L’ASMEX: l’export agroalimentaire, locomotive de création d’emplois et de relance économique
Dans le cadre de son cycle de visioconférences visant à accompagner les entreprises exportatrices afin de saisir les opportunités du marché en cette période particulièrement difficile, marquée par l’impact de la pandémie Covid19, l’ASMEX a organisé le 16 juillet 2020 un webinar intitulé « L’export agroalimentaire, locomotive de création d’emploi et de relance économique inclusive ».
Cette rencontre, présidée par M. Hassan Sentissi El Idrissi et modérée par M. Amine Laghidi, DG Africa Lion et Vice-Président de l’ASMEX, a connu la participation de plusieurs personnalités du monde économique qui ont partagé leurs visions et expertises. Il s’agit de Mme Fatiha Charradi, VP Local Market – Farming Development – OCP Group ; M. Malick Diop, Directeur Général de l’Agence Sénégalaise de Promotion des Exportations ; M. Rachid Benali, 1er Vice-Président de la Comader ; M. Amine Khalil, Directeur développement – Dari Couspates ; M. Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar ; M. Abdelhamid Aboulkassim, Président de Fimabio et M. Osama Abughoush, Directeur Général de Delmonte.
De prime abord, M. Laghidi a rappelé que l’enjeu majeur en période de crise demeure la confiance de l’investisseur et la création d’emplois dans tous les secteurs et particulièrement dans l’agroalimentaire, vu son rôle en matière de sécurité alimentaire, d’influence externe et de développement inclusif, de création de richesse et de stabilité interne. L’agroalimentaire s’accapare en effet une part importante dans l’offre exportable marocaine et son développement représente un enjeu majeur et un potentiel de croissance économique indéniable.
« La crise sanitaire et ses implications économiques et sociales à l’échelle mondiale relance avec acuité le débat sur la priorité de l’économie alimentaire dans la réduction de la pauvreté, la création d’emplois, la diversification des exportations et donc la création de richesse et de prospérité pour les nations et les structures économiques », affirme le vice président de l’ASMEX. C’est dans cette optique que les intervenants de cette conférence ont tenté de dresser un tableau de la situation actuelle et surtout proposer des recommandations et une feuille de route pour la valorisation de l’export agroalimentaire au Maroc et en Afrique.
Malick Diop a ainsi expliqué que les pays africains sont résilients et doivent avancer ensemble pour dépasser les répercussions du Covid19. « Pour ce, il faut développer un commerce interafricain dans la mesure où les pays vont se compléter en termes de chaînes de valeurs mais aussi de savoir-faire jusqu’à ce qu’ils assurent une souveraineté agricole régionale », dit-il. Et de soutenir que ceci n’est possible qu’avec la création d’une zone de libre-échange africaine surtout avec le protectionnisme appliqué au niveau de l’Europe et la Chine actuellement. « Aller vers les marchés extérieurs ensemble est la solution post-Covid, voir même créer une souveraineté« , a déclaré M. Malick Diop.
L’accélération du processus pour la mise en place de la ZLECA est plus que d’actualité aujourd’hui.
En matière de relance économique de l’exportation agroalimentaire, les participants s’accordent sur l’importance de transformer le marché marocain d’un marché agricole du push en un marché du pull, à flux tirés par les commandes internationales structurantes et valorisantes. C’est le meilleur moyen d’agir sur la croissance et sur la création d’emploi. Ainsi une bonne partie de la valeur ajoutée agricole deviendrait industrielle et commerciale (trading international et logistique) permettant ainsi une meilleure adéquation entre la production et la nature des terrains et des ressource de chaque région.
Les quelques expériences menées jusqu’ici par OCP ou par des industries de transformation (agrégation) viennent confirmer ce constat grâce à l’accompagnement et le soutien des agriculteurs et de l’amont agricole en général.
Mme Fatiha Charradi, Vis-Président OCP a rappelé l’engagement fort d’OCP en tant que partenaire historique de l’agriculture et des agriculteurs au niveau du continent en présentant l’initiative Al Moutmir à l’échelle nationale. Al Moutmir se veut une initiative multiservices qui fait levier sur la science et la technologie avec des solutions sur mesure et un accompagnement de proximité des agriculteurs. Outre les réalisations présentées, Mme Charradi a mis le focus sur l’impératif de réfléchir la relance économique dans le milieu rural en incluant naturellement les petits agriculteurs ; réels agents de changement ; comme partie intégrante de la solution.
Dans cette même optique le retour sur expérience de Cosumar est pertinent. Comme l’a souligné M. Mohammed Fikrat, PDG de Cosumar, les trois piliers proposés par l’entreprise sont basés en premier lieu sur l’humain, la protection de l’environnement et la prospérité via les partenariats équitables avec l’écosystème. C’est ainsi que Cosumar a pu durant ces dernières années accompagner et encadrer 8000 agriculteurs dans les différentes régions du Royaume.
C’est en développant des initiatives pareilles que le Maroc pourra améliorer son offre et assurer son autosuffisance, comme l’a soutenu M. Rachid Benali, vice président de la COMADER.
Se posent néanmoins des contraintes majeures relatives à la compétitivité de l’offre exportable agroalimentaire nationale en terme de prix mais aussi de qualité des produits et de leur valorisation.
Ce qui a poussé M. Amine Khalil, directeur de développement de Dari Couspates, à lancer un appel aux entreprises du secteur pour s’investir encore plus au niveau de l’innovation, l’adaptation du produit aux spécificités du pays-cible, la prospection et l’amélioration continue de la qualité, condition sine qua none pour avoir un avantage concurrentiel à l’export. M. Khalil n’a pas manqué de relever l’enjeu du branding, vu que plusieurs produits marocains sont actuellement commercialisés à l’international sous des labels étrangers portant ainsi un coup dur à la production nationale et au made in Morocco. Ceci sans parler du fléau de la contrefaçon et des difficultés de blocage à l’export dont souffrent les entreprises nationales.
A l’issue des débats et en réponse aux enjeux et aux problématiques à l’export M. Laghidi a mentionné l’importance d’adopter la notion de hub marocain agro-alimentaire international dédié à la fois au sourcing, à la production, la transformation et l’export valorisant. C’est le meilleur moyen dit-il d’attirer les investisseurs étrangers, de créer une dynamique industrielle et commerciale et répondre au mieux aux contraintes liées à la périssabilité et à l’accès au marché international auxquelles sont confrontés les producteurs. « Ce savoir-faire, une fois capitalisé, permettra l’émergence de zones de trading internationales dans les zones franches logistiques et/ou indutrielles permettant au Maroc de devenir un véritable trader valorisant les exports africains vers le monde », conclut le vice-président de l’ASMEX.
En conclusion M. Hassan Sentissi El Idrissi, président de l’ASMEX a tenu à lancer un appel à tous les pays africains pour adhérer le plus rapidement possible, comme vient de le faire le Sénégal, au projet de création d’une association africaine des exportateurs qui constituera un espace d’échange, de suivi et de promotion de l’offre exportable africaine et assurera un cadre favorable aux partenariats à l’échelle intercontinentale.