La fin de « l’Etat Islamique » laisserait derrière elle beaucoup de craintes
L’effondrement de la dernière forteresse de Daech en Syrie a provoqué une onde de choc dans toute la région. Le sort des civils, principalement des femmes et des enfants, déplacés de zones anciennement contrôlées par la nébuleuse terroriste, où beaucoup ont été détenus contre leur volonté, est une préoccupation immédiate. Selon l’International Rescue Committee, un organisme indépendant, près de 4 000 personnes fuient vers le camp de réfugiés d’Al-Hawl, dans le nord-est de la Syrie.
Une fin et plusieurs craintes
«La plupart ont souffert pendant quatre ans sous les horreurs de l’EI et arrivent à Al Hawl extrêmement affamés et déshydratés. Beaucoup ont également subi des blessures qui ont miné leur vie. De nombreux cas de violence à l’égard des femmes, des filles et des familles ont été signalés », a déclaré l’IRC.
Une autre préoccupation urgente concerne ce qui sera fait avec les jihadistes capturés. Les soi-disant «combattants étrangers» et leurs partisans peuvent chercher à retourner dans leur pays d’origine, confrontant plusieurs gouvernements à des choix difficiles.
Mais on craint de plus en plus qu’un grand nombre de combattants syriens de Daech puissent s’installer dans la province d’Idlib, dans le nord-ouest de la Syrie, la dernière grande région peuplée non contrôlée par le régime de Bachar al-Assad. Au cours des deux dernières années, Idlib est devenue un refuge de dernier recours pour les rebelles en retrait et les islamistes militants. Elle abrite également 3 millions de civils syriens, dont la moitié sont des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Une propagande difficile à combattre
Aujourd’hui, c’est leur influence politique et leur propagande qui reste la plus difficile à combattre. Selon l’historien Stéphane Mantoux : « Militairement, l’EI est un objet inclassable, hybride pour les spécialistes : ni guérilla ou insurrection, ni armée régulière, mais une tactique qui se situe quelque part entre les deux ».
D’après Reuters, « l’État islamique semblait sur le point d’être vaincu dans sa dernière enclave de l’est de la Syrie mercredi (20 février 2019), alors qu’un convoi de civils a quitté la zone assiégée où les forces soutenues par les Etats-Unis estiment que quelques centaines de djihadistes sont toujours à terre. » Pourtant l’agence de presse explique que : « Peu de gens croient que la capture de Baghouz mettra fin à la menace de l’État islamique : certains combattants résistent toujours dans le désert syrien central et il a réussi à organiser des attaques de guérilla répétées dans des zones où son régime territorial avait pris fin».
Finalement tout cela n’aura pour conséquence que d’attirer l’attention sur le retrait des troupes américaines promis par le président Donald Trump : « quelque 2 000 soldats américains déployés en Syrie lors de la lutte contre l’Etat islamique ».
De plus le destin de la région dirigée par les Kurdes que la présence américaine a contribué à sécuriser est contesté par la puissance turque.
Pour rappel et à l’été 2018, le Département de la Défense des États-Unis estime que 15 500 à 17 100 djihadistes de l’État islamique sont encore présents en Irak, ainsi que 14 000 autres en Syrie. Et le 13 août 2018, un rapport de l’ONU estime que l’organisation compte encore 20 000 à 30 000 hommes en Irak et en Syrie, 3 000 à 4 000 en Libye et 500 au Yémen.
Saad Bouzrou et Abdellah Chbani