L’ambassadeur du Maroc à Abidjan : Tout ce qu’il faut savoir sur les accords maroco-ivoiriens
L’ambassadeur du Maroc en Côte d’Ivoire , Abdelmalek El Kettani vient d’accorder une grande interview à notre confrère d’Abidjan « Fraternité Matin » dans laquelle il dresse un bilan exhaustif du partenariat maroco-ivoirien, exemplaire en tous points de vue, en particulier la série d’accords finalisés cette semaine sous la présidence des deux chefs d’Etat.
Nous publions ci-dessous l’intégralité du texte de cette interview :
FRATERNITE MATIN : Excellence, avec cette 4ème visite de Sa Majesté le Roi, peut-on dire que les relations sont particulièrement bonnes surtout avec la signature de 14 nouveaux accords ?
ABDELMALEK EL KETTANI : Les relations entre le Maroc et la Côte d’Ivoire sont excellentes et peuvent être considérées comme un modèle très réussi de la coopération Sud-Sud.
Avec Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste, et Son Excellence le Président Alassane Ouattara, cette relation privilégiée s’est renforcée davantage et a donné lieu à plusieurs projets de grande envergure de nature politique, économique, socio-culturelle, et cultuelle.
Avec tous les Accords signés ces dernières années et les 14 nouveaux accords économiques signés lors de la visite actuelle de Sa Majesté le Roi en Côte d’Ivoire, nos deux pays consolident durablement, de jour en jour et concrètement, cette relation exceptionnelle.
Que retenir de ces nouveaux Accords et que deviennent les anciens ?
Au moment où les Accords signés précédemment sont en grande partie des accords publics-publics, les 14 nouveaux Accords signés le 27 février 2017, sont plutôt publics-privés et privés-privés.
Ces accords lient de grandes institutions économiques marocaines à leurs homologues ivoiriennes, tout en impliquant des acteurs publics.
Sa Majesté Mohammed VI et Son Excellence Alassane Ouattara ont en effet présidé la cérémonie de signature de 14 conventions de partenariat économique, public-privé et privé-privé, en présence du vice-président ivoirien Daniel Kablan Duncan, et du Premier ministre Amadou Gon Coulibaly. Il s’agit dans le détail de:
1- Un mémorandum d’entente pour la mise en place du financement du projet « HEXAGONE », faisant partie des projets prioritaires de la loi de programmation militaire 2016-2020. Il a été signé par Mohamed El Kettani, PDG du groupe Attijariwafa bank, et Alain Richard Donwahi, ministre ivoirien de la Défense.
2- Un mémorandum d’entente pour le financement de l’acquisition de logements pour les militaires ivoiriens, signé par Mohamed El Kettani, et Alain Richard Donwahi.
3- Un mémorandum d’entente pour le financement du projet de construction d’une unité industrielle pharmaceutique en Côte d’Ivoire. L’usine sera spécialisée dans la fabrication de produits génériques de toutes classes thérapeutiques (hors dérivés de sang), et commercialisera ses produits en Côte d’Ivoire et dans d’autres pays de la région. Ce mémorandum d’entente a été signé par Mohamed El Kettani et Myriam Lahlou Filali, PDG de la société Pharma 5 – Côte d’Ivoire, et par Raymonde Goudou Coffie, ministre ivoirienne de la Santé.
4- Convention de partenariat en vue de la souscription aux titres publics émis par l’État ivoirien en 2017. Elle a été signée par Othman Benjelloun, PDG du Groupe BMCE Bank of Africa côté marocain, et par AdamaKone, ministre de l’Économie et des Finances, côté ivoirien.
5- Convention de partenariat relatif à la mise en place d’un programme de financement du réseau routier en Côte d’Ivoire. Elle a été signée par Mohamed Benchaaboun, PDG du Groupe Banque centrale populaire du Maroc et Adama Kone.
6- Convention de partenariat relatif au financement des PME dirigées par les femmes. Elle ambitionne la mise en place d’un plan de financement afin de permettre aux commerçants, artisans et entrepreneurs de disposer d’un ensemble de services financiers en vue d’assurer le développement de leurs activités. Cette convention a été signée par Mohamed Benchaaboun, et Souleymane Diarrasouba, ministre ivoirien du Commerce, de l’Artisanat et de la Promotion des PME.
7- Convention-cadre portant sur un programme baptisé « Des compétences pour la compétitivité et l’employabilité ». Cette convention, qui vise notamment l’accompagnement de la Côte d’Ivoire pour la mise en place des mécanismes de production des répertoires emplois-métiers et des référentiels emplois-compétences, a été signée par Mohamed Slassi, coprésident de la commission « Capital humain » du GIE maroco-ivoirien, et son homologue Aka Elete.
