La soif guette le Maroc, la planète se réchauffe davantage
Les risques liés au réchauffement climatique s’intensifient de jour en jour. Rareté des précipitations pluviométriques, stress hydrique, multiplication des canicules…. Tous les signaux d’alertes sont en rouge. Une situation très inquiétante qui requiert une mobilisation urgente de toutes les parties prenantes.
Le Maroc a ainsi intérêt à accélérer l’application de ses plans d’action pour limiter les risques économiques et sociaux qui s’annoncent catastrophiques.
Le royaume subit de plein fouet le réchauffement climatique et ses conséquences commencent déjà à se faire sentir dans plusieurs villes du royaume.
L’image sinistre de terres sèches, assoiffées, sans nuances de couleurs ni signe de vie en témoigne clairement.
S’il y’a quelques années, la sécheresse, de plus en plus récurrente dans le pays, se ressentait loin des zones urbaines, aujourd’hui, elle les menace bien plus que les régions rurales.
Le dernier rapport publié par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) révèle une réalité des plus redoutables. L’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, s’avère de plus en plus incertain par rapport à l’ère préindustrielle.
Pire encore, si cette tendance se maintient, les répercussions humaines et économiques seraient dévastatrices.
Selon les données de Bank Al-Maghrib (BAM), publiées dans son rapport annuel 2021, remis fin juillet au Souverain, le Maroc a enregistré entre 1970 et 2020, une hausse tendancielle des températures de 0,21 °C en moyenne par décennie. Les précipitations pluviométriques ont, par ailleurs, connu une baisse notable de 4,2% par décennie.
La BAM souligne également que le déficit hydrique du pays s’aggrave de manière préoccupante, accentué par la croissance démographique et les besoins des secteurs économiques notamment l’agriculture qui engloutit, à elle seule, près de 88% de la consommation nationale en eau.
Pour faire face à ces changements climatiques, des mesures et des politiques d’urgences s’imposent.
C’est dans cette optique, que le Maroc s’est inscrit dans une dynamique qui favorise le développement durable et vise à réduire les effets du réchauffement climatique.
Appel à la mobilisation
Le Maroc s’est engagé sur plusieurs fronts, particulièrement ceux de la préservation de l’écosystème et de la biodiversité.
En effet, de multiples actions ont été entreprises sur les plans régional et international et nombreuses sont les stratégistes climatiques mises en place par le royaume pour anticiper les risques, faciliter l’adaptation aux changements climatiques ainsi qu’atténuer de son impact.
Les stratégies « Forêts du Maroc 2020-2030 » et « Génération Green 2020-2030 », sont certaines parmi d’autres.
Leur objectif est d’inverser le processus de dégradation des terres, de réduire l’ampleur de la désertification et d’atténuer ses répercussions, à la faveur d’un développement humain et social.
Le député Mustapha Reddam a d’ailleurs souligné, au cours de l’Audition parlementaire 2022 aux Nations Unies tenue à New York, que « le Royaume cherche à réduire de 42% ses émissions de gaz à effet d’ici 2030. Comme il s’attend à couvrir 52% de ses besoins en électricité grâce à des sources d’énergie renouvelable » a-t-il indiqué.
Des politiques et des plans élaborés, mais insuffisants
Certes, diverses politiques d’adaptation et d’atténuation sont mises en place et de nombreux efforts sont déployés par le gouvernement. Mais ils se heurtent à des obstacles qui font que les progrès dans ce domaine restent très lents.
Selon Abderrahim Ksiri, le retard constaté lors de la mise en œuvre des plans d’action dont l’application des différents dispositifs reste inachevée, contribue davantage à la dégradation de la situation.
« Le Maroc a mis en place un plan d’adaptation au réchauffement climatique, mais il n’est pas encore intégré dans toutes les politiques » a-t-il déploré.
En effet, pour qu’une stratégie soit efficace et puisse avoir des effets positifs, elle doit absolument respecter les délais définis pour son déploiement et s’appliquer à tous les secteurs concernés et touchés par ce phénomène.
De son côté, l’experte Fatima Driouch estime que la lutte contre le réchauffement climatique nécessite de travailler sur deux plans à savoir les causes et les conséquences. En d’autres termes, les efforts devront se centrer sur l’atténuation des gaz à effet de serre à l’échelle globale et l’adaptation. Sans ces deux combinés, les actions entreprises ne puissent jamais atteindre leurs objectifs escomptés.
Sans oublier que la situation d’aujourd’hui, n’est autre que le fruit des comportements et des attitudes que nous entretenons avec l’environnement. Les citoyens doivent également se mobiliser et adapter des comportements rationnels susceptibles de protéger l’écosystème et l’espèce humaine.