La HACA a toujours lutté contre la misogynie et la violence contre la femme dans les contenus médiatiques audiovisuels
Depuis la sortie grossière et choquante de Khalid Fathi, gynécologue de son état, sur le plateau de Télé Maroc, et dont les propos misogynes ont suscité l’ire de la toile, plusieurs internautes à exhorter la HACA (Haute autorité de la communication audiovisuelle) à intervenir.
Or une source au sein de l’institution nous explique qu’elle ne peut rien faire malheureusement car la télé satellitaire émet depuis l’Espagne et échappe donc à l’autorité et à la régulation de la HACA qui a pour mission de réguler le paysage audiovisuel marocain, public et privé.
De ce fait, il est judicieux de rappeler qu’en tant qu’instance constitutionnelle indépendante en charge de la régulation audiovisuelle, la Haute Autorité de la Communication Audiovisuelle (HACA) veille au respect par les opérateurs des obligations légales et réglementaires contenues dans les Cahiers des charges dont notamment celles relatives au respect de la dignité humaine, à la promotion de la parité et de l’équité de genre, à la lutte contre les stéréotypes, à la lutte contre le discours de haine.
En effet, la HACA est très engagée sur ces thématiques car elles font partie des principes constitutionnels, des exigences démocratiques et des valeurs des droits humains qui fondent son mandat en tant que régulateur indépendant.
Rappelons que la loi 11-15, promulguée en 2016, et portant réorganisation de la HACA, a même élargi les prérogatives de l’instance dans le sens d’un plus grand engagement en matière de promotion des principes de l’équité. L’article 3 de cette loi dispose que le régulateur contribue à la promotion de la culture de l’égalité et de la parité entre les femmes et les hommes, ainsi que la lutte contre la discrimination et les stéréotypes qui portent atteinte à la dignité des femmes.
Dans ce sens, la même source nous confie que « partant de ce rôle, et conformément aux dispositions de la Constitution de 2012 relatives à l’égalité hommes/femmes, la HACA a procédé à une mise à jour des Cahiers des charges des opérateurs privés, dont l’article 11 dispose que l’opérateur s’engage à :
- Promouvoir la culture de l’égalité des sexes et lutter contre la discrimination en raison du sexe, y compris les stéréotypes qui dégradent la dignité ou l’image de la femme ;
- Ne pas inciter directement ou indirectement à la violence, l’exploitation ou le harcèlement envers les femmes ;
- Veiller au respect de la parité dans la participation dans les émissions à caractère politique, économique, social, culturel ou autre ».
Un engagement infaillible
Force est de constater que la HACA est très engagée aussi en matière de lutte contre la violence contre les femmes dans les contenus médiatiques audiovisuels et maintient une veille sur l’évolution du traitement médiatique des stéréotypes et des violences contre les femmes.
D’ailleurs, depuis la création de cette institution, le Conseil Supérieur de la Communication Audiovisuelle a pris des dizaines de décisions à l’égard des opérateurs n’ayant pas respecté les dispositions légales et réglementaires relatives à l’obligation de respect de la dignité de la femme, et à la lutte contre l’incitation à la violence à son encontre.
« Ces décisions sont prises en réponse aux plaintes des associations de société civile ou de citoyens à titre individuel mais elles interviennent aussi très souvent, suite à des auto-saisines introduites par le CSCA, très vigilant sur cette question. » nous explique notre source.
Quelques exemples récents d’intervention de la HACA
En matière de lutte contre le discours de haine et la stigmatisation de la femme dans les contenus médiatiques audiovisuels diffusés par les opérateurs de radio et de télévision marocains, publics et privés, plusieurs décisions ont été prises par la HACA :
En septembre 2019, la HACA a suspendu, pendant 3 semaines, la diffusion d’un talkshow sur une chaîne satellitaire privée marocaine suite à la non-maîtrise d’antenne d’un animateur en réaction à des propos ouvertement misogynes et sexistes de l’invité de l’émission.
Elle a également suspendu, en juillet 2019, pendant 2 semaines, la diffusion d’une émission sportive d’une radio privée en considérant que l’animateur, en réaction à l’avis exprimé par une auditrice, a tenu des propos sexistes en faveur de l’exclusion de la femme et de la négation de son droit à s’intéresser au fait sportif national, et a soutenu que son rôle devait être limité aux tâches de la cuisine.
La même année, la HACA a adressé un avertissement à une radio privée, en réponse aux propos misogynes tenus au cours d’un talkshow par un invité de l’émission qui a établi un rapprochement entre la femme dans le cadre de l’institution du mariage et la « vache» dont le rôle résiderait dans la fourniture du « lait ». Le CSCA a considéré que ces propos revenaient à réduire la femme à un objet sexuel.
En mars 2018, elle a suspendu la diffusion d’une émission radiophonique religieuse, pendant 2 semaines, suite aux propos attentatoires à la dignité de la femme, tenus par l’invité régulier du programme qui a affirmé que «La majorité des femmes exposées au cancer sont celles qui se prostituent ou qui commettent l’infidélité conjugale».
En 2017, la HACA a adressé un avertissement à une chaîne de télévision publique, en considérant que lors d’une émission matinale, la présentation d’une esthéticienne, procédant au maquillage du visage ecchymosé d’une femme violentée, était susceptible de favoriser la normalisation sociale de la violence à l’égard de la femme.