L’ancien Monastère de Tioumililine restauré ouvrira ses portes au grand public

Azrou – Mohammed Drihem

Dans le cadre de la Journée Mondiale de la Paix, La « Fondation Mémoire pour l’Avenir » (FMA), présidée par Lamia Radi,  a  organisé samedi 21 septembre denier une journée de célébration de la fin de la première tranche des travaux de restauration et d’aménagement de l’ancien Monastère de Tioumililine en vue de son ouverture au grand public. Cette cérémonie a porté sur l’ouverture de la Chapelle du monastère, lieu symbolique s’il en fut, où communiaient les pères fondateurs, bénédictins et autres, qui incarne toujours l’esprit œcuménique et perpétue la vocation du Maroc tolérant. Cette cérémonie a été marquée par la présence des représentants de l’ambassadrice des Etats-Unis, de l’USAID, de l’Union européenne, Monseigneur Cristobal Lopez Romero , des chercheurs, universitaires et de quelques anciens élèves du Lycée Tarik Ibn Zyad d’Azrou et représentants de la société civile.

La Fondation « Mémoire pour l’Avenir » en partenariat avec la Rabita Mohammedia des Oulémas et le soutien de la Fondation belge Future 21, a conduit en urgence des travaux de sauvetage de l’ancienne Chapelle qui menaçait de s’effondrer sachant bien qu’elle est le seul bâtiment de prière chrétien au Maroc dans lequel une étoile chérifienne est apposée à son plafond, signifiant ainsi que les moines bénédictions, fondateurs du Monastère de Tioumliline reconnaissaient Amir El Mouminine, Commandeur des      Croyants, et accomplissaient leurs prières sous sa protection. Un signe de bienveillance à coup sûr et une marque de la vocation œcuménique !

Dans une déclaration à « Maroc Diplomatique », Lamia Radi présidente de la Fondation « Mémoire pour l’Avenir » a souligné que « la restauration du site du Monastère de Tioumililine a consisté d’abord à nettoyer, ranger et réfectionner l’espace en collaboration avec l’USAID pour  le rendre visible pour le public à travers la mise en place de panneaux signalétiques et d’orientation avec la publication de six livres sur ce lieu comprenant des traductions dans plusieurs langues pour que cette mémoire soit accessible à tout le monde ensuite, avec la collaboration de la Rabita Mohammedia des Oulémas on a  commencé à relancer les conférences internationales et à sauver la Chapelle qui menaçait de s’effondrer ».

« Pour la suite du projet à terme a-t-elle ajouté, « nous allons ouvrir un centre d’accueil des jeunes et des gens pour leur transmettre ce patrimoine et que ce site soit ouvert au publique et au jeune avec une formation et une sensibilisation au patrimoine et au pluralisme religieux tout en développant à court terme, des projets générateurs de revenus pour les habitants de la Région puisqu’il s’agit là de leur propre patrimoine et pour que le site soit un lieu qui produit pour les gens de la région et pas seulement un lieu intellectuel. »

Pour sa part, Ahmed Serghini, représentant régional de la Fondation Mémoire pour l’avenir, a souligné que cette « inauguration  qui coïncide avec la journée internationale de la Paix est organisée dans le cadre de l’inauguration de la première tranche de réhabilitation du site de Tioumililine qui a été effectuée en collaboration avec plusieurs collaborateurs dont l’USAID, le Conseil communal de Meknès, le propriétaire du site, la Fondation Future 21 et la province d’Ifrane entre autres partenaires nationaux et étrangers qui ont contribué à la restauration de la Chapelle et nous envisageons de travailler par bâtiments puisqu’il reste beaucoup à faire notamment pour le réaménagement de la grande salle qui a abrité par le passé des conférences internationales.

Pour Serghini, cette première tranche a concerné la réhabilitation de la Chapel en collaboration avec l’USAID et la Rabita Mohammadia, du Musée qui va garder la mémoire du site et qui a été réhabilité grâce à un don de Mme Laila Radi, et  de la Bibliothèque grâce a plusieurs autres intervenants. Dans sa déclaration à Maroc diplomatique, Monseigneur Cristobal Cardinal Lopez Romero, Archevêque de Rabat a précisé qu’il assiste là aujourd’hui à la récupération heureuse de la Chapelle de l’ancien monastère bénédictin qui a une magie particulière du fait qu’il avait entre autres comme vocation la congrégation et la communion, qu’il a été capable d’unir et fédérer des diverses communautés religieuses et intellectuelles.

