L’automobile en 2025 : Un pari sur l’avenir
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L’année 2024 a marqué une étape déterminante pour le marché automobile marocain, amorçant une véritable reprise après plusieurs années de stagnation. Avec une progression de 9 % par rapport à 2023, l’industrie automobile a renoué avec une dynamique de croissance qui témoigne d’une résilience certaine et d’un potentiel encore à exploiter. Cette embellie, cependant, ne doit pas occulter les défis à venir en 2025, où le secteur devra conjuguer expansion, transition énergétique et mutation des comportements d’achat.
2024 : Une reprise solide portée par des facteurs multiples
L’immatriculation de plus de 176.000 véhicules neufs en 2024 a confirmé un regain d’intérêt pour l’achat automobile, soutenu par des tendances bien identifiées. D’une part, la demande pour les véhicules particuliers a progressé de 8 %, portée par une classe moyenne cherchant des solutions de mobilité fiables et accessibles. D’autre part, les ventes de véhicules utilitaires légers ont enregistré une hausse spectaculaire de 18 %, en réponse aux besoins croissants des secteurs du transport, de la logistique et des services.
L’essor de la location courte durée est également une tendance marquante. Ce segment, qui représentait 25 % du marché il y a quelques années, s’arroge désormais 35 % des ventes annuelles. Il reflète la montée en puissance du tourisme et l’évolution des habitudes de consommation, où la flexibilité et l’usage priment sur la propriété. Toutefois, cette reprise ne concerne pas uniquement le marché du neuf. Avec plus de 770.000 transactions enregistrées en 2024, le marché de l’occasion demeure dominant, bien qu’encore largement informel. Près de 98 % de ces transactions échappent aux circuits officiels, un constat qui soulève des enjeux de transparence, de protection des acheteurs et de pertes fiscales significatives. La NARSA (Agence nationale de la sécurité routière) s’emploie à structurer ce marché en instaurant des circuits formels garantissant davantage de transparence et de protection pour les acheteurs, tout en offrant des opportunités de recettes fiscales pour l’État.
La montée en puissance des véhicules à énergie propre
Parmi les évolutions les plus notables de 2024, l’essor des véhicules à énergie propre se distingue par une croissance impressionnante de 54 %. Qu’il s’agisse de modèles hybrides, hybrides rechargeables ou 100 % électriques, l’intérêt des consommateurs ne cesse de croître. Cette transformation reflète une prise de conscience accrue des enjeux environnementaux et un désir de réduire l’empreinte carbone des déplacements. Cependant, des obstacles majeurs freinent encore cette transition. Le manque d’infrastructures de recharge limite la démocratisation des véhicules électriques, tandis que l’absence d’incitations fiscales adaptées ralentit l’engouement du grand public. Le coût élevé de ces véhicules demeure également un frein, d’autant plus que les modèles électriques restent moins accessibles que leurs homologues thermiques.
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Les professionnels du secteur plaident en faveur d’une intervention plus marquée de l’État, notamment à travers des mesures incitatives, des exonérations fiscales, des subventions et un investissement accru dans le réseau de bornes de recharge. L’avenir du marché des véhicules électriques au Maroc dépendra en grande partie de la capacité des pouvoirs publics à accompagner cette transformation et à encourager un écosystème favorable à son développement.
L’automobile en 2025 : Un pari sur l’avenir
Alors que 2024 a posé les bases d’un renouveau, 2025 s’annonce comme une année charnière où plusieurs tendances devront se confirmer et s’amplifier. Les prévisions tablent sur 185.000 immatriculations de véhicules neufs, soit une croissance attendue de 5%. Ce dynamisme devrait être alimenté par plusieurs facteurs clés à savoir le développement du tourisme, qui continuera de soutenir la demande de véhicules de location courte durée, renforçant ainsi le rôle moteur de ce segment.
L’impact positif de l’amnistie fiscale de 2024, qui pourrait libérer des liquidités et stimuler les achats automobiles, en particulier parmi les classes moyennes et supérieures. Ajoutons une accélération de la transition énergétique, avec une offre plus large de véhicules à faible émission et, espérons-le, des mesures gouvernementales plus incitatives pour en encourager l’adoption. Aussi la modernisation des infrastructures routières et logistiques, qui facilitera le développement du secteur en garantissant de meilleures conditions de circulation et de transport des marchandises.
Toutefois, 2025 ne sera pas dénuée d’incertitudes. L’inflation persistante risque de peser sur le pouvoir d’achat des ménages, tandis que l’augmentation des coûts de production, liée à la volatilité des matières premières et des chaînes d’approvisionnement, pourrait impacter le prix des véhicules. À cela s’ajoute un contexte géopolitique mondial instable, dont les répercussions sur les importations et la logistique restent imprévisibles. Le marché automobile marocain est à l’aube d’une transformation profonde, où croissance et mutation vont de pair. Si 2024 a permis de renouer avec une dynamique positive, 2025 devra être l’année de la consolidation et de l’adaptation. Les acteurs du secteur devront composer avec des évolutions réglementaires, une demande en mutation et une pression accrue pour accélérer la transition écologique.
Dans ce contexte, l’agilité des constructeurs, la vision des concessionnaires et l’engagement des pouvoirs publics seront déterminants pour maintenir cette trajectoire ascendante. L’automobile ne se résume plus à un simple moyen de transport ; elle devient un vecteur de changement, au carrefour des enjeux économiques, technologiques et environnementaux.
L’avenir du secteur dépendra donc de la capacité des différents acteurs à répondre aux attentes d’un marché en pleine mutation, tout en anticipant les défis de demain. Une chose est certaine : l’année 2025 ne sera pas seulement une année de transition, mais bien celle où se joueront les contours de la mobilité marocaine pour les décennies à venir.