La sécurité alimentaire, tributaire de politiques agricoles et alimentaires performantes et efficaces
La sécurité alimentaire, comme objectif de développement durable, reste tributaire de politiques agricoles et alimentaires performantes et efficaces, a indiqué, jeudi à Meknès, le président du Conseil économique, social et environnemental (CESE), Ahmed Reda Chami.
Sur le plan des politiques alimentaires, il s’agit de mettre en place des industries de transformation agro-alimentaires avec des chaines de valeur performantes et de renforcer les circuits de commercialisation, et ce afin de promouvoir les quatre dimensions de la sécurité alimentaire, notamment la disponibilité et l’accessibilité, a souligné M.Chami, qui s’exprimait lors de la troisième réunion ministérielle de l’Initiative « AAA », sous la thématique « La transformation de l’agriculture africaine pour s’adapter au changement climatique », organisée en marge du Salon International de l’Agriculture au Maroc (SIAM). Dans ce sens, M.Chami a rappelé que le Maroc a adopté un ensemble de politiques dans l’objectif de renforcer la production, la transformation et la commercialisation des produits agricoles et alimentaires.
Il a, ainsi, mis en avant le Plan Maroc Vert, la Stratégie Génération Green 2020-2030, la Stratégie Halieutis, la Stratégie énergétique de 2009 et celle de l’eau, notant que ces stratégies ont certes permis au pays de développer ces secteurs de manière considérable, mais des défis restent encore à relever.
Il s’agit, poursuit M.Chami, de l’adaptation aux changements climatiques, l’utilisation efficiente de l’eau, la capacité de transcender les frontières dans l’optique d’intégrer les chaines de valeur régionales et de diversifier les marchés d’exportation, ainsi que de la transformation et la commercialisation des produits alimentaires. Ces défis ne concernent pas uniquement le cas du Maroc, mais la majorité des pays africains, d’où l’importance de développer une vision concertée avec des objectifs et des cibles communs en matière de sécurité et de souveraineté alimentaires, a précisé M.Chami.
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Pour asseoir cette vision, le Président du CESE a appelé à renforcer le processus d’intégration régionale en Afrique via un effort permanent en matière d’harmonisation des politiques et des réglementations agricoles, commerciales et industrielles et la mise en place des cadres d’intégrations dynamiques et viables. Il serait également opportun, selon M.Chami, de développer des chaines de valeur régionales dans le domaine agro-alimentaire pour assurer la complémentarité et l’échange des avantages comparatifs entre les pays africains, en plus d’améliorer la résilience africaine face au changement climatique, en créant de nouvelles variétés capables de résister aux conditions climatiques changeantes.
M.Chami a, en outre, appelé à mobiliser les financements nécessaires en incitant notamment les gouvernements à prendre en compte la composante adaptation dans leurs budgets, et mieux organiser les circuits de commercialisation des produits agricoles et limiter la spéculation des intermédiaires, en plus de protéger, réhabiliter et valoriser les écosystèmes forestiers et leurs services vu leurs rôles en matière de régulation du cycle d’eau, de séquestration du carbone, d’alimentation humaine et animale et de lutte contre la vulnérabilité sociale. Pour sa part, la Commissaire pour l’économie rurale et l’agriculture de l’Union africaine, Josefa Leonel Correia Sacko a indiqué que les problèmes de la sécurité alimentaire et la malnutrition persistent toujours en Afrique, d’où la nécessité d’œuvrer conjointement pour améliorer la résilience alimentaire du continent.
Elle a également évoqué le stress hydrique, comme fléau qui pèse lourd aujourd’hui sur tous les pays de l’Afrique, se félicitant à cet égard de la stratégie du Royaume pour faire face à cette problématique. Mme Sacko a, en outre, relevé que l’eau est d’une priorité cruciale pour l’écosystème agricole, appelant à opter pour des solutions innovantes et durables, qui renforcent la résilience des ressources naturelles.
Pour l’initiative « AAA », elle a affirmé qu’elle est totalement en phase avec les engagements des Chefs d’État Africains dans le cadre du programme détaillé pour le développement de l’agriculture en Afrique (CAADP), et qui ont été réaffirmés en 2014 dans la déclaration de Malabo sur « la croissance et la transformation accélérées de l’agriculture en Afrique pour une prospérité partagée et de meilleures conditions de vie ». De son côté, le Secrétaire général de l’initiative « AAA », Seyni Nafo a fait savoir que « AAA » se veut une initiative cohérente et pragmatique pour la mise en œuvre des actions d’adaptation de l’agriculture africaine. Elle vise à développer des systèmes de production agricoles durables, résilients et viables contribuant directement à la sécurité alimentaire et à de meilleures conditions de vie, notamment à travers l’amélioration des capacités productives et adaptatives des communautés des agriculteurs, a ajouté M.Nafo.
Concernant les acquis de l’initiative, il a précisé qu’elle a permis de soutenir à peu près 10 pays africains dans toutes les régions du continent, à travers le développement de leur plan d’investissement dans l’agriculture résiliente aux changements climatiques, d’un montant total de 2,4 milliards de dollars. Il a, en outre, fait part du développement potentiel d’une plateforme technologique (match making) pour faire le lien entre les projets au niveau des pays, les partenaires et les bailleurs de fonds, notant que la plateforme permettra à l’initiative de se développer, d’évoluer et d’innover en se basant sur une auto-évaluation réfléchie et une réflexion sur les leçons apprises. Organisée Sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, sous le thème « Génération Green : Pour une souveraineté alimentaire durable », la 15ème édition du SIAM se poursuit jusqu’au 7 mai courant.
Avec MAP