La DGAPR présente le bilan des mesures prises pour lutter contre la propagation de la Covid-19 dans les établissements pénitentiaires
La Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR) a adopté plusieurs mesures préventives aux niveaux humain, sanitaire, sécuritaire, matériel, communicationnel et de qualification, pour lutter contre la propagation du nouveau coronavirus dans les institutions pénitentiaires, préserver ces institutions, ainsi que les détenus, les fonctionnaires et les visiteurs.
Dans un rapport sur le bilan des mesures prises pour lutter contre la propagation du coronavirus dans les établissements pénitentiaires et le plan d’action thématique de poursuite de cette lutte jusqu’à fin août 2020, la Délégation indique que les institutions pénitentiaires revêtent un intérêt particulier au niveau national et international, en leur qualité d’espaces fermés abritant un grand nombre de détenus de différentes catégories, notamment avec le phénomène de surpeuplement dans ces établissements, et leur capacité d’accueil restreinte, ce qui rend difficile l’application des mesures de distanciation sociale.
La DGAPR fait observer que si d’aucuns considèrent que la particularité de l’établissement pénitentiaire en tant qu’espace fermé constitue un facteur positif aidant à limiter la contamination à l’intérieur de la prison, cette particularité est, en effet, une source de précarité, du fait qu’un seul cas de contamination en prison peut faire propager l’épidémie rapidement parmi les détenus – généralement soumis au système d’incarcération collective- ainsi que les fonctionnaires, qui sont en contact direct avec les détenus du fait de la nature de leur travail.
Dans son rapport, la délégation s’est arrêtée sur le bilan des mesures prises dans ce cadre jusqu’au 15 mai courant, en particulier les procédures d’organisation, rappelant à cet égard la création d’un comité de veille central le 22 février.
Ce comité, poursuit la source, se charge particulièrement du suivi opérationnel des établissements pénitentiaires et de la communication permanente avec les directeurs régionaux et les directeurs des prisons afin d’accompagner l’évolution de la situation sanitaire et sécuritaire et prendre immédiatement les mesures appropriées à la situation épidémiologique au Royaume, en plus du renforcement de la coordination et de la coopération avec les autres partenaires, et de la publication des notes de service selon la nature de chaque période et en tenant compte de l’évolution de la situation épidémiologique.
Dans ce cadre, l’ensemble des fonctionnaires ont été mobilisés, et des mesures de prévention ont été mises en place pour les sensibiliser et renforcer chez eux l’esprit de prévention lors de l’exercice de leurs fonctions.
Ces mesures visaient également à encourager les fonctionnaires à s’acquitter convenablement de leurs tâches, à adopter les mesures de confinement sanitaire, et à assurer le contrôle et le suivi médical et d’accompagnement et de soutien psychologique et social.
En outre, la délégation a renforcé les mesures de sécurité nécessaires appropriées aux règles de prévention décrétées pour lutter contre l’épidémie dans les établissements pénitentiaires, notamment le contrôle des mouvements des détenus à l’intérieur des prisons, et l’interdiction des déplacements entre les cellules dans un seul pavillon, tout en les incitant à respecter la distance de sécurité, note la DGAPR.
Elle dit avoir aussi dédié des cellules et des pavillons séparés aux nouveaux détenus pour les soumettre à la quarantaine, suspendu progressivement et temporairement les visites, arrêté temporairement le contact avec les avocats, et facilité le contact des détenus avec leurs avocats par téléphone. Le rapport ajoute que la délégation a aussi soumis aux autorités locales et sécuritaires les listes des détenus qui vont être libérés une semaine à l’avance afin de les transporter vers leur domicile vue les difficultés de déplacement dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire.
Le niveau d’hygiène et de protection de la santé a également été relevé, à travers la mobilisation des cadres médicaux et paramédicaux pour recevoir et traiter les cas confirmés ou suspectés de coronavirus, indique la délégation, ajoutant que la surveillance médicale et les campagnes de sensibilisation ont été renforcées, alors qu’une attention exceptionnelle a été accordée aux catégories vulnérables des détenus (malades, personnes âgées, femmes, enfants, mineurs) dans ces circonstances -tout en veillant à ce qu’ils ne côtoient les autres pensionnaires- et des campagnes d’hygiène et de désinfection ont été lancées, avec l’usage des moyens de prévention.
Les programmes de qualification des détenus ont également occupé une place de choix dans les mesures prises par la Délégation, indique le rapport, expliquant que les programmes de qualification ont été adaptés à la situation actuelle en encourageant les activités individuelles qui garantissent les conditions de sécurité sanitaire et la distanciation sociale, dont le programme d’écriture littéraire, le programme « une idée en or », les programmes d’éducation, d’alphabétisation et de formation professionnelle, outre l’implication des détenus dans les efforts de prévention de l’épidémie « production des masques », ainsi que l’accompagnement et le soutien moral et psychologique à leur profit.
Au niveau des procédures judiciaires à distance, il a été décidé d’adopter le procès à distance et de réduire la population carcérale.
