L’accès au financement, principale entrave à la transformation de l’agriculture dans le continent
Le problème lié à l’accès au financement est le principale entrave se dressant devant la transformation de l’agriculture africaine en un secteur moderne et créateur de valeur, ont souligné lundi à Libreville des participants au « Forum Afric Agri ».
D’après les panélistes, l’agriculture africaine demeure dans la majorité des cas de subsistance et familiale en raison de la taille assez réduite des terres cultivées, ce qui empêche la modernisation des modes de production et le déploiement des investissements pour promouvoir le secteur et le rendre rentable, ont estimé les panélistes lors des sessions consacrées à la transformation du secteur en Afrique.
A cet égard, la Commissaire de l’Economie Rurale et de l’Agriculture de l’Union Africaine (UA), Josefa Leonel Correia Sacko a souligné que l’agriculture est marginalisée en termes de mobilisation des ressources et de financement, notant que face à cette situation, les chefs d’État des pays africains ont lancé en 2003 la déclaration de Maputo sur l’agriculture et la sécurité alimentaire dans laquelle ils se sont engagés à mettre en œuvre le Programme Détaillé de Développement de l’Agriculture Africaine (PDDAA) à travers l’allocation de 10 pc des dépenses publiques pour le développement agricole et rural en vue d’atteindre un taux de croissance agricole moyen annuel de 6 pc.
Et d’ajouter qu’en 2014, à peine 10 pays africains ont pu mettre en oeuvre ce programme et avoir 6 pc de croissance agricole, notant que dans le premier rapport biennal sur l’agriculture présenté en janvier 2018 à Addis Abeba, 20 pays seulement ont pu se conformer aux engagements pris à Malabo en 2014 pour la transformation de l’agriculture dans le continent notamment le Rwanda, le Mali, le Maroc.
Pour sa part, le ministre gabonais de l’agriculture et de l’élevage, Biendi Maganga-Moussavou a souligné que la transformation de l’agriculture requiert une volonté politique forte et constante, des réformes courageuses et un financement soutenu notamment dans la recherche et les infrastructures, notant que face à la problématique liée au manque de données sur le secteur et au faible accès au financement, le Gabon a décidé de se doter de statistiques fiables et actualisées au travers un recensement général de l’agriculture et de lancer des partenariats public-privé dans le cadre du plan Gabon vert.
De son côté, M. Hélder Muteia, Coordonnateur du Bureau sous-régional de la FAO pour l’Afrique Centrale a souligné que 250 millions souffrent en Afrique de la faim dont 90 pc sont des agriculteurs, expliquant que les agriculteurs sont concentrés sur quelques produits comme le manioc, les arachides, ce qui n’assure pas la sécurité alimentaire des pays, outre les alias des changements climatiques et la sécheresse qui frappe la plupart des pays.
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Et de relever que le manque de financement entrave le développement de la production, la modernisation des infrastructures et la commercialisation des produits qui doivent être diversifiés et adaptés aux besoins de la population, appelant à la modernisation des infrastructures, la résolution du problème du foncier pour susciter l’intérêt des établissements de financement et à l’implication du secteur privé pour pouvoir transformer le secteur dans le continent.
Quant à M. MBaye Papa Dialo dit Zator, ministre conseiller à la présidence-Sénégal, il a expliqué qu’au niveau de son pays, il fallait changer les paradigmes en apportant des réformes et des ressources nécessaires afin de développer le secteur agricole, citant dans ce sens l’adoption du « Plan REVA ou Retour Vers l’Agriculture » qui assigne pour objectif de fixer les populations notamment les jeunes et les femmes dans leurs terroirs et d’augmenter significativement la production agricole notamment celle horticole.
Il a dans ce sens mis l’accent sur l’importance du financement dans le secteur agricole, le transfert de technologie et l’adaptation de la production agricole au besoin de la population pour assurer la sécurité alimentaire et permettre à l’agriculture de devenir un secteur créateur de valeur.
Pour le représentant de la BAD, Masumbuko Robert, le financement de l’agriculture fait face à plusieurs entraves notamment le manque d’intérêt des établissements bancaires, les investissements conséquents que nécessite l’agriculture, outre le temps assez long du retour sur investissement, notant que la plupart des établissements financiers ne disposent pas de services dédiés à ce secteur, en plus du manque de visibilité dû à l’absence de données et de statistiques sur ce secteur.
Initié par I-conférence en partenariat officiel avec OCP Africa et le ministère gabonais de l’agriculture, le Forum Africa Agri Forum se veut une plate-forme d’échanges entre plus de 400 professionnels du secteur et décideurs autour de défis de la transformation de l’agriculture africaine avec un focus particulier sur les enjeux de l’investissement, du financement et des partenariats publics privés.
Plusieurs panels figurent au menu de ce conclave qui se tient du 10 au 11 décembre à Libreville, portant sur les défis de la transformation agricole en Afrique, la stimulation de l’investissement dans l’agriculture pour accélérer la transformation, les nouveaux modèles de financement de l’agriculture, l’innovation et la modernisation du secteur.
Après les quatre premières éditions organisées à Abidjan, l’Africa Agri Forum a décidé de s’ouvrir sur l’Afrique central en portant son choix sur la capitale gabonaise Libreville.