Le chef du Polisario rencontre le SG de l’ONU, ou quand Alger échoue dans ses manœuvres
Le 2 septembre 2024, Brahim Ghali, chef Polisario, a rencontré António Guterres, secrétaire général des Nations Unies, à l’occasion des festivités marquant le 25e anniversaire du référendum d’autodétermination de cette nation insulaire, référence singulière pour un territoire recherchant la reconnaissance internationale.
L’Algérie grand parrain du Polisario est à la manœuvre dans chaque mouvement stratégique des miliciens sur l’échiquier international. Alger cherche obstinément à obtenir une reconnaissance formelle du Polisario tout en redoublant d’efforts pour miner les intérêts marocains dans la région. Au cœur de ces stratégies se trouve une volonté inaltérable de positionner le Polisario en tant qu’entité légitime sur la scène mondiale, notamment par le biais de rencontres de haut niveau organisées par les Etats ou les pays.
Dans cette optique, la question des droits de l’homme sert d’argument principal à Brahim Ghali, qui a profité de sa rencontre avec António Guterres pour réitérer son appel à l’élargissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (MINURSO), afin d’inclure la surveillance des droits de l’homme. Ce plaidoyer, néanmoins, se heurte à une réalité complexe. Plusieurs rapports internationaux ont épinglé à la fois l’Algérie et le Front Polisario pour de graves violations des droits de l’homme.
L’Algérie fait face à des critiques sévères concernant son traitement des migrants ainsi que sa participation aux abus rapportés à Tindouf, où les habitants se trouvent séquestrés sous diverses formes de pression et de chantage. Le Front Polisario, quant à lui, est aussi impliqué dans ces manœuvres et n’échappe pas au regard accusateur des organisations de défense des droits de l’homme, qui soulèvent de nombreuses questions sur les abus commis au sein même des camps de réfugiés qu’ils administrent.
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La bataille diplomatique que mène l’Algérie aux côtés du Polisario n’est pas sans ramifications économiques. En essayant d’entraver les efforts marocains pour développer et accéder à ses propres ressources dans le Sahara, l’Algérie cherche non seulement à porter atteinte à la souveraineté marocaine mais également à réduire la compétitivité économique du Royaume.
Le choix du Timor Oriental pour cette rencontre n’est pas anodin. Cette jeune nation, qui a elle-même parcouru un long chemin pour obtenir son indépendance, apporte une reconnaissance symbolique au Polisario dans ses revendications. L’alliance stratégique avec les nations reconnaissant le Front Polisario, bien que minoritaires, nourrit le discours d’une légitimité internationale recherchée par le mouvement séparatiste et son parrain algérien.
À la veille de la publication imminente par António Guterres de son rapport au Conseil de sécurité des Nations Unies concernant les récents développements au Sahara, cette rencontre avec Brahim Ghali peut sembler réconfortant pour les deux alliés que sont l’Algérie et le Polisario. Mais c’est peine perdue, les avancées impressionnantes du Maroc ont définitivement clos le rêve de ses deux grands déstabilisateurs du Sahara et du Sahel.
Bien que Guterres n’ait pas fait de déclaration officielle concernant cette entrevue, la diplomatie silencieuse employée ici, comme en témoigne ses publications sélectives sur ses activités au Timor Oriental, indique une prudence traditionnelle des Nations Unies. Et que c’est n’est ni l’Algérien encore moins le Polisario qui parviendront à déréguler les protocoles diplomatiques car, ce sera trop leur demander d’avoir un minimum de respect. Les altercations avec un diplomate marocain à Tokyo lors de la TICAD témoignent largement de leur niveau sur le respect protocolaire.