La Cour des comptes soulève le retard de la digitalisation de l’administration
La transformation digitale, perçue comme un levier stratégique pour moderniser l’administration marocaine, accuse un retard préoccupant, comme le souligne le rapport annuel 2023-2024 de la Cour des comptes. À ce jour, seuls 23 % des services administratifs sont totalement digitalisés, un chiffre qui reflète une mise en œuvre insuffisante des programmes numériques.
Plusieurs facteurs expliquent ces retards significatifs. Le rapport souligne tout d’abord l’absence de coordination entre les différents acteurs publics, qui entraîne une fragmentation des efforts et limite leur efficacité. À cela s’ajoutent des lacunes législatives et réglementaires, entravant l’adoption de normes adaptées à l’ère numérique. Par ailleurs, les insuffisances des mécanismes de planification et de suivi sont également pointées du doigt, « Les programmes numériques souffrent d’un déficit de vision stratégique et d’une gestion inadaptée », souligne le rapport de la Cour des comptes.
Bien que l’administration ait enregistré 605 services publics digitalisés en 2023, leur impact demeure modeste. En effet, le rapport précise que « ces initiatives n’ont pas contribué de manière significative à la simplification des démarches administratives pour les citoyens et les investisseurs », accentuant ainsi le fossé entre les objectifs visés et les résultats obtenus. Ce constat s’inscrit dans un contexte où le Maroc recule dans les classements internationaux relatifs à la transformation digitale, un indicateur de l’urgence d’une réforme approfondie.
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En plus des problèmes de coordination, le rapport met en lumière d’autres entraves structurelles majeurs qui freinent la transformation digitale de l’administration marocaine. Parmi ceux-ci figure le retard législatif, marqué par un cadre juridique inadapté aux exigences modernes, ce qui limite la réactivité et l’efficacité de l’administration. À cela s’ajoute l’absence d’un plan de gestion du changement, indispensable pour accompagner les transformations structurelles et opérationnelles. Enfin, les carences techniques, notamment la faible intégration des technologies numériques, compromettent significativement l’amélioration des services publics et leur accessibilité pour les usagers.
Face à ces défis, la Cour des comptes préconise une relance stratégique ambitieuse, fondée sur des axes prioritaires essentiels. Elle insiste sur la nécessité de renforcer la coordination entre les institutions publiques, en établissant des mécanismes efficaces permettant une synergie optimale des efforts. Par ailleurs, elle appelle à une réforme législative visant à adapter le cadre juridique aux impératifs de la transition numérique, tout en assurant sa clarté et son efficience. Enfin, elle recommande l’adoption d’une gestion orientée vers les résultats, reposant sur un suivi rigoureux des projets afin de garantir leur conformité aux attentes des citoyens et d’en maximiser l’impact.
Le rapport insiste également sur la nécessité de mobiliser des ressources humaines qualifiées et de renforcer les capacités techniques des équipes en charge des projets numériques. La transformation digitale de l’administration constitue une opportunité unique pour moderniser le service public et améliorer l’attractivité économique du Royaume. Toutefois, comme le rappelle la Cour des comptes, « seule une réforme structurelle pourra permettre à l’administration de répondre aux attentes croissantes des citoyens et des investisseurs ».