La Colombie à la veille d’une réduction drastique de ses dépenses à cause d’une baisse « historique » dans la collecte des impôts
La baisse « historique » de la collecte des impôts en Colombie devrait obliger le gouvernement à procéder cette année à une réduction drastique des dépenses budgétaires.
Le Comité autonome des règles fiscales (Carf), un organisme public chargé de garantir la durabilité des finances publiques, a fait savoir vendredi que la collecte des impôts a chuté de 10,3 % entre janvier et avril derniers, soit une contre-performance jamais enregistrée depuis 2010.
La même source a précisé que les recettes fiscales pendant cette période se sont élevées à 85,9 milliards de pesos (22 millions de dollars).
« Ce chiffre représente 28,3% de l’objectif de collecte pour 2024 », a déploré le Carf, rappelant qu’en 2023, la collecte des impôts avait atteint 278,9 milliards de dollars, un chiffre qui n’avait pas atteint l’objectif fixé (290,1 milliards).
Le gouvernement s’inquiète des conséquences de cette situation, notamment sur l’exécution des dépenses publiques urgentes.
Luis Fernando Mejia, directeur de la Fondation pour le développement (Fedesarrollo), a indiqué que dans tous les cas, le budget de l’Etat allait être « remanié » , mais il s’avère que « le problème est plus grave ». Avec ces chiffres de collecte, la réduction devrait être d’environ 20 milliards de pesos », a-t-il projeté, cité par le quotidien El Colombiano.
Toutefois, la mauvaise gestion de la Direction des impôts (Dian) en termes de collecte n’est pas l’unique cause de cette situation. Selon Mejia, la faible croissance économique ou les effets négatifs des réformes fiscales de 2021 et 2022 sur l’investissement doivent être prises en compte.
Par types d’impôts, le Carf a indiqué que l’impôt sur le revenu est celui qui peine à atteindre les objectifs (avec 83,1% par rapport de ce qui était projeté), suivi de la TVA (90,5%).
El Colombiano fait observer que la collecte est non seulement tombée en dessous du niveau critique des mois de la pandémie, mais elle a également enregistré la pire performance en 24 ans, selon les données de la Dian, ce qui représente « un signal d’alerte rouge pour les finances publiques ».
« Les données sur la collecte des impôts en avril sont très inquiétantes. Même pendant la pandémie, nous n’avons pas connu une baisse annuelle de cette ampleur : -40,9% », a déclaré José Ignacio Lopez, président du centre d’études économiques Anif.
Cette même préoccupation est partagée par l’ancien ministre des Finances, Mauricio Cárdenas, qui a insisté sur le fait que le ministère des finances aurait dû réduire ses dépenses il y a quelque temps. « Ne pas le faire, reviendrait à jouer avec le feu », a-t-il prévenu
Avec MAP