L’école, sanctuaire de la violence: La prévention des risques de violence par l’éducation
La violence est l’utilisation intentionnelle de la force physique et/ ou de menaces à l’encontre des autres ou de soi- même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque, fortement, d’entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès (O.M.S ). Mais quand les jeunes élèves agressent leurs enseignants dans l’école, qui est un lieu où s’apprend l’interdit de la violence, faut-il se demander à qui incombe la responsabilité dans cette déviation ?
Aujourd’hui, dans notre pays, on veut que l’école transmette des valeurs aussi bien que du savoir. Mais cette mission très ambitieuse, est-elle réaliste ? La réforme de l’éducation selon la vision stratégique 2015-2030, pour une école de l’équité et de l’égalité des chances est encore loin de viser une refonte du Curriculum (programme) de l’éducation à la citoyenneté afin d’y intégrer une dimension privilégiée de l’éducation relative à la violence, en général, et la violence contre les enseignants, en particulier, selon une approche systémique et multidimensionnelle. Une matrice curriculaire est indispensable comme outil didactique, basé sur les principes de la durabilité et comportant un système de valeurs qui permette aux apprentis le développement de leurs compétences afin d’atteindre un niveau de responsabilité et de participation au sein de la société.
Vu l’augmentation et le développement de la violence dans nos établissements scolaires de la part des élèves contre leurs enseignants, le ministère de l’Education doit élaborer une stratégie sectorielle intégrée pour faire face à ce dilemme en assurant le renforcement institutionnel, en renforçant et en développant les compétences des acteurs, en promouvant une culture basée sur le respect des enseignants dans la société, en préparant une charte morale pour la promotion d’une école sans violence avec l’implication des élèves, des parents, de la société civile et des enseignants dans le but de promouvoir des valeurs de citoyenneté et des droits humains, en organisant des séminaires et des rencontres ainsi que des compagnes de sensibilisation, en assurant aussi l’encadrement des nouveaux enseignants contractuels (qui n’ont pas d’expérience et qui sont dans l’incapacité de gérer des situations de conflit avec les élèves) nouvellement recrutés, sans formation.
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C’est donc sur les enseignants qu’il faut agir en premier, car les élèves ne changeront pas de comportement s’ils sont en face d’enseignants autoritaires ou agressifs en plus sans formation qui leur permette la maîtrise de l’art d’enseigner. Selon les spécialistes, la violence peut prendre plusieurs formes. La violence conservatrice ou fondatrice ou la contestation de droit. Faut-il souligner que les causes de la violence des jeunes adolescents sont la pauvreté, la précarité, l’échec scolaire, les inégalités, le mépris (lhogra) et la répartition inéquitable du savoir et de la richesse ? La structure familiale concentre toutes les formes de violence ainsi que les rapports sociaux inégalitaires. La violence n’est pas générée par une seule cause mais résulte plutôt d’une interaction complexe entre différents facteurs.
Les enseignants marocains pensent que leur métier n’est plus valorisé dans la société et sont devenus, extrêmement, déconsidérés. Le système et la qualité d’évaluation du ministère de l’Éducation ne peuvent que continuer à dégrader encore l’image qu’ils ont dans la société et devant leurs élèves et par conséquent, le professeur reste le pare-choc à absorber les revendications des élèves contre les choix non démocratiques des autorités éducatives et même des gouvernements. Egalement, les jeunes vivent une violence qu’ils ressentent sous diverses formes (symbolique, physique, verbale, économique……..) Ils parlent de leurs droits qu’ils lient à la non-reconnaissance de leur statut de citoyen marocain. Et contestent le fossé qui existe entre les lois et leur mise en application, entre les discours proclamés et les pratiques concrètes, entre les droits édictés dans les textes nationaux et internationaux et la répression de toute liberté d’expression.