La ville de Tanger reconfinée ou déconfinée ?
Le durcissement des conditions de confinement de l’ensemble de la ville du détroit a provoqué l’ire de ses habitants, qui sont sortis manifester, le lundi 13 juillet, dans plusieurs quartiers. Un coup dur pour les commerçants de la ville, qui a été exclue de la deuxième phase de déconfinement, en étant placée en «zone 2». Quelques heures après, les autorités décident de procéder plutôt à un reconfinement par quartier.
Plusieurs vidéos transmises en direct sur la toile, hier, montrent la grogne des habitants de Tanger, qui semblent mécontents de la décision des autorités locales de reconfiner la ville.
A Beni Mekada, des centaines de jeunes et de commerçants ont bloqué les artères de la zone pour exprimer leur colère quant à la condition de la fermeture de leurs boutiques à 20H, appelant à la fermeture des usines, qui seraient la première cause des clusters à Tanger. Touchés de plein fouet par cette crise, les commerçants craignent une aggravation de leur situation économique, largement fragilisée par le confinement prolongé.
Cette indécision dans la gestion de cette crise au niveau du détroit sème la confusion auprès de ses habitants, qui seraient nerveusement épuisés de cette situation. A cet effet, les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux. Un habitant de la ville a écrit sur Facebook, « ma grand-mère n’est pas sortie de chez elle depuis le début du confinement et pourtant elle a attrapé le covid-19, puisque son fils qui travaille à Renault lui rendait souvent visite. Donc, à quoi bon reconfiner les habitants et laisser les unités industrielles opérationnelles ? », s’interroge ce dernier.
Imad, un internaute de Tanger publie sur ses réseaux sociaux, « le problème c’est que nous n’avons pas assez de structures sanitaires, comme les autres grandes villes du Royaume, en plus d’un manque terrible des professionnels de Santé. Il faut penser à trouver des solutions efficientes au lieu de nous confiner ».
Wael, à son tour, exprime sa colère sur Twitter : « Tanger confiné ou pas ? Je n’arrive plus à suivre… hier, la situation était grave et il fallait tout fermer, et aujourd’hui, comme par hasard, on n’est plus confinés ? Sérieusement !! ».
Notons que les autorités locales se sont rétractées quelques heures après l’annonce de la décision portant sur le durcissement des conditions de confinement de l’ensemble de la ville.
Alors que le matin du jour-même, le ministère de l’Intérieur avait décidé de suspendre les services du transport public, routier et ferroviaire, de et vers la ville de Tanger et de renforcer le contrôle pour inciter les citoyennes et citoyens à rester chez eux et de ne quitter leurs domiciles qu’en cas de nécessité extrême, même le déplacement à l’intérieur de l’espace territorial de Tanger nécessite une autorisation exceptionnelle délivrée par les autorités locales.
Après ce rétropédalage des autorités locales, selon plusieurs médias locaux, il sera permis de reprendre l’activité économique à Tanger à l’exception du quartier populaire de Béni Mekada où commerces et cafés sont obligés de baisser le rideau à 20 heures au lieu de minuit pour le reste de la ville. Tandis que plusieurs quartiers resteront confinés, à savoir, El Mers Achennad, Tanja El Balya et El Aâouama.
Aucun communiqué officiel n’a été publié à cet effet, jusqu’au moment où nous mettions cet article en ligne. Toutefois, l’ONCF a annoncé ce matin que « les trains seront remis en circulation à partir du mercredi 15 juillet 2020. Cette reprise concerne les axes Tanger/Casablanca via les trains Al Boraq et Tanger/Fès via les trains Al Atlas ».
Par ailleurs, le Chef du gouvernement a assuré, hier, que l’évolution de la situation épidémiologique dans le Royaume est « généralement sous contrôle », mais il a exprimé « son profond regret » quant à l’apparition, dernièrement, de plusieurs foyers de contamination dans certaines villes, à l’instar de Tanger, qui connaît « une hausse considérable du nombre de cas enregistrés et des cas critiques nécessitant une réanimation, ainsi qu’une augmentation des cas de décès ».
Pour rappel, de nouveaux cas ont été recensés dans la région de Tanger-Tétouan Al Hoceima, qui enregistre le nombre de cas le plus élevé ces dernières 24 heures, soit 53, portant son bilan total à 3181.