La vision royale pour le développement authentique de l’Afrique
Pr. Bertin Léopold KOUAYEP
«L’éducation a pour mission générale la formation de l’apprenant en vue de son épanouissement intellectuel, physique, civique et moral et de son insertion harmonieuse dans la société, en prenant en compte les facteurs économiques, socioculturels, politiques et moraux ». Cette précision est celle qui, par nécessaire anticipation, a fécondé le choix prioritaire des gouvernants africains de la période indépendantiste, à investir dans la formation humaine. Cela, sans doute, parce que cette formation est l’arme la plus efficace pour triompher contre la misère et l’aliénation ; pour l’aspiration à la libération.
L’éducation, pivot de développement humain et économique
Libération de l’attachement servile à une fausse histoire de l’Afrique des vaincus, libération de la main tendue d’un éternel assisté indexant l’autre comme l’auteur de ses malheurs, libération face aux victimisations et vulnérabilités technoscientifiques. Libération, surtout, d’une prison auto-construite, à savoir, la permanente sous-estimation de nos ressources et compétences bien plus grandes et diversifiées, sa médiocre valorisation, son insuffisante consolidation.
L’éducation est donc au fondement de la vie économique, de la vie politique, de la vie sociale, culturelle, spirituelle, pour ainsi dire, morale, ou tout simplement, la pierre de touche de la vie entière. Une covalence indissociable existe dès lors, entre l’éducation et le bien-être durable d’un peuple, au point de ne constituer qu’une et une seule molécule vitale, comme le dihydrogène et l’oxygène constituent l’eau, substance vitale incontournable.
Le projet politique ou social constituant la grande vision de Sa Majesté le Roi Mohammed VI est davantage ancré dans le processus éducationnel, culturel, libérateur, panafricain. C’est ce processus qui autorise la compétition, partant de la création, de la (re)découverte, de la valorisation des richesses endogènes, tant matérielles que des valeurs. L’analyse des discours des présidents africains, principalement l’agenda 2063 et la feuille de route actuelle de l’Union africaine conforte ces observations.
La vision illuminée de Sa Majesté le Roi Mohammed VI
C’est une vision de symbiose culturelle, d’authenticité de l’Afrique libre et prospère, tout en restant ouverte aux autres, sans aliénation. Cette vision est celle de l’africanité, de l’identité territoriale africaine, de la franche ouverture à l’altérité, de la fière confiance en l’avenir partant de la mutualisation des efforts, de l’intérieur vers l’extérieur. Il s’agit d’une stratégie révolutionnaire, sans doute pas si nouvelle, mais osée et déterminée, opiniâtre et opportune pour un véritable leadership de l’Afrique dans le monde. C’est à juste titre qu’à l’occasion du 28e Sommet de l’Union Africaine à Addis-Abeba, Sa Majesté le Roi Mohammed VI, défenseur des causes de l’Afrique coeur-du-monde a affirmé que « l’Afrique doit être fière de ses ressources, de son patrimoine culturel, de ses valeurs spirituelles et l’avenir doit porter haut et fort cette fierté naturelle ».
Clamant vaillamment que « l’Afrique est Mon Continent et Ma maison », le 31 janvier 2017, toujours à ce Sommet, le Roi interpellait à la meilleure connaissance de l’Afrique, comme il l’eut dit exemplairement à Kigali, le 16 juillet 2016 : « Je connais l’Afrique et ses cultures mieux que peuvent le prétendre beaucoup d’autres. De par Mes multiples visites, Je connais aussi la réalité du terrain ».
Il ne s’agit pas au final, d’une vision creuse, parolière, utopique, mais d’une vision dont les preuves concrètes de la réalisation ou de la mise en pratique effective sont innombrables et non inondables, dont le dénombrement est inévaluable, sur tous les plans.
Durant une demi-décennie d’intenses activités de collaboration à la recherche, à l’enseignement et à la vie consultative et associative, nous avons occuremment témoigné – ce qui nous a valu le titre d’« ambassadeur honoraire » – de profondes transformations socioculturelles, n’en parlons pas économiques, qui ont cours au Maroc, et qui se partagent avec les autres pays de l’Afrique subsaharienne (Cameroun, Côte d’Ivoire, Gabon, Mali, Sénégal etc.). Avec une jeunesse nombreuse, intelligente, dynamique et énergique, Sa Majesté veut construire une Afrique prête, carrefour culturel, artistique et touristique du monde.
Des engagements à la décentralisation dont les coopérations donnent lieu à des jumelages municipaux, aux cités urbaines vertes et vivables, le Roi Mohammed VI, depuis plusieurs années, a fait élargir la collaboration inter-universitaire africaine, publique comme privée et l’octroi des bourses aux étudiants africains, pour la scolarisation au Maroc. L’exemple le plus illustratif et maîtrisé, parmi tant d’autres, est la convention de partenariat entre l’École Nationale de Commerce et de Gestion (ENCG de la prestigieuse Université Cadi Ayyad de Marrakech) et l’Ecole Supérieure de Commerce et de Gestion de Yaoundé (Institut privé sous tutelle de l’ISTEC de Paris).En dehors des bourses, des échanges d’étudiants et d’enseignants que produit déjà cette collaboration, 50 autres bourses royales sont accordées aux jeunes étudiants camerounais, en cette année et l’année prochaine, dans les domaines suivants : Commerce et Gestion, Architecture, Arts et métiers, Agronomie, Médecine générale, Médecine dentaire, Pharmacie, Mathématiques-informatique, Sciences de la vie, Biologie, Chimie-Géologie, Sciences économiques et Tourisme.
Une vision royale porteuse des germes d’une Afrique épanouie
Durant mes séjours à Rabat, Marrakech, Safi, Casablanca, Tanger, j’ai bien pu constater d’incroyables investissements tant professionnels qu’académiques dans ces différents domaines dont un « ouf ! » ne suffirait pas à en rester ébahi, satisfait et envieux.
Tout compte fait, aux grands témoignages des compatriotes camerounais et africains que j’y ai rencontrés, étudiants ou professionnels, la vision et les actions royales marocaines prônent et portent les germes d’une Afrique authentique épanouie. Une Afrique ouverte sur le monde et au monde, une Afrique détentrice de la clé de son développement, reposant sur une économie solidaire au-dedans, compétitive au dehors et durable au global, parce que basée sur un socle culturel valorisant qu’est le vivre-ensemble non mesquin et la mise en valeur maximale de ses ressources.
Que perdure cette vision, qu’elle s’étende pour une appropriation collective, pour la prospérité du continent.