8 – Convention-cadre pour le développement de l’économie sociale et solidaire et de l’artisanat. Les commissions des deux pays ont élaboré une stratégie qui s’articule autour de six points. Il s’agit notamment de l’organisation d’un Salon de l’économie sociale et solidaire, le partage de l’expérience et de l’expertise de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), l’étude des cadres juridiques, réglementaires et institutionnels, la réalisation d’une étude d’opportunités pour lancer des incubateurs et accélérateurs des entreprises, la concrétisation de partenariats avec les champions nationaux marocains installés en Côte d’Ivoire, la mise en place d’un programme « Infitah Africain » afin de moderniser et digitaliser des TPE. Cette convention a été signée par Laila Miyara, coprésidente de la commission économie sociale et solidaire et de l’artisanat (GIE- Maroc) et son homologue ivoirien Kassoum Bamba.
9- Convention pour la création d’un Technocentre à Abidjan. Ayant pour objectif d’accroître la création et l’implantation d’entreprises innovantes dans le secteur des NTIC dans un cadre favorisant leur développement, cette convention a été signée du côté marocain par Aziz Dadane, coprésident de la commission « économie numérique » du GIE Maroc-Côte d’Ivoire, Lamiae Benmakhlouf, directrice générale de la Moroccan Information Technology Company (MITC), Saloua KarkriBelkeziz, présidente de la Fédération marocaine des technologies de l’information, des télécommunications et de l’offshoring. Elle a été signée du côté ivoirien par Patrick Mbengue, coprésident de la commission « économie numérique » du GIE Maroc-Côte d’Ivoire, également PDG de la société Inova, Jean EulogeSoro-Kipeya, directeur général de l’Agence nationale du service universel des télécommunications-TIC (ANSUT), et Akossi Noël Bendjo, président de la coordination des maires d’Abidjan.
10- Convention de joint-venture pour la mise en place d’un centre de traitement informatique. Elle a été signée par Aziz Dadane, président de la Société maghrébine de monétique S2M, et Patrick Mbengue.
11- Convention de partenariat pour la création d’une joint-venture entre les sociétés de logiciels et solutions informatiques Involys (Maroc) et Inova (Côte d’Ivoire). Elle a été signée par Mohamed Bachir Rachdi, PDG de la société Involys et Patrick Mbengue.
12- Mémorandum d’entente relatif à la modernisation et au maintien du parc de véhicules de transport routier de personnes et de marchandises. Ce mémorandum a été signé, par AbdelilahHifdi, représentant l’Union africaine du transport et de la logistique (UATL), Ezzoubeir Errhaimini, de la Fédération du transport de la CGEM, et Mohamed Ben Ouda, directeur général de la Société nationale des transports et de la logistique (SNTL). Côté ivoirien, il a été signé par Abdramane Camara, pour le Haut conseil du patronat des entreprises de transport routier de Côte d’Ivoire, et Stéphane Eholie, coprésident de la commission « transport et logistique » du GIE Maroc-Côte d’Ivoire.
13- Accord de coopération dans le domaine de la logistique. Signé par Younes Tazi, directeur général de l’Agence marocaine de développement de la logistique, et Issoufou Sidibe, PDG de l’Office ivoirien des chargeurs, il a pour objectif de définir des actions concrètes et opérationnelles dans les domaines de développement des zones et plateformes logistiques, la modernisation de chaines logistiques et le développement des compétences et de la formation dans les métiers logistiques.
14- Mémorandum d’entente en vue de la coopération dans les domaines des transports publics de voyageurs et de la sécurité routière. Signé par Ezzoubeir Errhaimini, PDG de la CTM et Aissatou Cisse Sy, PDG de PENDIS, ce mémorandum vise à apporter l’assistance de CTM et son expertise pour la structuration d’une offre de transport public de voyageurs en répondant aux normes internationales. Il ambitionne également la formation en mode alterné, des conducteurs et du personnel de gestion, la mise en place d’un schéma directeur des gares routières qui intègre le « space planning », et le partage d’expérience pour atténuer l’impact de l’activité de transport sur l’environnement.
Ces accords, multiples et variés, traduisent la vision commune de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, et de Son Excellence le Président Alassane Ouattara visant la réalisation une croissance mutuelle et aussi un développement durable et commun sur la base du principe gagnant-gagnant.
