La participation des femmes à la vie économique au Maghreb favorisera davantage la croissance
La participation des femmes à la vie économique au Maghreb favorisera davantage la croissance et le développement dans divers domaines socio-économiques, soulignent vendredi à Casablanca les participants à une rencontre régionale.
Initiée par la Confédération Générale des Entreprises du Maroc (CGEM) et la Société financière internationale (IFC), institution sœur de la Banque mondiale au sein du Groupe du même nom, sous le thème « favoriser la croissance grâce à la participation des femmes à la vie économique au Maghreb » cette rencontre a permis aux participants de débattre sur la façon dont les lois impactent les décisions des femmes souhaitant créer et gérer des entreprises ou accéder au marché du travail en Algérie, au Maroc et en Tunisie.
Les participants ont particulièrement évoqué les moyens par lesquels les banques pourraient s’adresser aux femmes afin de mieux répondre à leurs besoins et améliorer leur accès au crédit.
Ainsi, la ministre tunisienne de la femme, de l’enfance et des personnes âgées, Mme Naziha Al Abdi, a souligné dans une allocution, lue en son nom par l’ambassadeur de son pays au Maroc, a mis en relief le rôle joué par la femme, dans différentes époques de l’histoire, en matière de développement économique, rappelant les législations et les stratégies mises en place par la Tunisie pour renforcer ce rôle de la femme et garantir ses droits.
La Tunisie a œuvrer depuis le recouvrement de l’indépendance à lutter contre la discrimination envers les femmes et à consolider leur présence et leur nombre dans les postes de prise de décisions, a-t-elle ajouté, rappelant les différentes mesures adoptées pour renforcer les capacités des femmes rurales et en milieu urbain afin de les inciter et les encourager à s’impliquer dans la vie économique en vue de booster la croissance du pays.
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Pour sa part, la présidente de la commission de financement des entreprises au sein de la CGEM, Leila Channawi, a indiqué que le Maroc est engagé depuis des années dans un processus de réformes dans divers secteurs visant notamment la promotion des droits de la femme et la consécration de l’égalité de genre.
Elle a rappelé, dans ce sens, les dispositions contenues dans la constitution de 2011 et la Moudawana ainsi que dans d’autres textes et lois qui visent à renforcer la présence de la femme dans la vie économique.
Selon Mme Channawi, la CGEM œuvre inlassablement pour encourager les femmes à créer leurs propres entreprises, rappelant l’importance que revêt l’auto-emploi pour elles afin de réaliser leur indépendance économique.
‘’ Il ne peut y avoir de croissance économique sans autonomisation des femmes’’, a indiqué Mme Channawi, estimant que ’’les politiques en faveur d’une meilleure intégration des femmes dans l’économie contribuent à l’amélioration de la croissance des pays’’
De son côté, l’ambassadeur suisse au Maroc, Massimo Baggi, a relevé que la participation de la femme à la vie économique est devenu ‘’une nécessité fondamentale’’ pour booster la croissance nationale.
Il a noté, à cet égard, que quelques pays seulement ont réussi, à l’échelle mondiale, de trouver des solutions au problème du manque d’une implication effective de la femme dans la vie économique, observant que le secteur privé est en mesure d’offrir de nombreuses opportunités d’emploi pour les femmes notamment dans les pays maghrébins.
Le directeur du Bureau IFC au Maghreb, Xavier Reille, a, quant à lui, estimé que ‘’le nombre modeste ‘’ des femmes présentes dans divers secteurs de la vie économique de par le monde est ‘’une perte’’ pour l’économie, la société et le développement.
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‘’Répondre aux besoins croissants des femmes en matière de services financiers n’est pas seulement un impératif moral, mais c’est aussi une logique commerciale, car cette démarche permet aux banques de cibler une clientèle délaissée mais rentable’’ a-t-il fait remarquer. ‘’Encourager les femmes entrepreneurs aidera à stimuler la croissance économique dans la région’’, a-t-il ajouté.
Cette conférence a été marquée par la présentation du nouveau rapport du Groupe de la Banque Mondiale portant sur la thématique « les femmes, l’entreprise et le droit » dans lequel les experts mettent l’accent sur les obstacles empêchant les femmes de contribuer pleinement à la croissance et à la prospérité économique du Maghreb.
En effet, relève-t-on, malgré un fort taux d’alphabétisation des femmes (72%), la région MENA enregistre de loin le taux de participation féminine le plus bas (16%) et de femmes associées dans une entreprise (23%), tandis que le reste du monde enregistre respectivement 33% et 35%.
L’amélioration des systèmes d’éducation et de formation n’a malheureusement pas généré d’opportunités économiques pour les femmes, ajoute-t-on, notant que cette région a connu, au cours de ces cinq dernières décennies, ‘’le moins de réformes juridiques concernant l’égalité des sexes’’.
Les discussions au cours de cette rencontre ont permis d’établir des recommandations de solutions, d’actions politiques et de réformes à même de favoriser la participation des femmes à la vie économique au Maghreb.
Cette conférence a reçu le soutien du Secrétariat d’État à l’économie suisse (SECO) et s’inscrit dans le cadre d’un effort plus large d’IFC qui vise à favoriser une meilleure intégration des femmes à la vie économique pour stimuler la croissance dans les pays émergents.
Elle a connu la participation de plusieurs personnalités de renommée internationale issues de la région, des diplomates, des juristes et des avocats ainsi que des représentants d’institutions financières et du secteur privé.