La coopération militaire entre le Maroc et Israël ferait grincer des dents en Espagne
La coopération militaire entre le Maroc et Israël, concrétisée et hissée à un niveau plus élevé par la signature d’accords durant la visite à Rabat du ministre israélien de la Défense, Benny Gantz, inquièterait l’Espagne, qui le fait savoir via un récent rapport marqué du sceau du ministère espagnol de la Défense.
Un rapport pondu par le Centre supérieur d’études de la Défense nationale (CESEDEN) et l’Institut espagnol d’études stratégiques (IEEE), deux think-tanks espagnols appartenant directement au ministère de la Défense, se sont en effet fendus d’analyses alarmogènes et mettant en garde le gouvernement ibérique contre « l’accroissement de l’influence du Maroc dans la région ».
« L’Espagne en danger » ?
Le rapport, jonché de notions préoccupantes voire affolantes, fait penser, en effet, à la nomenclature à laquelle recourt le régime algérien chaque fois que le Maroc resserre ses liens avec Israël ou marque des points sur la scène internationale et africaine.
« Nous savons tous que la nation espagnole est en danger. Le lobby juif est le plus puissant et le plus influent au monde et, de ce fait, le rapprochement entre Rabat et Tel-Aviv met le Maroc en position de force et accroît substantiellement son influence dans la région », écrivent le plus formellement du monde les auteurs du rapport.
Evoquant les « retombées » de la visite de M. Gantz au Maroc, le texte verse encore davantage dans la rodomontade en affirmant que « le niveau de la dangerosité pour l’Espagne passe de la zone jaune à la zone rouge, compte tenu notamment des chapitres compris dans l’accord militaire signé entre les deux parties ».
Selon les mêmes faiseurs du rapport, un accord signé entre le Royaume et Israël « permettra au Maroc d’acquérir des équipements sécuritaires de haute technologie ». Là où le bât blesse, c’est quand, selon eux, « la coopération entre Rabat et Tel-Aviv pourrait dépasser le cadre sécuritaire et militaire pour englober une collaboration en matière de renseignement » et comprendra «la construction d’une base militaire près de nos frontières nationales».
Entre l’Espagne et Israël, des relations « plus que bonnes »
Alarmiste quand il est question d’armement entre le Maroc et Israël, l’Espagne est, sachons-le, plutôt heureuse dans sa coopération militaire « prospère » avec l’Etat hébreu.
« Les relations entre les deux pays dans le domaine de la défense peuvent être décrites comme plus que bonnes », peut-on notamment lire dans un autre rapport écrit en 2009 en anglais par Novact, institut basé à Bercelone, et intitulé « Spain-Israel Military, Homeland Security and Armament-Based Relations, Affairs and Trends ».
Citant l’ancien conseiller en chef du ministère de la défense, Yitzhak Soroka, les auteurs du rapport notent en outre que les relations hispano-israéliennes sont « très stables et fortes ».
Côté argent, le successeur de M. Soroka, à savoir M. Itamar Graff avait révélé que « Le chiffre d’affaires annuel moyen entre les entreprises espagnoles et israéliennes se situe entre 50 et 70 millions de dollars ».
L’Espagne, poursuit-il, est l’un des principaux clients d’Israël en matière de matériel militaire. Et en 2009, la signature d’un accord de coopération militaire a servi de cadre juridique pour le développement de tout projet de coopération bilatérale dans le domaine de la défense entre les deux pays.