Les nouveaux accords comme les anciens sont suivis régulièrement par le Groupe d’Impulsion économiques mis en place pour suivre, évaluer et consolider la mise en œuvre des accords signés et aussi proposer de nouvelles opportunités de collaboration à l’avenir.
Les Départements concernés, ainsi que l’Ambassade du Royaume du Maroc en Côte d’Ivoire disposent également de plusieurs services chargés du suivi régulier de tous les accords et de l’évaluation des réalisations et des difficultés rencontrées lors de la mise en œuvre de ces Accords.
3-Le Maroc demande d’adhérer à la CEDEAO, beaucoup d’anciens se demandent sur les enjeux de cette demande ?
Le Maroc en arabe se dit ‘’Maghreb’’, soit la terre de l’ouest (où le soleil se couche) et ainsi le Maroc se considère depuis toujours géographiquement, humainement, et économiquement, pleinement un pays de l’Afrique de l’ouest. Le Maroc remplit les critères d’adhésion à la CEDEAO et cette demande a été déposée conformément aux textes régissant cette entité économique qui a fait preuve d’une dynamique remarquable et d’une capacité exemplaire d’évolution.
De plus, comme vous le savez, les pays membres de la CEDEAO sont, pour la plupart, des pays liés avec le Maroc par des liens ancestraux, très fraternels et par des relations politiques, économiques et sociales très avancées.
Il est ainsi tout à fait naturel que le Maroc demande d’intégrer cette entité économique qui sera encore plus forte et plus prospère avec une économie dynamique de plus comme le Maroc. Tous ensembles, nous constituerons un espace économique attractif pour les investissements et les opportunités d’emploi stables pour notre jeunesse. Bien entendu la décision définitive reviendra aux Chefs des Etats Membres de la CEDEAO, nous avons un bon espoir quelle sera favorable et permettra au Maroc de rejoindre enfin ses frères dans ce cadre régional Ouest Africain fort et dynamique.
le Royaume Chérifien finance des points de débarquement à Locodjoro et à Grand Lahou, inaugure le Centre de formation à la médecine d’urgence, et lance d’autres projets à connotation sociale, quelles sont les raisons ?
Le Maroc considère que la relation avec nos frères africains ne doit pas être uniquement basée sur les échanges commerciaux gagant-ganagnt, elle doit aussi être basée sur le partage et sur la solidarité mutuelle.
Sa Majesté le Roi accorde une grande importance à l’amélioration constante des conditions de vie des populations au Maroc, en Côte d’ivoire, et en Afrique en Général. Ses actions louables visent à permettre aux citoyens de nos pays de disposer d’un cadre de vie adéquat et aussi de plusieurs espaces professionnels permettant aux travailleurs d’améliorer leurs conditions de vie et de travail.
Les points de débarquement de Locodjoro et de Grand Lahou rentrent bien dans ce cadre de solidarité directe avec nos frères Ivoiriens et permettront d’assurer un revenu stable, récurrent, et pérenne, à des milliers de personnes dans les localités sus mentionnées.
Quant au centre Mohammed VI de médecine d’urgence inauguré au sein du CHU de Youpougon, souligne à nouveau notre engagement pour la participation effective du Maroc, dans la mise à niveau des compétences et permettra à la Côte d’Ivoire d’avoir un personnel urgentiste des plus qualifiés, aux standards internationaux.
Enfin, le grandiose projet de la Baie de Cocody, qui devrait, dans les années à venir, transformer durablement la physionomie de la ville d’Abidjan, est conduit de main de maitre et avance vers une réalisation conforme aux objectifs et programmes arrêtés.
Quelles sont les raisons de la construction de la Mosquée Mohammed VI de Treichville?
Sa Majesté le Roi en sa capacité sa capacité d’Amir Al Mouminine (Commandant des Croyants) accorde une grande importance à l’épanouissement des Musulmans et à la promotion de l’Islam du Juste Milieu, de tolérance, et de paix.
Comme vous le savez, la Côte d’Ivoire dispose d’une Communauté Musulmane importante et aussi d’une Communauté marocaine établie depuis plusieursdécennies surtout à Abidjan.
Les Mosquées ont plusieurs rôles spirituels et éducatifs et Sa Majesté le Roi veut permettre à nos frères Ivoiriens de disposer non seulement d’un lieu de culte, mais aussi d’un phare de savoir, de promotion des valeurs de paix et de tolérance, fondements majeurs de notre noble religion.
Cette Mosquée sera non seulement un joyau architectural qui sera ajouté au patrimoine d’Abidjan et de la Côte d’Ivoire, mais également un monument symbole de la fraternité et de la paix entre nos deux pays frères.