L’absentéisme au parlement : Un fléau qui mine l’efficacité législative

Le taux d’absentéisme au sein de la Chambre des représentants marocains a récemment franchi les 60 %, soulevant de vives préoccupations sur le bon fonctionnement de l’institution. Ce phénomène, qui touche tant la majorité que l’opposition, a des répercussions néfastes sur l’activité législative. Malgré des tentatives de réforme et des avertissements, certains députés persistent à s’absenter, certains n’ayant même pas été vus au parlement depuis son ouverture.

Le phénomène de l’absentéisme au parlement marocain a un impact significatif sur la fonction législative du parlement, affectant tant les députés de la majorité gouvernementale que ceux de l’opposition.

Le taux d’absentéisme au sein de la Chambre des représentants a franchi la barre des 60 %. Ce constat a été établi au cours de la troisième année du mandat législatif actuel, selon un rapport évaluant les résultats des initiatives législatives des groupes parlementaires, publié dans le cadre des efforts de la société civile visant à surveiller et à évaluer le fonctionnement du parlement marocain.

En effet, le nombre de députés absents avait atteint en 2021 plus de 250 sur les 395 députés élus. De plus, le taux d’absences injustifiées durant l’année législative 2019-2020 a été de 1%, tandis que le taux d’absences justifiées a été de 25%. Vu sous cet angle, les absences injustifiées paraissent minimes, voire insignifiantes, mais une question se pose concernant la définition des absences justifiées.

Selon des informations relayées par les médias, le taux de présence le plus élevé a été de 59,24 %, enregistré lors de l’approbation du projet de loi de finances pour l’année 2024, lors de la première lecture. En revanche, la participation la plus faible a été observée lors de la séance du 24 juin dernier, où seulement 25,32 % des députés étaient présents, soit environ 100 députés sur 395, lors de laquelle plusieurs textes de loi, y compris deux propositions du groupe de l’Authenticité et de la Modernité, ont été validés.

Lire aussi : Fès : Des députés révoqué pour cause d’absentéisme

Le taux moyen de présence des députés aux séances législatives s’élève à environ 37,28 %, ce qui correspond à environ 148 députés sur 395. La montée du phénomène d’absence des parlementaires a amené le président de la Chambre des représentants, Rashid Talbi Alami, à intervenir à plusieurs reprises pour redresser la situation. Il a envoyé une note détaillée à tous les chefs de groupes parlementaires, les incitant à l’assister dans la lutte contre l’absentéisme des députés, afin d’améliorer l’image de l’institution législative.

La présidence de la Chambre, qui se targue de ses résultats en matière législative et de diplomatie parlementaire, cherche à combattre l’absentéisme par le biais d’un système de « pointage ». Cependant, cette initiative a été mal accueillie par la majorité des membres, qui jugent cette méthode comme une humiliation, affirmant qu’ils ne sont pas dans un environnement industriel et refusent ainsi de se plier à la décision du bureau de la Chambre.

Déjà, au début de l’année en cours, la Chambre des représentants a adressé, dans une note, un avertissement sévère aux députés qui s’absentent régulièrement sans raison valable. Les députés absents pendant une année entière verront leur statut de membre révoqué. Driss Sentissi, chef du groupe parlementaire du Mouvement populaire, a souligné l’importance de respecter scrupuleusement la Constitution concernant les réunions mensuelles de responsabilité du Chef de gouvernement, notant qu’il n’assiste pas de manière régulière à ces réunions qui revêtent une grande importance sur le plan constitutionnel.

De plus, certains députés n’ont pas foulé le sol du parlement depuis son ouverture par Sa Majesté le Roi le 2 octobre dernier. Ils se préparent déjà à y retourner lors de la cérémonie d’ouverture le mois prochain, ce qui confirme que l’objectif de certaines candidatures, souvent soutenues par des millions investis pour acquérir des sièges auprès de dirigeants politiques connus pour leurs pratiques douteuses, est de s’assurer un siège parlementaire afin de s’y dissimuler et d’atteindre des bénéfices personnels.

Les menaces émises par certains chefs de groupes, visant à appliquer des déductions sur les indemnités mensuelles des députés absents sans excuse, n’ont pas eu l’effet escompté, car d’autres s’entendent avec eux, bénéficiant d’avantages considérables.

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