La CEDEAO fragilisée par le départ de trois pays membres, alerte Moody’s
L’agence de notation Moody’s a publié un rapport dans lequel elle évalue les conséquences du retrait du Mali, du Burkina Faso et du Niger de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Selon Moody’s, cette décision pourrait avoir un impact négatif sur la croissance économique de la région, en raison de la perturbation des échanges commerciaux et des services entre les pays membres.
La CEDEAO est une organisation régionale qui regroupe 15 pays d’Afrique de l’Ouest, dont le Nigeria, la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Elle vise à promouvoir l’intégration économique et politique, ainsi que la coopération en matière de sécurité et de développement. La CEDEAO représente un marché de plus de 380 millions d’habitants, avec un produit intérieur brut (PIB) de plus de 600 milliards de dollars en 2022.
Le Mali, le Burkina Faso et le Niger ont annoncé leur retrait de la CEDEAO le 28 janvier 2024, invoquant des raisons politiques et sécuritaires. Ces trois pays sont confrontés à une instabilité chronique, marquée par des coups d’État, des attaques terroristes et des crises humanitaires. Ils ont accusé la CEDEAO de ne pas les soutenir suffisamment face à ces défis, et de favoriser les intérêts des pays côtiers au détriment des pays sahéliens.
Moody’s souligne que le retrait de ces trois pays pourrait réduire les opportunités d’affaires et d’investissement dans la région, ainsi que les recettes fiscales des pays restants. L’agence rappelle que le Mali, le Burkina Faso et le Niger représentent environ 12% du PIB et 16% de la population de la CEDEAO. Ils sont également des partenaires commerciaux importants pour certains pays, notamment le Sénégal, la Côte d’Ivoire et le Ghana.
L’agence ajoute que la confiance des entreprises et des consommateurs pourrait être affectée par le retrait de ces trois pays, ce qui pourrait freiner la demande intérieure et les investissements privés. Moody’s note que la CEDEAO a connu une croissance économique robuste ces dernières années, malgré la pandémie de Covid-19, grâce à la diversification de ses sources de revenus, à la mise en œuvre de réformes structurelles et à l’amélioration de la gouvernance. Toutefois, l’agence prévient que la sortie de trois pays membres pourrait compromettre ces acquis et réduire le potentiel de croissance de la région.
Dans ce contexte, la situation pourrait s’aggraver si le Mali, le Burkina Faso et le Niger décident de quitter l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), qui est une sous-organisation de la CEDEAO. L’UEMOA regroupe 8 pays de la CEDEAO, qui partagent une monnaie commune, le franc CFA, arrimé à l’euro. Le retrait de ces trois pays de l’UEMOA pourrait entraîner la dévaluation du franc CFA, ce qui aurait des conséquences négatives sur le pouvoir d’achat, l’inflation et la dette des pays membres.
Face au danger qui guette la communauté, l’agence souligne que la CEDEAO dispose de mécanismes de résolution des conflits et de médiation, qui pourraient trouver des solutions et diminuer les impacts négatifs de cette sortie.