Le gouvernement durcit le ton face aux grèves des agents publics
Le ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, a envoyé une circulaire aux autorités locales du Royaume, leur ordonnant de procéder à des retenues sur les salaires des agents publics qui se sont mis en grève, conformément aux règles du système d’emploi public. Cette mesure vise à dissuader les mouvements sociaux qui se multiplient dans les collectivités territoriales et dans le secteur de l’éducation.
Selon la circulaire du ministre de l’Intérieur, les chefs des conseils municipaux doivent se coordonner avec les trésoreries des régions à travers la plateforme « Intaj », qui permet de gérer les ressources humaines et financières des collectivités locales. Le ministre de l’Intérieur a rappelé que la grève n’est pas un motif valable d’absence du travail, et qu’elle entraîne donc une perte de salaire pour les agents concernés.
Cette décision intervient alors que les salariés des collectivités territoriales ont lancé une grève nationale mercredi et jeudi de cette semaine, pour protester contre leurs conditions de travail et de rémunération. Ils ont également organisé une manifestation nationale devant le siège de la Direction générale des collectivités territoriales à Rabat. Parmi leurs revendications, ils demandent la mise en place d’un système de base, une augmentation de 3.000 dirhams, et l’application d’une prime annuelle à la performance, ainsi que d’autres mesures liées à la promotion professionnelle.
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Le ministre de l’Intérieur n’est pas le seul à avoir recours aux retenues sur les salaires pour faire face aux grèves. Le ministre de l’Éducation nationale, Chakib Benmoussa, a également adopté cette stratégie pour sanctionner les enseignants qui ont participé à des grèves pour réclamer le statut unifié. Cette mesure, qui s’appuie sur la loi qui considère l’absence du travail comme une faute professionnelle, a suscité la colère des syndicats d’enseignants, qui ont dénoncé une atteinte à leurs droits et à leur dignité. Cette question a été l’un des points d’achoppement du dialogue entre le gouvernement et les enseignants, qui n’a pas abouti à une solution satisfaisante pour les deux parties.
Face à la grogne sociale, le gouvernement affirme qu’il reste ouvert au dialogue avec les syndicats, mais qu’il ne peut pas aller à l’encontre de la loi. Il soutient que les retenues sur les salaires sont une application du principe de rémunération du travail, et qu’elles visent à garantir la continuité du service public. Le gouvernement appelle également les agents publics à faire preuve de responsabilité et de patriotisme, et à privilégier l’intérêt général sur les intérêts particuliers.