L’acte hostile du président tunisien porte la responsabilité de la rencontre “ratée” de la TICAD (président de l’OEG)
L’acte hostile du président tunisien Kaïs Saïed en accueillant le chef des séparatistes du polisario “porte la responsabilité de la rencontre ratée” de la TICAD, tenue les 27 et 28 courant à Tunis sans le Maroc, un “poids lourd de la coopération entre Africains”, souligne, lundi, le professeur Charles Saint-Prot, directeur général de l’Observatoire d’études géopolitiques de Paris (OEG).
Selon l’expert en géopolitique français, cela vient confirmer “l’hostilité” du dirigeant tunisien au Maroc, car, ajoute-t-il, jamais depuis Bourguiba, la Tunisie ne s’était départie de sa neutralité.
M. Saint-Prot s’interroge, en ce sens, sur les raisons ayant poussé le président tunisien à agir de la sorte “au point de saboter un important sommet”.
“Malheureusement, la conférence a été marquée par l’absence du Premier ministre japonais, Fumio Kishida ; or, si l’une des personnalités principales d’un tel événement est absente, cela en fait un sommet moins prestigieux. Le Maroc a également été absent, ce qui réduit considérablement la portée de la conférence du fait de la politique visionnaire du Roi Mohammed VI pour l’Afrique et que le Royaume est un poids lourd de la coopération entre Africains”, souligne le président de l’OEG dans une tribune mise en ligne sur le site de l’observatoire.
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“Au total, cette réunion sera donc en deçà des attentes”, renchérit l’expert en géopolitique français, rappelant que le président sénégalais Macky Sall, qui assure la présidence de l’Union africaine, a “regretté”, samedi, l’absence du Maroc, un “éminent membre de l’Union africaine, faute de consensus sur une question de représentation”.
L’absence du Maroc est justifiée par le fait que le président tunisien a reçu le chef des séparatistes du Polisario et a imposé sa présence au sommet, contre l’avis du Japon et en violation du processus de préparation et des règles établies, note M. Saint-Prot, soulignant que plusieurs pays africains ont désapprouvé le “dérapage” du président tunisien, alors que le président de la Guinée Bissau et président en exercice de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), Umaro Sissoco Embalo, a même quitté la TICAD en signe de protestation contre la présence des séparatistes pro-algériens.
Revenant longuement sur le communiqué “très clair” du ministère marocain des affaires étrangères en réaction à l’accueil par le président tunisien du chef des milices séparatistes à Tunis dans le cadre de ce sommet, le président de l’OGE fait observer que le document précise qu’il a été convenu dès le départ et avec l’accord de la Tunisie, que seuls pourront prendre part à cette rencontre, les pays ayant reçu une invitation cosignée par le Premier Ministre Japonais et le Président tunisien.
Une note officielle diffusée par le Japon, le 19 août 2022, souligne explicitement que cette invitation cosignée est « l’unique et authentique invitation sans laquelle aucune délégation ne sera autorisée à participer à la Ticad 8 », en précisant que « cette invitation n’est pas destinée à l’entité mentionnée dans la note verbale du 10 août 2022 », c’est-à-dire l’entité séparatiste, indique M. Saint-Prot.
Et de poursuivre que concernant l’accueil réservé par le chef de l’État tunisien au chef de la milice séparatiste, le communiqué note que la référence de la Tunisie à «l’accueil des invités de la Tunisie sur un pied d’égalité» suscite “la plus grande surprise”, sachant que ni le gouvernement tunisien ni le peuple tunisien ne reconnaissent l’entité fantoche du Polisario.
M. Saint-Prot relève également que la décision du Maroc ne remet pas en cause l’attachement du Royaume du Maroc aux intérêts de l’Afrique et à son action au sein de l’Union Africaine, ni ne remet en cause l’engagement du Royaume au sein de la TICAD.
Avec MAP