La menace terroriste en Europe reste élevée
La menace terroriste en Europe reste élevée malgré les efforts consentis, a fait savoir Gilles de Kerchove, coordinateur de l’Union européenne pour la lutte contre le terrorisme. «Douze attaques en 2020, c’est plus qu’en 2019. Le califat s’est effondré, il n’a plus la capacité de projeter des attaques terroristes. Mais Daech n’a pas disparu, il a des franchises en Afrique», a expliqué le haut responsable européen dans une interview au quotidien belge «l’Echo» publiée lundi.
Il a affirmé que les attentats les plus récents à Paris, Nice et Vienne ont été perpétrés par des locaux, notant que «la menace qui préoccupe les services de renseignement, ce sont les individus isolés, des terroristes au profil low tech. Ils sont dans un écosystème salafiste, mais passent à l’action seuls et avec des moyens rudimentaires, un couteau de cuisine ou une bombe artisanale».
Pour les détecter, a-t-il indiqué, les autorités travaillent sur l’identification des sujets en cours de radicalisation. Le risque, c’est quand ils basculent, qu’ils achètent sur internet du matériel pour fabriquer une bombe».
Il a rappelé qu’en trois ans, la France a réussi à déjouer 35 attentats, dont cinq fomentés par l’extrême droite. Mais la prévention est complexe.
Ces cinq dernières années, 60% des auteurs d’attentats sur le sol français n’étaient pas fichés et 80% des attaques n’étaient pas dans le collimateur des services de renseignement, a-t-il expliqué.
«Nous sommes face à un terrorisme imprévisible et diffus. Les gens se copient, ils reproduisent des schémas imposés par la propagande de groupes éloignés, comme Daech ou Al-Qaïda», a-t-il dit.
Ces djihadistes, relève-t-il, sont actifs sur internet et les réseaux sociaux, où fourmille la propagande. «Contrairement à ce que dit la légende, ils évitent le dark web, ils savent qu’il est infiltré par le contre-terrorisme», ajoute Gilles de Kerchove.
L’autre menace, prévient-il, vient des camps de déplacés et de djihadistes en Syrie, sur lesquels les forces kurdes ont de moins en moins le contrôle.
Le responsable européen relève qu’à côté du terrorisme lié à l’islamisme radical, l’Europe assiste aussi à une montée de violence des groupes d’extrême droite.
A ses yeux, «la montée du terrorisme d’extrême droite, comme celle des suprémacistes, est plus préoccupante que Daech».
«Ici, on est dans 50 nuances de brun, des groupes variés, des skinheads, des religieux. Ce qui les réunit, c’est l’adhésion à la théorie du grand remplacement. Ils sont très actifs sur internet. On commence à travailler sur eux en reprenant les outils utilisés contre Al-Qaïda», a ajouté le responsable européen.
Avec MAP