Le général Chengriha et l’obsession du Maroc
Par Hassan Alaoui
Général chamarré de son état et chef d’état-major de l’ANP d’Algérie, Saïd Chengriha , participant il y a quelques jours à un colloque à Moscou, a prononcé une allocution au ton martial , un réquisitoire pour défendre la position du gouvernement algérien sur le Sahara. Un verbiage habituel qui relève de la propagande classique , une logorrhée démentielle à laquelle demeure attaché le régime militaire algérien qui ne convainc plus personne, hormis le carré de ses fidèles et quelques titres de presse affidés.
« Le Sahara occidental est le dernier territoire colonisé en Afrique et dont son peuple aspire à son autodétermination en toute liberté », ergote ainsi le général du corps d’armée…Cette phrase, ressassée et éculée à force d’être prononcée à tout bout de champ, nous en dit long sur la mauvaise foi d’un général qui, occultant délibérément la réalité, oublie aussi de dire que les villes de Sebta et Mellilia sont sous occupation espagnole sur lequel une dernière actualité malheureuse vient de jeter ses projecteurs. Deux villes et quelques îlots en territoire marocain, occupées quasiment manu militari sous l’œil indifférent de cette Europe qui se convertit en donneuse de leçons et n’a pas honte d’entériner un fait colonial flagrant.
Et pourtant, le Maroc n’a jamais cessé de dénoncer cette archaïque colonisation par l’Espagne de ses terres que l’Union européenne cautionne scandaleusement. Le gouvernement algérien préfère donc inventer un territoire mythique dénommé « Sahara occidental », avec une population non moins mythique appelée « peuple sahraoui » pour justifier l’irrédentisme contre le Royaume du Maroc et mettre en cause son intégrité territoriale. On rappellera au général chamarré Chengriha que le peuple sahraoui, l’authentique en effet, vit dans les provinces du sud du Maroc et que, exceptées les populations sahraouies retenues de force dans les camps de Tindouf, tous ceux que l’Algérie invente et présente comme « sahraouis » à la carte sont évidemment les dirigeants du polisario, mercenaires tout au plus, dont beaucoup d’ailleurs sont natifs du Maroc…
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C’est dire que le général Chengriha , obsédé par le Maroc, ne se résoudra jamais à la réalité géopolitique et au leadership de notre pays, non plus à son unité et à sa souveraineté. Au lendemain de la libération du Sahara, en novembre 1975, Boumediene avait dépêché des commandos militaires algériens à Amgala – manière d’espionner et de surveiller le cours des événements, dont notamment la Marche verte et les négociations du Maroc avec Madrid. Une confrontation militaire directe se produisit en février 1976 et les FAR délogèrent rapidement cette garnison algérienne au cœur du Sahara marocain . Ils firent prisonniers des centaines de soldats de l’ANP algérienne, coincés et dont les armes soviétiques saisies furent alors exposées à la presse internationale. Or, un certain capitaine du nom de Saïd Chengriha eut juste le temps de prendre la fuite et échappa aux griffes des FAR…
Aujourd’hui, devenu général, il fanfaronne sur les podiums et déploie des démonstrations de force à même des frontières du sud-est marocain… Il invoque encore le « référendum d’autodétermination au Sahara » , vieille relique de la littérature anticoloniale des années 60 et 70, reléguée au magasin des accessoires, mais feint d’oublier qu’il existe un projet, le plus crédible et consensuel, déposé sur les bureaux du Conseil de sécurité depuis avril 2007, intitulé « Plan d’autonomie au Sahara », sur la base de résolutions pertinentes, votées et actées. Faut-il rappeler que la communauté internationale a rejeté depuis quelques années le projet irréalisable de référendum au Sahara, jugé caduc et inapplicable ? Ou encore, la main dans la main, Bouteflika et James Baker, représentant à l’époque de l’émissaire de l’ONU au Sahara, avait en 2004 conçu et défendu un diabolique « Plan de partage » du territoire entre le Royaume du Maroc et le polisario…pourvu que le gouvernement algérien en sortît sans perdre les honneurs ?
On rappellera encore au général Chengriha que le Maroc ne cèdera jamais son territoire du Sahara, et que toute menace – quel qu’en soit son caractère – relèvera à ses yeux d’une irresponsable déraison. Ce sont des propos comme ceux du cartel militaire algérien qui mettent en équation voire en danger la paix et la sécurité dans la région, qui s’efforcent de creuser l’écart de la haine entre les deux peuples frères, algérien et marocain.