La prévention du cancer de la vessie passe par la prévention du tabagisme
La prévention du cancer de la vessie passe par la prévention du tabagisme, a souligné, vendredi à Casablanca, le professeur David Khayat, ancien chef de service de cancérologie à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris.
Dans une déclaration à la MAP en marge du congrès annuel de l’Association Marocaine d’Endo-Urologie (AMEU) baptisé « 3rd North African Congress of Urology (NACU) & 10th International Meeting on New Debate Congress in Urology », Pr Khayat a expliqué que le tabagisme constitue le principal facteur de risque du cancer de la vessie.
De son avis d’expert, les fumeurs actuels ont quatre fois plus de risque de contracter un cancer de la vessie que les non-fumeurs, alors que les anciens fumeurs ont deux fois plus de risques d’avoir un cancer de la vessie qu’une personne qui n’a jamais fumé.
Il a dans ce sens, relevé que le développement d’un cancer est lié à l’exposition aux carcinogènes, notant que la meilleure manière de prévenir la contraction d’un cancer est d’arrêter de fumer.
Pr. Khayat a, en outre, évoqué les échecs des politiques de santé publique depuis 20 ans dans l’ensemble des pays, ajoutant que, depuis plus de 15 ans, le Maroc compte 24% de fumeurs, dont 49% chez les hommes (soit 1 homme fumeur sur 2).
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« Malgré toutes les mesures qui ont été prises, les choses ne s’arrangent pas, d’où la nécessité d’essayer de trouver d’autres solutions que le fait de travailler sur les prix et le paquet« , a fait remarquer l’ancien président de l’Institut national du cancer.
Pour ce qui est des alternatives de la cigarette pour les fumeurs dépendants, M. Khayat a noté que les innovations sont parvenues à apporter des solutions qui ont révolutionné la lutte contre le tabagisme, à savoir la cigarette électronique, le snus et le tabac chauffé.
Selon le spécialiste, ces produits alternatifs sont un outil incontournable pour éviter la combustion du tabac qui procure de la nicotine au fumeur sans l’exposer à un risque de cancer.
Il a, à cet égard, évoqué une étude de santé publique France qui a fait état de plus de 700.000 personnes ayant arrêté de fumer dans l’Hexagone grâce à des produits tels que la cigarette électronique et le tabac chauffé.
Quant à lui, le snus est un petit dispositif contenant du tabac qu’on met sous la lèvre et qui n’est commercialisé qu’en Scandinavie, a fait savoir Dr. Khayat, notant que ce pays scandinave ne compte que 5% de fumeurs et 5% de cancers de poumons grâce à cet outil.
S’agissant du tabac chauffé, l’expert a expliqué qu’il consiste à chauffer les feuilles de tabac à moins de 300 degrés, ajoutant qu’à cette température là il n’y a pas de fumée noire et pratiquement pas de produits cancérigènes.
Tout en soulignant que ces solutions demeurent des comportements malsains, Pr. Khayat a expliqué qu’elles diminuent le risque de conséquences du fait de fumer puisqu’elles apportent moins de substances cancérigènes à l’individu et participent à la réduction des risques qui constituent une nouvelle philosophie de lutte contre les fléaux qui touchent la santé publique dans le monde.
De son côté, Pr. Redouane Rabii, Chef de service d’urologie à l’hôpital Cheikh Khalifa et président de l’association marocaine d’endo-urologie (AMEU) a souligné que la meilleure prévention du cancer de la vessie est d’éviter de fumer.
Il a également expliqué que le cancer de la vessie pose des problèmes thérapeutiques même à un stade précoce, notant qu’il peut évoluer vers un cancer agressif.
Pour les personnes addicts à la cigarette, l’innovation a apporté des solutions telles que la cigarette électronique et le tabac chauffé qui empêchent la libération de substances toxiques dans la vessie, a-t-il indiqué.
« Plusieurs pays tels que l’Angleterre ont adopté ces méthodes qui se sont avérées efficaces dans la lutte contre le tabagisme et la réduction du risque de cancer« , a-t-il argué.
Dr. Rabii a, par ailleurs, relevé qu’il a été prouvé par les laboratoires que 99% des produits toxiques ne sont plus éliminés après 6 semaines suivant l’arrêt de la cigarette.
Regroupant différents spécialistes « urologues, sexologues, oncologues, gynécologues, radiologues et généralistes« , cet événement scientifique, axé autour de sujets d’actualité en urologie, aborde des thématiques portant sur « le cancer du rein« , « la tumeur de la vessie », « la tumeur testiculaire », « la lithiase urinaire », « l’urogynécologie », « la sexologie« , entre autres.
Le congrès de l’AMEU qui a clôturé ses travaux samedi constitue un lieu de rencontre scientifique entre médecins marocains et étrangers, ayant pour but essentiel le développement de l’urologie au Maroc.
(Avec MAP)