La résilience économique face au contraste climatique
En dépit des aléas climatiques qui ont marqué le secteur agricole, l’économie du pays a enregistré une croissance de 2,9% au premier trimestre de 2024. Cette performance est principalement attribuable à la vigueur des secteurs non agricoles, qui ont vu leur valeur ajoutée augmenter de 4%, selon les données récentes publiées par le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Le secteur agricole a connu une contraction de 3,9% par rapport à l’année précédente, une baisse significative par rapport à la hausse de 6,9% enregistrée l’année précédente. Le HCP attribue cette situation à des conditions météorologiques défavorables qui ont entravé la culture des semences d’automne et d’hiver. Les surfaces cultivées en céréales ont diminué de 42,5% par rapport à la moyenne quinquennale, se concentrant principalement dans les régions favorables de Saïss, Loukkous et une partie de Gharb.
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Les températures excessivement élevées de mi-janvier et le déficit de précipitations, qui atteignait 46,2% fin février, ont nui au développement de la plupart des cultures. Toutefois, le retour des pluies en mars a réduit le déficit de précipitations à 20,6% depuis le début de l’année agricole, ce qui a eu un impact positif sur les récoltes de fruits et légumes, bien que cela n’ait pas compensé les pertes des cultures précoces.
Les importations de viande rouge : une solution incontournable
La production animale a également été affectée par la dégradation de la végétation et le déficit persistant de précipitations. Les efforts de reconstitution du cheptel, après une baisse marquée au cours des trois dernières années, ont été entravés. La relance de l’élevage local de viande rouge a été retardée, et l’approvisionnement du marché local a continué à dépendre principalement des importations de bovins et d’ovins. En revanche, les perspectives de croissance pour la viande blanche se sont relativement améliorées grâce à la baisse des prix des aliments composés, le prix international du maïs ayant chuté de 35,5% au premier trimestre 2024.
La production de poulet de chair a augmenté de 2,5% au premier trimestre 2024, contre une hausse de 2,4% à la même période l’année précédente.
Le secteur secondaire a connu une croissance de sa valeur ajoutée de 6,3% au premier trimestre 2024, principalement grâce à l’essor technique du secteur minier. La valeur ajoutée du secteur minier a augmenté de 11,2% en glissement annuel, après une baisse de 11,8% l’année précédente. Cette dynamique a été soutenue par une hausse de la production de phosphate de 28,3%, stimulée par la demande accrue de l’industrie locale de transformation.
Des stocks de fertilisants bas dans les pays nord-américains et une forte demande en provenance du Brésil ont revitalisé le commerce international des fertilisants, entraînant une augmentation de 54,7% des livraisons de phosphate brut au niveau national au premier trimestre 2024.
La croissance de l’industrie manufacturière a été de 6,8% au premier trimestre 2024, une hausse partiellement attribuable à un effet de base mécanique, mais principalement portée par l’industrie chimique, la construction automobile, ainsi que l’industrie du caoutchouc et des plastiques.
Le secteur de la construction reprend de la vitesse
Le secteur de la construction a également connu une croissance plus soutenue de 3,7% au premier trimestre 2024, après une contraction de 3,4% à la même période l’année précédente. Cette croissance a été principalement stimulée par la construction publique, notamment les programmes préparatoires pour l’UEFA CAN 2025 et la Coupe du Monde de Football 2030, ainsi que par les initiatives de reconstruction et de réhabilitation dans les zones touchées par le tremblement de terre à Al Haouz, et soutenue par une augmentation de la consommation de matériaux de construction, avec une hausse des ventes de ciment de 7,5%.
Dans le secteur tertiaire, après une forte reprise au cours des trois dernières années, l’activité a retrouvé un rythme de croissance modéré similaire à celui d’avant 2020. Les services aux entreprises ont continué à gagner en dynamisme grâce à la reprise de l’industrie, tandis que les services aux particuliers et les activités commerciales n’ont connu qu’une croissance modérée. La valeur ajoutée des services a augmenté de 3,1% au premier trimestre 2024, contre une hausse de 5,4% un an auparavant.