L’arrivée de la vague populiste promet-elle un raz de marée politique ?
Par Abdellah Chbani
La définition politique du populisme qui garde en elle un aspect souvent péjoratif est celle d’un discours politique s’adressant aux classes populaires, fondé sur la critique du système et de ses représentants.
« Le mot populisme désigne une approche politique qui oppose le peuple aux élites politiques, économiques ou médiatiques.»
Le populisme est difficile à définir car il oscille d’un contexte national à un autre prenant des formes différentes. Une des choses communes reste le rejet des institutions dites traditionnelles et de leurs élites dans un clivage opposant le « nous » à « eux ».
Le message simple et direct envoyé par les partis dits populistes tend à avoir plus d’impact et un écho politique agrandi en confrontant les problématiques modernes avec simplisme. Le but de la politique étant de « faire passer le message », chose qui est réussie par ces formations politiques.
« Le sentiment d’exclusion du pouvoir, même élu démocratiquement, est à la base de cette attitude qui touche aussi bien des sensibilités politiques de droite que de gauche. Le populisme se réfère à un peuple qu’on estime exclu du pouvoir et non écouté par la démocratie représentative jugée coupée des réalités. »
Si le populisme a pris des formes variées depuis le XIXe siècle, sa présence semble s’affirmer aujourd’hui, dans le monde occidental, au début de ce XXIe siècle, dans le contexte déstabilisant de la mondialisation et des déplacements de populations.
Si le populisme a pris des formes variées depuis le XIXe siècle, sa présence semble s’affirmer aujourd’hui, dans le monde occidental, au début de ce XXIe siècle, dans le contexte déstabilisant de la mondialisation et des déplacements de populations. Ainsi, on retrouve souvent des thèmes communs au populisme et au nationalisme. « Exploité parfois par des partis activistes, ce courant de pensée politique peut prendre des aspects démagogiques en préconisant et/ou soutenant des solutions simplistes à divers problèmes sociaux, économiques et politiques. Le mot populisme est fréquemment utilisé dans un sens péjoratif, notamment pour discréditer les adversaires politiques en effectuant un rapprochement avec la naissance des fascismes dans les années 1920. »
Certains spécialistes parlent d’un espace médiatique et politique qui voit croître la notion de populisme dans le discours adressé à l’opinion publique. Les populismes, dans leur définition, ne sont pas cantonnés à un parti et peuvent être de droite comme de gauche. Ils représentent aujourd’hui une inspiration qui peut être désastreuse si leur discours représentant une rhétorique d’opposition est repris par les partis dits classiques.
De quelle manière la personnalisation du pouvoir et l’émergence de figures fortes porte-t-elle un coût pour ces mouvements populaires qui apparaissent spontanément au travers de la planète ? Le facteur significatif du populisme est sa conduite particulière de la politique qui peut être défini à travers trois points essentiels : celui du charme appliqué sur le peuple afin de le dresser contre la méprisée élite, l’utilisation de crises et finalement l’utilisation d’un langage incendiaire.
Un exemple européen
En Europe, la montée des populismes porte en elle des noms tels que : Victor Orban en Hongrie, Matteo Salvini en Italie, Jarosław Kaczyński en Pologne, Heinz-Christian Strache en Autriche et Nigel Farage au Royaume-Uni.
La France et l’Allemagne, de par leur importance en Europe, portent en elles le destin politique européen. L’exemple de Marine le Pen qui n’est, toutefois, pas encore arrivée à la présidence mais qui néanmoins, affirme sa prévalence politique en se positionnant au second tour et en préparant l’avenir du FN devenu récemment le Rassemblement National est manifeste. Des mouvements sociaux durables tels que celui des Gilets jaunes mettent en avant le climat social tendu et les effets d’une crise économique et politique qui touche une majorité grandissante.
Le mouvement 5 étoiles en Italie veut s’en prendre à la classe politique corrompue et à l’élite. Son orateur le plus fameux, Giuseppe Grillo, dit Beppe Grillo est un ancien comédien de stand-up et blogueur.
En mai 2019, les élections européennes seront aussi le rendez-vous des populismes dans le processus démocratique supranational. Un fléau qui pourrait atteindre les enjeux de l’Union Européenne mais qui devrait néanmoins être contenu, laissant passer de côté cette vague populiste.
Dans le reste du monde s’affichent des symboles forts d’une politique populiste qui prennent la forme de Trump aux Etats Unis, de Bolsonaro au Brésil et de Duterte aux Philippines. Ils sont synonymes de propagande anti-immigration, anti-médias et anti-élites qui rallient une couche de la population plus large depuis la crise financière de 2008 qui a entraîné l’appauvrissement et touché les classes moyennes.
Dans le reste du monde s’affichent des symboles forts d’une politique populiste qui prennent la forme de Trump aux États Unis, de Bolsonaro au Brésil et de Duterte aux Philippines.
Le blâme, généralement lorsqu’il s’agit de populisme, se fait à l’encontre du libre-échange et de la migration de masse. Mais la technologie fait partie d’un des facteurs principaux qui transformera la face du monde dans les décennies à venir. C’est aussi l’un des futurs facteurs principaux qui causera des inégalités dans les pays développés. La Silicon Valley s’apprête à rejoindre Wall Street comme entité causant des maux inégalés pour la population laissée sur le carreau.
Quelles sont les résistances qui s’opposent à notre situation que la spécialiste Chantal Mouffe nomme « post démocratique » et cela du fait d’une certaine hégémonie néo-libérale qui surpasse n’importe quel discours politique de par sa prévalence dans la géopolitique internationale actuelle ?
Le crash financier et la crise de 2008 ont créé une augmentation de mécontentement et prouvé que l’aspect libéral est tellement dominant que la démocratie est relayée au second plan, de par la souffrance innée de la population générale et l’avènement d’un certain déclin des classes moyennes aux prises avec une augmentation des difficultés pour survivre.
Les mouvements sociaux majeurs à citer sont le printemps arabe, les indignés d’Espagne, Occupy Wall Street qui sont le symbole de la montée des radicalités et d’un retour des conflictualités.
A quel point la démocratie porte en elle une dimension populiste ? Aussi, le populisme représente-t-il la nouvelle contreculture qui est réprimée par le monde du mainstream ? Telles sont les questions qui se posent désormais dans un temps de montée des pouvoirs dit populistes.