé en leader dans le domaine des énergies renouvelables. Quelle est la particularité du modèle marocain et quelles sont les opportunités qui s’offrent aux investisseurs en matière d’énergies propres au Maroc ?
– Le Maroc s’est déjà imposé comme un leader des énergies renouvelables en Afrique grâce à une combinaison de projets solaires, éoliens et hydroélectriques. Ses objectifs ambitieux ouvrent de belles perspectives de développement de capacités renouvelables.
Aujourd’hui, le Maroc fait partie des 20 pays émergents les plus attractifs pour les investissements, grâce à une bonne qualité d’infrastructures, des ressources humaines qualifiées, des initiatives en faveur des investissements étrangers et une position stratégique qui en fait une potentielle porte d’entrée sur d’autres pays dans la région.
Après plus de 10 ans de présence sur le marché marocain, EDF Renouvelables a démontré sa capacité à être au rendez-vous pour délivrer, avec ses partenaires locaux et institutionnels (ONEE et MASEN) , des projets complexes et stratégiques pour le pays.
l Les prix des matières premières photovoltaïques ont augmenté, du coup le coût de l’acier et du cuivre ont également flambé sans compter le fret. Comment comptez-vous aborder cette problématique due à la conjoncture internationale ?
À ce jour, les prix et les conditions d’approvisionnement ne remettent pas en cause la trajectoire de développement d’EDF dans les énergies renouvelables, bien que ces tensions aient perturbé le déroulement de certains projets, engendrant parfois des surcoûts ou des retards.
Comme de nombreux autres secteurs, celui des énergies renouvelables a rencontré des tensions et des perturbations dans sa chaîne d’approvisionnement. Plusieurs facteurs en sont à l’origine : l’augmentation des prix des matières premières, du coût de l’énergie et du transport, le tout combiné à une demande qui est restée élevée, voire dont la croissance s’est même accélérée.
Malgré ces perturbations, les énergies renouvelables n’ont pas perdu de leur compétitivité, bien au contraire : dans le contexte de crise énergétique que le monde traverse aujourd’hui, les énergies renouvelables ont su démontrer qu’elles demeurent une vraie alternative aux énergies fossiles permettant une indépendance énergétique respectueuse de l’environnement et qui s’inscrit dans la durabilité.
l Outre l’aspect climatique, quels sont les enjeux des énergies renouvelables pour l’économie nationale ?
– L’enjeu est le développement d’un écosystème national intégrant l’ensemble de la chaîne de valeur, créateur d’emplois locaux et maximisant les retombées économiques sur le pays.
Dans ce sens, il est important que le Maroc, dans sa lancée d’industrialisation, intègre ce secteur clé, œuvre pour attirer les investisseurs et les inciter à développer une industrie locale et à transférer du savoir-faire.
Il va sans dire que le capital humain devra être au centre des enjeux, d’où la nécessité d’accompagner le système éducatif dans la formation des compétences nécessaires au développement du secteur.
l Le secteur de l’énergie au Maroc est dominé par les énergies fossiles. Quels enjeux se présentent dans un contexte de transition énergétique mondiale ?
– À l’image d’une grande majorité de pays dans le monde, la consommation d’énergie est majoritairement issue des énergies fossiles.
La transition d’un mix énergétique dominé par les énergies fossiles vers un scénario où les énergies renouvelables joueraient un rôle plus important représente le défi des années à venir pour le Maroc. Au vu de la taille des besoins et des infrastructures en jeu (réseau électrique, terminaux gaziers), la transformation du système énergétique sera complexe, parfois coûteuse et ne se fera pas sans directives fortes et claires élaborées par l’État.
EDF Renouvelables est pleinement mobilisée pour accompagner le Maroc dans la réponse à ces enjeux, en ligne avec sa raison d’être : proposer des solutions innovantes pour construire un avenir énergétique neutre en CO2.