Il a ajouté que « l’important ce n’est pas de récupérer un lieu physique et géographique mais plutôt cet esprit qui , pendant 16 ans de 1952 à 1968, a marqué l’histoire du Maroc et celle de la communauté chrétienne dans le monde.  Et c’est cela que nous voulons qu’il y ait une ouverture au centre et l’acceptation de l’altérité, surtout un dialogue interreligieux qui nous mène tous vers la Paix dans le monde entier. C’est important pour le Maroc et pour le Monde entier le témoignage de ce qu’on a vécu ici et que nous voulons continuer à vivre pour toujours. »

De son côté , la présidente de la Fondation Future 21 , généreuse donatrice, Martine Jonet de Bassompierre a loué le principe de rencontre que Tioumliline incarne : Mieux on se connait ; plus on se respecte et pour aller plus loin ; plus on s’aime et que le Monde d’aujourd’hui a vraiment besoin de témoignages en ce sens-là. Elle a indiqué que la contribution de la Fondation Future 21 a porté sur le financement de la reconstruction de la chapelle.

Cette ancienne petite chapelle est le seul bâtiment de prière chrétien au Maroc dans lequel une étoile chérifienne est apposée à son plafond, signifiant ainsi que les moines reconnaissaient Amir El Mouminine, Commandeur des Croyants, et accomplissaient leurs prières sous Sa Protection. Cette étoile, réalisée en plâtre, incrustée dans un faux plafond en liège, menaçait de se briser et les travaux d’urgence ont permis de la sauver et de la protéger dans une vitrine installée dans l’ancienne bibliothèque, actuellement en voie de réinstallation grâce au soutien de l’Université Al Akhawayn, de l’association Byblos et de sponsors privés. Une copie de l’étoile à l’identique a été réalisée à partir d’un moulage de l’originale et installée à nouveau au plafond de l’ancienne chapelle.

Depuis 2021, la Fondation Mémoires pour l’Avenir a réalisé des actions de mise en valeur du site et de son histoire exceptionnelle grâce au soutien du programme USAID-DAKIRA. Celui-ci a permis en particulier le nettoyage du site, la mise en place d’un « itinéraire mémoriel » expliquant le site aux visiteurs, la restauration de l’ancien cimetière des moines, réalisée avec la participation de l’association des parents d’élèves du Lycée Tarik Ibn Zyad d’Azrou, où les moines de Tioumililine enseignaient les mathématiques et la philosophie dans les années 60, témoignant par ce geste de la longue tradition marocaine d’hospitalité. Ce projet a également permis de collecter la mémoire locale des habitants de la région, la traduction et la diffusion des travaux des Rencontres Internationales, ainsi que l’organisation de nombreuses activités de dialogue et de débat.

La  de la fin de la première tranche des travaux de restauration et d’aménagements de l’ancien Monastère de Tioumililine a permis de rappeler l’histoire exceptionnelle de ce lieu, qui a accueilli des débats inter-religieux précurseurs, les Rencontres Internationales de 1956 et 1957 qui étaient placées sous le Haut Patronage de Feu Sa Majesté le Roi Mohammed V, et la session de 1957 qui était placée sous la Présidence effective de Feu  Sa Majesté le Roi Hassan II, alors Prince Héritier. Cette journée a été également l’occasion de rappeler la présence, le soutien et la participation de nombreux pays à ces Rencontres Internationales (Allemagne, Burkina Faso, Cameroun, Côte d’Ivoire, Etats-Unis d’Amérique, France, Inde, Japon, Liban et Pays Bas notamment).

Le projet « Réinventer Toumliline » mené par la Fondation Mémoires pour l’Avenir en partenariat avec le Centre Inter-convictionnel Ta’aruf lié à la Rabita Mohammedia des Oulemas consiste en la préservation de ce site historique exceptionnel et de sa mémoire pour sa diffusion auprès de la jeunesse marocaine, ainsi que la relance de rencontres de débats et de dialogues interreligieux au profit du plus grand nombre.

Un futur studieux et des projets fondateurs

Ce projet prévoit aussi, dans un futur proche, la mise en place de projets de développement durable au profit des populations locales et de la région grâce à des partenariats avec Le Conseil préfectoral de la Ville de Meknès, la Région Fès-Meknès et l’Agence Nationale des Eaux et Forêts. Le site de l’ancien monastère de Toumililine sera ouvert de 9h00 à 19h00 tous les jours avec Entrée gratuite. Les espaces clos seront ouverts au public durant les week-ends.

A rappeler enfin que le Discours Royal du 23 janvier 2016 adressé aux participants à la Conférence de Marrakech sur « Les droits des minorités religieuses en Terre d’Islam » avait souligné que « Le Maroc a été un pays précurseur en matière de dialogue interreligieux. »  En effet, au lendemain de l’indépendance réalisée en 1956, il se tenait, chaque été, au monastère de Toumliline un rassemblement international de centaines de personnalités , d’intellectuels et de penseurs, de toutes confessions – musulmans, chrétiens et juifs – auquel prenaient part des personnalités d’envergure comme le célèbre penseur chrétien Louis Massignon.

Journée de commémoration, certes, le samedi 21 septembre a été également un devoir de mémoire, une plongée dans l’histoire du Maroc. Il est important de souligner l’engagement personnel de Mme Lamya Radi, qui, en plus de la réappropriation de cet immense héritage culturel, redonne à ce projet ses lettres de noblesse et de nouvelles perspectives.

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