Le gazoduc Maroc Nigeria au cœur des débats parlementaires
L’avenir du projet de gazoduc transafricain, une initiative conjointe entre le Maroc et le Nigeria, est actuellement au cœur des débats parlementaires. La Chambre des représentants, en quête de clarifications, a inscrit à son agenda une séance de questions orales dédiée à ce sujet. L’interrogation principale, portée par le Rassemblement national des libéraux (RNI), concerne l’état d’avancement et les perspectives de ce projet d’envergure, qui devrait relier les deux nations par un réseau de gazoducs s’étendant sur plus de 5 600 kilomètres.
La Ministre de la Transition énergétique, Leila Benali, est attendue pour fournir des réponses lors de cette session. Les interrogations surviennent après des annonces faites lors d’un forum en France, indiquant un possible report de la décision finale d’investissement à l’année suivante. Cette incertitude fait suite aux prévisions initiales du ministre d’État nigérian chargé des Ressources pétrolières, Akbirike Ekpo, qui avait estimé le début des travaux pour l’année en cours, avec un budget prévisionnel de 25 milliards de dollars, et une capacité de transport quotidien de 3 milliards de mètres cubes de gaz.
Ce gazoduc, qui serait le plus grand réseau de transport de gaz en Afrique, traverserait onze pays du continent, incluant le Bénin, le Togo, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Libéria, la Sierra Leone, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Gambie, le Sénégal et la Mauritanie, avant d’atteindre le Maroc. Il serait également connecté au gazoduc Maghreb-Europe, offrant ainsi un accès au réseau gazier européen.
En janvier dernier, SM le Roi Mohammed VI et le président nigérian Bola Tinubu ont souligné, lors d’un entretien téléphonique, l’importance stratégique de ce projet pour l’intégration régionale. En 2022, les parties prenantes, y compris la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, se sont engagées à travers un accord à contribuer à la réalisation et à l’activation du projet. Des mémorandums d’accord ont été signés avec plusieurs pays africains au cours des années 2022 et 2023, consolidant ainsi la coopération régionale.
Le Maroc a également reçu l’assurance d’un investissement des Émirats arabes unis, formalisé par un protocole d’accord signé à Abu Dhabi fin 2023. De son côté, le Nigeria a confirmé le soutien de la Banque islamique de développement pour le financement du projet.
Malgré l’ampleur et la complexité du projet, qui implique la collaboration de treize pays et nécessite d’importants financements, il représente une avancée majeure pour l’indépendance énergétique de la région et pourrait redéfinir les dynamiques économiques et politiques à l’échelle continentale. Toutefois, le projet fait face à de multiples défis, notamment en termes de financement et de pertinence du gaz naturel dans un contexte de marchés énergétiques en mutation.