La déclaration d’El Bouari sur la sécheresse et la fuite des poissons provoque un tollé

L’intervention du ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Ahmed El Bouari, au Parlement a déclenché un tollé parmi les citoyens et les parlementaires. En affirmant que « la sécheresse fait fuir les poissons », le ministre a non seulement surpris, mais aussi suscité une vive indignation. Cette déclaration, prononcée lors d’un débat sur la flambée des prix des denrées alimentaires, a été vue comme une tentative maladroite de justifier l’inflation qui frappe durement les ménages.

Lors de son allocution, Ahmed El Bouari a attribué la hausse des prix du poisson au phénomène de sécheresse, expliquant que celle-ci pousse les poissons à « fuir » vers d’autres zones. Cette justification a immédiatement soulevé des interrogations sur sa pertinence scientifique et sur la capacité du gouvernement à répondre aux attentes des citoyens en matière de sécurité alimentaire.

Si le ministre a également rappelé les efforts déployés pour stabiliser les marchés en supprimant les droits d’importation et la TVA sur le bétail et la viande rouge, les citoyens restent sceptiques. Ils jugent ces mesures insuffisantes face à une flambée des prix généralisée, notamment sur les produits de base tels que la viande, la volaille et le poisson.

Les propos du ministre ont rapidement été contredits par la communauté scientifique, qui souligne que les effets de la sécheresse sur les populations de poissons sont bien plus complexes que ce qu’il laisse entendre. Selon des études internationales, la sécheresse entraîne une réduction des habitats aquatiques, une hausse des températures de l’eau et une diminution des niveaux d’oxygène, affectant directement les écosystèmes marins.

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Au Maroc, des recherches publiées dans Scientific Reports ont démontré que le déplacement des sardines vers le nord, constaté depuis plusieurs décennies, est principalement lié au réchauffement des mers et à l’évolution des courants océaniques. Ces phénomènes, exacerbés par le changement climatique, ont un impact significatif sur la répartition des ressources halieutiques, mais ne peuvent être réduits à une simple fuite liée à la sécheresse.

Un paradoxe : des exportations record, mais des prix locaux en hausse

Malgré les controverses, le secteur des exportations de poisson au Maroc connaît une croissance spectaculaire. En 2023, les ventes à l’étranger ont atteint 31 milliards de dirhams, plaçant le Maroc parmi les principaux exportateurs mondiaux de poisson. Les sardines, particulièrement prisées en Europe, représentent une part majeure de ces exportations. L’Espagne, notamment, a vu ses importations de poisson marocain augmenter de 40 % entre 2018 et 2023.

Cependant, cette réussite internationale contraste vivement avec la réalité locale. Sur les marchés marocains, le prix des sardines, autrefois considérées comme un aliment accessible, a grimpé à 20 dirhams le kilo, suscitant la colère des citoyens. Nombre d’entre eux dénoncent un paradoxe : un pays bordé par l’Atlantique et la Méditerranée, et pourtant incapable de garantir à sa population un accès abordable à ses ressources halieutiques.

Les réactions à la déclaration du ministre ne se sont pas fait attendre. « Vous avez enterré les Marocains les plus pauvres avec ces prix. Ayez du respect pour leur intelligence ! » a lancé un député lors de la séance parlementaire. Les citoyens, de leur côté, s’insurgent contre une politique qui semble privilégier les marchés étrangers au détriment des besoins nationaux. « Nos ressources profitent aux autres, alors que nous ne pouvons plus nous permettre d’acheter du poisson », déplore un habitant.

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