Le Centre International « Kofi Annan » de formation au maintien de la paix, en conclave au Ghana
Par : Othmane Semlali
Le Centre International Kofi Annan de formation au maintien de la paix (KAIPTC) vient de lancer, tout récemment, la première édition de son forum. Il s’agit du Forum Kofi Annan pour la Paix et la Sécurité (KAPS). En effet, c’est la capitale ghanéenne, Accra qui a eu le privilège d’accueillir mardi 17 septembre, les travaux de ce conclave.
Et ce n’est pas tout. Plusieurs dirigeants africains ont choisi de faire le déplacement pour honorer la mémoire de l’ex-Secrétaire Général des Nations Unies, Kofi Annan.
Si ce forum s’est adonné comme objectif de faciliter et enrichir les discussions et les débats autour des nouvelles tendances en matière de paix et de sécurité au niveau du Continent Africain, il visait aussi à mettre en exergue les réalisations remarquables de Feu Kofi Annan et à perpétuer sa mémoire.
Ce forum s’est fixé aussi le soin de travailler pour approfondir la collaboration entre le KAIPTC et des organisations internationales, à l’image des Nations Unies, de l’Union Africaine, et des communautés économiques régionales. Il s’agissait aussi de concevoir et bâtir des partenariats avec des gouvernements, des partenaires au développement, des organisations de la société civile, ainsi que du monde des affaires.
Le Forum Kofi Annan a donc, réuni plus de deux cents délégués et diplomates de haut niveau, représentant des organisations gouvernementales et intergouvernementales, dont l’Union Africaine et ses communautés économiques régionales, les Nations Unies et l’Union Européenne.
Des professionnels de la sécurité et des représentants de groupes de réflexion sur les politiques et la recherche, des partenaires au développement, des institutions de formation et des groupes de la société civile invités, ont répondu présents et pris part aux discussions.
Le thème autour duquel les organisateurs ont choisi de faire graviter les discussions et les débats, n’était autre que : « Opérations de maintien de la paix dans le contexte de l’extrémisme violent en Afrique ». Une thématique d’une pertinence assez particulière si on se réfère à l’actualité internationale, plus précisément celle africaine.
Plusieurs zones du Continent se trouvent déchirées par des crises et des tensions sanglantes, ainsi que par des violences à répétition. Les groupes terroristes semblent avoir trouvé en Afrique un terreau fertile pour développer leurs activités criminelles, imposer leurs styles, et fructifier leurs rentes via, des connivences avérées avec les bandes criminelles et les réseaux mafieux.
Pire encore, abstraction faite de leur idéologie « islamiste » et leurs divergences de vue, ces groupes extrémistes semblent avoir en commun la même démarche, celle de s’attaquer à tout ce qui symbolise l’Etat stricto-sensu, avec des attaques à répétition contre des membres des forces de l’ordre, contre des Casques bleus opérant sur la houlette de l’organisation onusienne, voire même contre des caravanes d’aide et d’assistance humanitaires menées par des ONGs internationales spécialisées.
Bref, un Forum qui venait à point nommé pour établir une radioscopie de la situation, mettre le doigt sur les imperfections et dysfonctionnements qui émaille les politiques sécuritaires nationales, et voir quels moyens et mécanismes à développer pour des réponses « efficaces » et « concrètes » face à la floraison des facteurs d’instabilité et d’insécurité en Afrique.
Tenu donc sous le haut parrainage du président Ghanéen, Nano Ado Dankwa Akufo- Addo, ce forum, a connu la présence distinguée du Docteur Mohammed Ibn Chambas, Représentant Spécial du SG et Chef du Bureau des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahal (UNOWAS).
Au nombre des délégués de haut niveau présents, figurant sept anciens Chefs d’Etat africain.
Invité, par ailleurs, à introduire le Forum, le Commandant du KAIPTC, le Général de Division aérienne, Griffiths S. Evans, a expliqué la raison d’être de ce rendez-vous.
« Ce forum vise à établir une plateforme de dialogue sur les questions cruciales relatives à la paix et à la sécurité sur le Continent africain. Cette initiative s’inscrit dans le cadre de notre mission qui consiste à promouvoir la paix et la stabilité, en offrant des compétences mondialement reconnues et un appui stratégique à tous les acteurs impliqués dans la paix et la sécurité en Afrique », explique-t-il.
Dans son allocution, le président de la République du Ghana, Akufo-Addo a énuméré les principales interventions qui pourraient être menées en vue de combattre l’extrémisme violent.
“La promotion et le développement, sur le Continent, d’un système et d’une culture de gouvernance responsable, exempts de corruption, respectueux de l’état de droit, des libertés individuelles, des droits de l’homme et des principes de la responsabilité démocratique sont des éléments importants”, a-t-il souligné. Il a également jeté plus de lumière sur la politique antiterroriste de son pays pour la lutte contre l’extrémisme violent.
“Dans le cadre de notre politique antiterroriste, nous cherchons à prévenir les actes terroristes dans le pays. La politique antiterroriste a permis de créer, au sein du Secrétariat du Conseil national de sécurité, une unité antiterroriste chargée de diriger et de coordonner nos efforts dans ce domaine. Le Ghana a adopté une approche inter-organisations bien coordonnée, qui encourage l’échange rapide d’informations et de renseignements, la coordination opérationnelle et la formulation de stratégies conjointes. Cela s’est révélé essentiel pour la mise en œuvre efficace de la politique antiterroriste du Ghana”, a-t-il expliqué.
+ Le Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix :
Le Centre International Kofi Annan de Formation au Maintien de la Paix (KAIPTC) a été créé en 1998 par le ministère ghanéen de la Défense (MoD), et mis en service en 2004, avec pour mission de jouer le rôle de tribune de consolidation et de partage des cinq décennies d’expériences et de compétences du Ghana en matière d’opérations de paix effectuées aux côtés des autres pays de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et d’Afrique.
La mise en place du KAIPTC traduit donc cette reconnaissance d’un besoin de formation pour le personnel militaire, policier et civil des deux sexes, afin de leur permettre de satisfaire aux nouvelles exigences posées sur les opérations de paix multidimensionnelles.
Le KAIPTC fait partie des trois Centres de formation d’excellence de la CEDEAO dans le domaine du maintien de la paix. Ces centres de formation ont pour mandat d’offrir des formations en maintien de la paix et en opérations de soutien à la paix (OSP) en Afrique.
Le Centre offre des formations dans les trois domaines suivants : Opérations de soutien à la paix, Gestion des conflits et études sur la paix et la sécurité. Il offre également des programmes de maîtrise et de doctorat dans les mêmes thématiques. Le KAIPTC dispose d’un département de recherche de niveau mondial qui mène des recherches dans les thématiques de la paix et de la sécurité.
Basé à Accra, au Ghana, le KAIPTC est une institution de renommée internationale qui a formé et instruit, depuis sa création jusqu’à ce jour, plus de 21.496 personnes.