La chute de l’ANC aux élections, évènement phare de 2024 en Afrique du Sud
L’un des évènements phares de l’année qui s’achève en Afrique du Sud est incontestablement l’élection générale, qui a vu le Congrès National Africain (ANC) perdre le pouvoir absolu qu’il détenait depuis la fin du régime ségrégationniste de l’apartheid en 1994.
Les élections législatives et présidentielles du 29 mai dernier n’auraient pas pu tomber à un pire moment pour le parti de Nelson Mandela, dont le crédit a plongé lors d’un règne de 30 ans, rythmé par les scandales de la capture de l’Etat, la corruption endémique, la criminalité, la crise économique et les délestages électriques.
Le Congrès national africain est sorti de ces élections affaibli et blessé après avoir été snobé par ses électeurs traditionnels. Il n’a d’ailleurs engrangé que 40% des suffrages exprimés (159 sièges au Parlement sur 400), soit moins de 50% pour la première fois en 30 ans de pouvoir absolu. Il est suivi par son dauphin de toujours et principal parti de l’opposition, l’Alliance démocratique avec 21,80% des voix (87 sièges) et le parti nouvellement créé de l’ex-président Jacob Zuma, «uMkhonto weSizwe» (MK) avec 14,59% des voix (58 sièges).
Le scrutin historique de mai 2024 restera ainsi gravé dans les annales de l’ANC et la mémoire collective des Sud-africains comme étant celui ayant marqué un tournant majeur dans le paysage politique du pays et sonner le glas de l’hégémonie du parti au pouvoir depuis trois décennies.
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Plusieurs facteurs ont concouru à la chute libre de l’ANC, notamment les luttes intestines entre ses différentes factions, la corruption endémique, la criminalité rampante, les délestages électriques récurrents, la crise économique aiguë et le taux de chômage record (33%).
Affaibli lors de ce scrutin, l’ANC était contraint de nouer des alliances avec d’autres partis politiques pour former un gouvernement de coalition.
Mais, «l’euphorie» créée par la formation d’un gouvernement d’unité nationale, a détourné, le temps d’un scrutin, le regard collectif des Sud-africains de la triste réalité d’un exécutif et d’une nation divisés par des décennies de ségrégation raciale.
A peine formé, des divisions ont alors émergé en son sein avec comme pierre d’achoppement le projet de loi controversé sur l’éducation de base, appelé Loi Bella, la politique étrangère de l’Afrique du Sud ou encore les coalitions dans les grandes villes. Ces divisions ont laissé les citoyens lambda interloqués, eux qui ont longtemps guetté un miracle, un gouvernement fort pour les délivrer des maux du passé.
Ils se rendent compte finalement qu’au regard des nombreux défis qui attendent encore la nation arc-en-ciel et du bilan «médiocre» accumulé jusqu’ici par le Congrès National Africain, il est peu probable que le gouvernement hétéroclite d’union nationale s’entende sur des politiques qui génèrent une croissance et qui profite aux groupes à faible revenu et aux communautés marginalisées.
Les émeutes dévastatrices de juillet 2021 demeurent à cet égard vivaces. Déclenchées après l’incarcération de l’ex-président Jacob Zuma pour avoir défié une ordonnance de justice, ces troubles, qui ont fait des centaines de morts, rappellent à bien des égards que l’Afrique du Sud n’est pas à l’abri de la menace d’instabilité politique et de nouvelles violences.
Avec MAP