La franco-algérienne, Salima Yenbou veut capter la « charité » rejetée par la Tunisie
Début octobre, le président tunisien Kaïs Saïed a refusé une enveloppe financière de l’Union européenne destinée à soutenir le budget de l’Etat. Aussitôt après ce refus, les lobbies se sont mis en branle pour capter le fond. C’est ainsi que la députée européenne Salima Yenbou, d’origine algérienne et militante du parti Renaissance du groupe Renew Europe propose le transfert de la gestion de l’aide à l’opérateur privé français Proparco, structure qui arbitrerait la distribution de cette enveloppe.
C’est ce qu’a indiqué un communiqué de la présidence tunisienne, lundi, à l’issue d’une rencontre entre Saïed et le ministre des Affaires étrangères Nabil Ammar, au cours de laquelle il a évoqué « les relations entre la Tunisie et l’Union européenne… notamment la récente offre budgétaire présentée par l’UE pour soutenir le budget de la Tunisie et lutter contre l’immigration clandestine.
Le président tunisien a souligné que « la Tunisie est ouverte à la coopération mais n’acceptera, en aucun cas, ce qui ressemble à des actes de charité ». « Notre pays et notre peuple ne veulent pas de cette sympathie et ne l’acceptent pas si elle est sans respect », a-t-il assuré.
Et d’ajouter, « la Tunisie rejette ce qui a été annoncé ces derniers jours par l’Union européenne, non pas en raison de son montant dérisoire, mais par ce que les caisses du monde entier ne valent rien face à la dignité de notre peuple ».
« Cette proposition enfreint le protocole d’accord signé en Tunisie et contredit l’esprit qui a prévalu lors de la conférence de Rome en juillet dernier, qui était une initiative tuniso-italienne », a-t-il poursuivi.
Le 16 juillet dernier, la Tunisie et l’Union européenne ont signé un protocole d’accord sur un « partenariat stratégique global » entre les deux parties dans plusieurs domaines, notamment la promotion du commerce et la lutte contre la migration irrégulière, et dont la valeur dépasse les 750 millions d’euros.
Le 22 septembre, la Commission européenne a annoncé qu’elle commencerait à débourser »dans les prochains jours » les fonds prévus dans le cadre de l’accord conclu en juillet avec la Tunisie avec pour objectif de faire baisser les arrivées de migrants depuis les côtes tunisiennes, a rapporté la presse étrangère.
Selon la porte-parole de la Commission européenne, Ana Pisonero, la Commission a annoncé une aide budgétaire de 60 millions d’euros pour la Tunisie et un paquet d’assistance opérationnelle sur la migration d’environ 67 millions d’euros.
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« La Tunisie met tout en œuvre pour démanteler les réseaux criminels qui sont impliqués dans le trafic d’êtres humains et d’organes humains, sans compter que notre pays n’a jamais été la cause de cette misère que vivent la plupart des Africains », a souligné Saïed.
Le 26 septembre, le président tunisien Kaïs Saïed a chargé le ministère des Affaires étrangères de notifier sa décision, de reporter la visite prévue cette semaine d’une délégation de la Commission européenne en Tunisie, à une date ultérieure qui sera convenue entre les deux parties.
« Je suis fière de porter en moi la fierté du peuple algérien… »
Le refus de Kaïs Saïed ouvre une chasse aux lobbies tapies dans les arcanes du Parlement européen. A Bruxelles, ce n’est pas moins de 50 000 lobbystes qui s’activent dans la capitale européenne. Dans ce haut lieu où beaucoup de décision condamnant des politiques souveraines des Etats sont prises, l’activité n’est pas régulée et les contours restent flous, malgré les recommandations de Transparency Internationale.
Dans ce lot de lobbyste, des parlementaires s’ajoute comme la députée européenne Salima Yenbou, qui milite depuis plusieurs semaines pour convaincre l’UE de transférer la gestion de l’aide européenne refusée par Kaïs Saïed à l’opérateur privé français Proparco. La structure arbitrerait la distribution de cette enveloppe au profit de sociétés tunisiennes innovantes, selon Afrique Intelligence.
D’origine algérienne la députée du groupe Renew Europe, Salima Yenbou se dit « fière de représenter la France au Parlement européen. « Je suis fière de porter en moi la fierté du peuple algérien… », clame haut la députée française. Le bémol c’est comment agir pour les intérêts de son pays d’accueil et clamer haut et fort sa fierté pour un Etat d’habitude hostile aux décision et intérêts européens voire de la France. La seule réponse étant donc le métier de lobbyste paie à tous les niveaux.
Sur la question du financement européen rejeté par Kaïs Saïed, Salima Yenbou dévoile le business et travaillerait d’arrache-pied depuis plusieurs semaines pour convaincre l’UE de transférer la gestion de l’aide européenne refusée par Kaïs Saïed à l’opérateur privé français Proparco. Tantôt pour les intérêts français, tantôt pour les intérêts algériens s’il s’agit de prendre un « résolution » contre le Maroc.
Cette pratique de lobby à double sens trahit toute décision du parlement européen sur des avis concertant d’autres pays ou entreprises étrangères hors de ses territoires.