La loi sur la grève : « Un coup porté à la classe ouvrière » ?
Ce dimanche, les rues de Rabat ont été le théâtre d’une importante manifestation orchestrée par des syndicats et des travailleurs de divers secteurs. Le point de discorde : le projet de loi 15-97, perçu comme une menace directe au droit de grève et aux libertés syndicales. Sous la bannière de la Confédération démocratique du travail (CDT), des milliers de manifestants ont convergé vers le Parlement pour faire entendre leur voix.
La mobilisation a pris son envol à Bab El Had, avec une foule dense et déterminée à exprimer son refus de ce qu’elle qualifie de « coup porté à la classe ouvrière ». Aux côtés de la CDT, des organisations comme le Syndicat national des assistants d’éducation (SNAP) et le Syndicat national de la santé ont manifesté leur solidarité. Les rues de la capitale ont été envahies par un déluge de chapeaux colorés – bleus, jaunes et violets – symbolisant l’unité des travailleurs dans leur lutte.
Le cortège, qui a progressé jusqu’aux abords du Parlement, était encadré par un imposant dispositif policier. Des forces anti-émeutes et des véhicules blindés étaient postés tout au long du parcours, reflétant une tension palpable. Pourtant, la manifestation est restée pacifique, rythmée par des slogans revendicatifs et des chants portés par le son des tambours.
Au cœur des doléances des manifestants, la crainte que le projet de loi 15-97 ne limite drastiquement la capacité des travailleurs à exercer leur droit de grève. Les manifestants déclarent exprimer leur ferme opposition à une « loi imposée unilatéralement, sans aucune consultation sociale ou publique ».
Les syndicats dénoncent également l’absence d’initiatives du gouvernement face à la flambée du coût de la vie et à la baisse du pouvoir d’achat des travailleurs. Les revendications vont au-delà du rejet de la loi sur la grève. Les manifestants exigent des réformes structurelles, notamment l’unification des régimes d’assurance maladie et de retraite sous la CNOPS et la CNSS, ainsi que la prise en compte des années de service avant titularisation dans le calcul de l’ancienneté.
Malgré les frustrations et la tension ambiante, l’ambiance sur place était marquée par une unité et une résilience à toute épreuve. De nombreux manifestants ont également mis en lumière les inégalités croissantes et le manque de protection sociale dont souffrent les travailleurs marocains.
Cependant, les manifestants promettent de maintenir la pression tant que leurs revendications ne seront pas satisfaites, prévoyant d’autres actions similaires dans les semaines à venir.
La prochaine étape sera bien scrutée : les autorités céderont-elles aux revendications ou s’exposeront-elles à un bras de fer social prolongé ? Une chose est certaine, la voix des travailleurs ne faiblira pas.