Le « grand remplacement » du français par l’anglais fait débat au Maroc
Par Ousmane THIAM
La langue française perd de plus en plus son lustre d’antan en se laissant fondre dans la masse des langues qui sont de moins en moins parlées au niveau mondiale. Dans certains pays où le français était la langue dominante, désormais elle est fortement concurrencer par l’anglais. Pour de nombreuses personnes, le français est devenue une langue de périphérie qui sera appelée à faire d’ici quelques années le difficile choix de se soumettre à l’hégémonie de l’anglais ou de se voir taxer de « has been » par ses locuteurs si la tendance actuelle est maintenue. Ce constat est aussi vrai au Maroc
Aujourd’hui, c’est un fait, l’anglais est devenu la référence au niveau mondiale. La vulgarisation scientifique, les conférences internationales, les dernières technologies, impossible de se passer de l’anglais, de se passer seulement de l’anglais. Certains iront même jusqu’à dire que de nos jours, « qui ne sait pas parler français est un inculte ».
Ce constat est aussi vrai au Maroc où il y a eu récemment, un communiqué faussement attribué au ministère de l’éducation nationale qui racontait que bientôt l’anglais allait remplacer par le français à l’école marocaine. Ce communiqué a relancé le débat même si démenti officiellement par le ministère de l’Eduction nationale. Mais en réalité, cette rumeur aux allures d’un possible « grand remplacement » du français par l’anglais n’est pas fortuite. En effet, selon l’étude intitulée “Shift to English in Morocco”, l’anglais prend de plus en plus de place au niveau des jeunes. Selon cette étude, une grande majorité de jeunes marocains, âgés entre 15 et 25 ans, ont exprimé leur préférence pour l’anglais.
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Quelques chiffres
Selon cette étude, plus des deux tiers des jeunes Marocains sont convaincus que, l’anglais va remplacer le français comme première langue étrangère au Maroc dans les 5 prochaines années. Toujours selon l’étude, 74 % d’entre eux pensent que le passage à l’anglais profitera aux ambitions du Maroc en tant que pôle international d’affaires et de tourisme et 85 % s’attendent à ce que le nombre de Marocains utilisant l’anglais augmente au cours de la prochaine décennie. C’est 65 % de ces jeunes qui considèrent l’anglais comme étant une langue très importante. 62 % pensent la même chose de l’arabe, tandis qu’à peine 47 % jugent le français comme étant une langue importante.
Ces chiffres font froid dans le dos si l’on sait qu’au Maroc le français est la première langue étrangère cohabitant avec l’arabe, langue officielle dans l’administration et le monde des affaires. Cependant, force est de constater que malgré sa popularité croissante au Maroc, l’anglais a encore du chemin à faire puisque le royaume se classe toujours « très bas » dans l’indice de compétence en anglais, selon le classement de l’indice de compétence en anglais (EF EPI).
L’exception Ouest-africaine
Appartenant à l’héritage colonial, le français est l’un des moyens de communication les plus utilisés entre les populations d’Afrique de l’Ouest. Dans ces pays, le français est devenu une langue africaine, adoptée par les peuples, érigée en langue officielle par les gouvernants et reste la langue d’étude à l’école et à l’université. Selon le dernier rapport sur la langue française de l’Observatoire de la langue française, on dénombre 321 millions de locuteurs du français, dont 62% en Afrique. Ce rapport révèle que c’est précisément grâce à la jeunesse africaine que cette langue connaît une croissance rapide. Le français a encore de beaux jours devant lui en Afrique de l’Ouest !