Par ailleurs, la DGAPR indique qu’end dépit des mesures préventives, des cas confirmés ont été enregistrés dans trois prisons sur les 77 établissements pénitentiaires, à savoir la prison locale Ksar El Kébir, la prison locale Ouarzazate et la prison locale Tanger 1.
La délégation souligne que ces cas ont été enregistrés pendant une période qui connaissait des mouvements de transfert des détenus vers les tribunaux et les hôpitaux, et l’entrée des usagers, quoique les fonctionnaires étaient soumis aux mesures de confinement à l’intérieur des établissements pénitentiaires, outre le fait qu’ils s’agit d’établissements qui reçoivent les nouveaux détenus. La DGAPR note, à cet égard, qu’une enquête administrative sera diligentée pour déterminer les raisons de la transmission de l’infection aux prisons concernées, dès que la situation sanitaire s’y sera stabilisée.
D’un autre côté, des ressources et capacités financières ont été mobilisées, indique le rapport, ajoutant que la délégation, dans le cadre de la veille et du suivi permanents de la situation épidémiologique dans les établissements pénitentiaires, et pour assurer la protection de l’espace carcéral depuis le début de l’épidémie, a pris, par étapes, une série de mesures de prévention, notamment en garantissant les moyens logistiques nécessaires, un stock suffisant de denrées alimentaires et les moyens de protection contre le virus, en plus de la contribution des partenaires nationaux et internationaux par des dons en matériel d’hygiène et de désinfection, en plus des outils et équipements médicaux et paramédicaux.
Côté communicationnel, plusieurs considérations ont régi la communication de la DGAPR sur la situation sanitaire générale dans les prisons par rapport à l’épidémie, note le rapport, ajoutant que la délégation a interagi de manière continue avec l’opinion publique à travers des communiqués et des mises au points.
Concernant la situation épidémiologique générale dans les établissements pénitentiaires, la Délégation fait état de 340 cas de contamination à la Covid-19 depuis le 14 avril dernier, dont 94% dans la prison locale d’Ouarzazate et la prison locale Tanger 1, faisant savoir que 233 détenus se sont remis définitivement, soit 68,5% des cas. En plus, 98,28% des rémissions ont été enregistrées parmi les détenus de la prison locale d’Ouarzazate (229 guérisons sur 268 contaminations).
Quatre-vingt-dix-neuf (99) cas confirmés sont toujours en détention, où ils sont soumis au traitement, alors que 13 cas de guérison ont été libérés, soit après avoir écoulé leurs peines, soit pour poursuite en état de liberté, détaille la DGAPR.
Cinq cas ont été soumis à des analyses en laboratoire directement après la première analyse qui s’est avérée négative, dont 3 cas aux prisons locales de Tétouan et de Beni Mellal ont bénéficié de la libération provisoire, et pris en charge par les services compétents du ministère de la Santé, tandis que deux cas sont toujours en détention aux prisons locales Bourkayez et Ras el Ma, alors que deux décès ont été répertoriés, soit un taux de 0,6% du total les cas.
S’arrêtant sur les spécificités de l’expérience marocaine dans la lutte contre l’épidémie de Coronavirus dans les établissements pénitentiaires comparée à d’autres expériences, la Délégation souligne que cette expérience s’est distinguée par sa proactivité et par la mobilisation de toutes les capacités humaines, matérielles et logistiques, ce qui en a fait une expérience “inégalée” face à cette épidémie.
Cette spécificité, poursuit la DGAPR, se justifie surtout par la discipline sécuritaire dans toutes les prisons du Maroc, qui ont connu zéro cas d’insécurité, contrairement à un des pays qui ont connu de graves cas d’insécurité dans leurs prisons en raison des craintes des prisonniers d’être infectés ou après l’enregistrement de cas positifs parmi eux.
Et la délégation d’ajouter que l’expérience marocaine se distingue également par la mise en confinement de tous les fonctionnaires à l’intérieur des établissements pénitentiaires pendant une période de près de deux mois (par rotation), démarche adoptée nulle part dans le monde, faisant observer que plusieurs pays ont enregistré des cas d’infection dans nombre de prisons, tandis qu’au Maroc, la plupart des cas enregistrés se limitent à deux établissements pénitentiaires.
En outre, les quelques autres cas été détectés l’ont été parmi les nouveaux détenus, qui étaient placés en quarantaine. L’expérience marocaine est aussi singulière de par la soumission aux tests de laboratoire de tous les fonctionnaires accédant à l’établissement pour mise en quarantaine pour une période allant de 15 à 30 jours (5.492 analyses), en plus de la communication avec l’opinion publique, et la fourniture des statistiques de manière transparente et objective.
Malgré les différences entre le Maroc et un certain nombre de pays développés en termes de moyens et des systèmes de détention, des infrastructures et des ressources humaines et matérielles, le Royaume a pu réaliser d’importants résultats à la faveur de l’efficacité des procédures adoptées, et qui ont prémuni les prisons contre la propagation du virus, conclut la DGAPR.