L’après-crise: Quelle carrure économique pour le football national?
Par Maria MOUATADID
Plus qu’un simple sport populaire, le football est une industrie de divertissement planétaire, une économie à part entière, mais aussi un vecteur de positionnement stratégique et un moyen sûr de se présenter aux yeux du monde entier.
Ce sport de référence distractif est désormais un business à enjeux économiques et stratégiques. Son économie est un levier essentiel du développement stimulant valeurs ajoutées, investissements et création d’emplois. Durement terrassé par le Covid-19, l’économie du football tremble dans le monde entier, mais garde l’espoir de se relever encore plus forte.
Le football est un secteur reconnu internationalement pour sa puissance économique et donc pour sa capacité d’être pourvoyeur de richesse, créateur d’emplois et de rayonnement des pays, a indiqué, dans une déclaration à la MAP, Abdelkader Bourhim, consultant en développement stratégique et opérationnel des clubs et des organisations sportives.
Les caractéristiques socio-économiques du Maroc et son positionnement géostratégique plaident pour un développement de son football et pour en faire un des secteurs pourvoyeur de progrès, d’emplois et de rayonnement international, a-t-il fait observer.
L’Etat marocain est conscient de l’importance du football et de son impact socio-économique. Il n’a jamais cessé de le subventionner, de le doter d’infrastructures et d’équipements mais l’Etat ne peut pas jouer tous les rôles, a souligné M. Bourhim.
Il a, également, mis en avant la nécessité de mettre en place les outils nécessaires et des dispositifs incitatifs pour développer le football marocain. « La loi 30-09 (relative à l’éducation physique et aux sports) est l’un de ces nouveaux outils susceptibles de doter le football national et tous les acteurs concernés d’un moyen juridique fort.
« Saisissons cette chance pour créer les sociétés sportives, pour construire un business model fort et productif, répondre aux aspirations de tous les marocains amoureux du football. Construisons une marque football et offrons les moyens à nos ambitions dans ce domaine », a-t-il souligné à cet égard.
Et de poursuivre « nous avons besoin de croire dans ses capacités à jouer son rôle dans le progrès du Maroc. La commission spéciale pour le modèle de développement doit prendre cela en considération et intégrer le sport dans ses travaux de réflexion et faire les recommandations nécessaires à son développement ».
« Pour ce faire, nous avons besoins aujourd’hui dans notre pays d’une véritable politique nationale de sport, de créer une agence nationale du sport comme organisme régulateur, de professionnaliser les clubs sportifs et les fédérations, d’augmenter le taux d’équipements et d’infrastructures sportifs dans le pays et faciliter l’accès à la pratique sportive pour le plus grand nombre de citoyens, de réformer le dispositif de formation et enrayer le déséquilibre entre la formation des cadres techniques et la formation des cadres en management appelés à assurer la gestion opérationnelle de notre sport », a-t-il suggéré.
La Fédération royale marocaine de football (FRMF), la ligue et les clubs doivent mettre en place les outils nécessaires pour bâtir un projet Maroc football structuré, solide et productif. Un football attractif sur le plan économique et performant au niveau du résultat sportif, a-t-il plaidé.
Ainsi, les partenaires privés seront rassurés et trouveront des raisons économiquement valables pour investir dans le football. Les partenariats public-privé (PPP) peuvent être une solution pour mieux intégrer le secteur privé dans la gestion du football et permettre à terme à l’Etat d’être moins présent et moins impacté financièrement tout en demeurant dans son rôle de régulateur et de garant de la bonne gouvernance, a-t-il précisé.
Les conséquences économiques de la crise sanitaire actuelle inquiètent nombre de sportifs. Devant l’ampleur de l’épidémie de Covid-19, l’économie du football risque ainsi de plonger dans un marasme sans précédent.
Certes, le football est secoué par les effets de la crise sanitaire actuelle liée au Covid-19, a noté M. Bourhim, soulignant qu’il s’agit d’une période exceptionnelle pour le sport partout dans le monde.
L’arrêt des compétitions depuis le mois de mars conformément à l’état d’urgence sanitaire a précipité la majorité des clubs dans l’inconnu sportivement et économiquement, ce qui a eu des conséquences négatives très immédiates et très violentes. Leurs joueurs, leurs staffs techniques, leurs staffs administratifs et tout leur écosystème économique ont été impacté et se sont retrouvés dans certains cas isolés.
La FRMF a joué le rôle de l’institution de tutelle dans la gestion de la crise en relation avec les pouvoirs publics, a t-il noté. Et d’ajouter « depuis l’arrêt du championnat, la fédération a été présente pour soutenir toutes les composantes du football en suivant dans cela les recommandations de la fédération internationale de football et les directives sanitaires décrétées par les autorités ».
Il a été ainsi décidé de baisser les salaires des staffs techniques des équipes nationales et des joueurs des équipes de la Botola Pro et maintenir automatiquement la validité des contrats des joueurs après le 30 juin et cela jusqu’à la fin du championnat qui vient de reprendre, a t-il fait observer.
La FRMF a aidé financièrement les arbitres pendant l’arrêt du championnat et les clubs pour faire face à des urgences, a-t-il noté, ajoutant que dès le début du déconfinement, elle a mis en place un protocole de reprise sanitaire détaillé en facilitant aux clubs toutes les démarches pour tester leurs joueurs et ainsi éviter des contaminations lors de la reprise des entraînements et des compétitions.
Le bilan sera fait à la fin du championnat qui vient de reprendre, a-t-il fait remarquer, expliquant que « le budget de la plupart de nos clubs de football est constitué de subventions dans la majorité des cas ».
La structure financière de la plupart des clubs est basée sur les subventions qu’ils perçoivent de la part des collectivités locales, des régions et de la fédération », a-t-il expliqué. Le Maroc dispose de ressources nécessaires pour faire autrement et permettre au football d’avoir une vraie dimension business, a-t-il ajouté.
Pour ce qui est du sponsoring, Zaki Lahbabi, directeur général de Transatlas sport management (TSM), une agence de marketing sportif, a indiqué que pour le moment dans le foot, la plupart des partenaires maintiennent leurs partenariats sponsoring avec les clubs et que seulement 2% des partenaires qui ont désisté.
« Les contrats ont été mis en stand-by le temps que les matchs reviennent, le championnat a repris et les contrats reprennent aussi », a t-il expliqué.
La seule différence, a-t-il dit, c’est l’absence du public, mais celle-ci sera compensée par l’audience télé, a-t-il fait remarquer. « Or, les clubs perdent des recettes billetterie très importantes », a-t-il noté.
Il a, en outre, indiqué qu’un travail de fond est notable depuis à peu près 15 ans au niveau des infrastructures sportives et des stades mais également au niveau des subventions et d’aides de la fédération vis-à-vis du secteur du football. « Les subventions ont très rapidement augmenté mais le foot est budgétivore, ça coûte de plus en plus cher », a-t-il fait observer.
Il a, à ce propos, noté que l’Etat a joué un rôle conséquent pour soutenir le football, ajoutant que le budget de la FRMF est l’un des plus important au niveau africain.
Au niveau africain, le Maroc commence a être bien positionné, a souligné M. Lahbabi mettant en avant l’évolution conséquente du secteur. Maintenant, tous les clubs ont de belles pelouses, de beaux stades, et une meilleure organisation, a-t-il poursuivi.