La cellule de Had Soualem liée à Daech illustre le danger de l’enrôlement en ligne

Les enquêtes sécuritaires menées au sujet de la cellule terroriste démantelée à Had Soualem ont révélé que ses membres étaient organiquement liés à l’un des dirigeants de Daech au Sahel, a affirmé, jeudi à Salé, le Directeur du Bureau central d’investigations judiciaires, Cherkaoui Habboub, précisant que ce dirigeant terroriste a assumé un rôle important dans l’accélération de l’opération d’enrôlement, d’embrigadement et d’inculcation des idées terroristes, à travers les publications et contenus numériques extrémistes qu’il envoyait aux membres de cette cellule.

Lors d’un point de presse, organisé par le Bureau central d’investigations judiciaires (BCIJ), Cherkaoui Habboub a souligné que ces contenus numériques avaient pour dessein de transformer les membres de la cellule en des personnes vouées à la mort qui peuvent être impliquées rapidement dans la perpétration d’attentats terroristes. La propagande cybernétique à laquelle a adhéré Daech a contribué à accélérer le rythme et le niveau d’extrémisme de la cellule des trois frères, tout en jouant un rôle dangereux dans leur préparation à commettre des projets terroristes solitaires selon la méthode de Daech, notamment d’éventuels meurtres et mutilations des corps via la torture, en plus d’attentats à l’explosif visant à causer le maximum de dégâts humains et matériels possibles.

Cette cellule a révélé encore une fois le niveau du recours malintentionné des organisations extrémistes aux technologies de l’information et aux techniques de communication modernes au service des projets terroristes, a-t-il ajouté, rappelant que les services de sécurité ont pu, depuis 2016, interpeller plus de 600 extrémistes utilisateurs des plateformes des réseaux sociaux, qui projetaient de commettre des attentats terroristes, suivant le modus operandi du « loup solitaire », encouragé par Daech dans le cadre de ce que cette organisation terroriste appelle « la durabilité et la pérennité de la guerre d’usure ».

Les services de sécurité ont récemment constaté que les membres des cellules terroristes démantelées recouraient aux réseaux sociaux pour créer des groupes virtuels, dans le but d’unifier leurs orientations idéologiques et d’échanger leurs expériences, notamment en matière de fabrication d’engins explosifs et de poisons, ainsi que pour élargir le champ de la propagande terroriste et favoriser une diffusion rapide de l’extrémisme parmi les mineurs et les jeunes, a affirmé Cherkaoui Habboub. La plupart d’entre eux faisaient part de leur volonté de commettre des actes terroristes après une simple formation virtuelle, a-t-il ajouté.

Lire aussi : La dangerosité de la cellule de Had Soualem renseigne sur la recrudescence de « l’embrigadement familial » comme affluent d’extrémisme

D’autre part, les enquêtes menées avec les membres de « la cellule des trois frères » ont révélé que ceux-ci projetaient de rejoindre les rangs de l’organisation terroriste Daech au Sahel une fois leur projet terroriste accompli, a fait savoir le Directeur du BCIJ, ajoutant que cela illustre clairement que les organisations terroristes actives dans diverses zones de tension œuvrent désormais à garantir des moyens de subsistance et d’hébergement pour enrôler des combattants et leurs familles provenant de différentes régions du monde.

La région du Sahel est devenue une véritable source de menace pour le Royaume du Maroc, du fait qu’elle s’est imposée comme point commun dont sont issus la plupart des extrémistes arrêtés depuis 2022, a mis en garde Cherkaoui Habboub.

En effet, la majorité d’entre eux avaient planifié des projets terroristes au Maroc avant de se rendre dans cette région. De plus, des dirigeants de premier plan de l’organisation terroriste Daech dans la région du Sahel assuraient des missions d’orientation et d’encadrement à distance au profit de cellules locales, à l’instar de la cellule de Had Soualem, a-t-il expliqué.

Dans ce contexte, les données statistiques révèlent que les autorités marocaines ont démantelé plus de 40 cellules terroristes ayant des liens étroits avec des branches d’Al-Qaïda ou Daech dans le Sahel africain. De même, 130 extrémistes marocains ont rejoint, depuis fin 2022, les « zones djihadites » en Afrique, en Somalie et au Sahel, un chiffre qui met en évidence l’ampleur des menaces en provenance de cette région sur la sécurité et la stabilité de l’environnement régional.

Cherkaoui Habboub a, dans ce sens, rappelé que la DGST a alerté de manière proactive la communauté internationale sur l’intérêt grandissant d’Al-Qaïda pour la région du Sahel africain, tout en avertissant du risque de transformation de cette zone en pôle régional pour les organisations terroristes internationales.

S’agissant des desseins de cette cellule, le responsable sécuritaire a soulevé que les opérations sur le terrain et les investigations sécuritaires ont révélé que les éléments de cette cellule terroriste préparaient des opérations à l’explosif ciblant des sites sécuritaires sensibles, outre l’une des grandes surfaces et des commerces publics accueillant des clients locaux et étrangers.

A cet effet, ils ont adhéré à une opération secrète visant à prendre en image ces lieux sous différents angles et à identifier les issues pour y accéder, tout en traçant des croquis pour les itinéraires et circuits qui y mènent.

Sur le plan logistique, les membres de ce réseau ont procédé à l’acquisition de substances chimiques et d’équipements de soudage, ainsi que de marchandises à double usage pouvant servir à la fabrication d’explosifs, tout en veillant à diversifier les magasins de droguerie en vue d’induire en erreur les autorités et d’éviter d’attirer l’attention.

Evoquant le modus operandi du terrorisme individuel et les tactiques des « loups solitaires », Cherkaoui Habboub a révélé que les membres de cette cellule terroriste ont veillé à acquérir plusieurs armes blanches de différents tailles pour les utiliser dans les opérations de liquidation corporelle et de mutilation des corps, d’autant plus qu’ils recevaient des vidéos de dirigeants de Daech dans la région du Sahel, documentant des opérations d’exécution hors la loi avec usage de la torture et décapitations, ainsi que d’autres actes barbares visant à les guider dans la mise en œuvre des actes projetés.

Avec MAP

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