Le juge ougandais de la CIJ qui a voté contre les mesures pour Gaza est désavoué par son gouvernement
Le gouvernement de la République d’Ouganda a exprimé samedi son désaccord avec le vote de la juge ougandaise Julia Sebutinde à la Cour internationale de Justice (CIJ) de La Haye, qui a rejeté vendredi les mesures proposées par la cour pour protéger les droits des Palestiniens à Gaza. Sebutinde a été la seule parmi les quinze juges à s’opposer aux mesures, qui visaient à prévenir un éventuel génocide par Israël.
Dans un communiqué officiel, le gouvernement ougandais a affirmé que le vote de Sebutinde « n’engageait qu’elle-même en tant que juge indépendant et impartial » et qu’il « ne correspondait pas à la position du gouvernement ougandais sur la question ». Le gouvernement a rappelé qu’il adhérait à la position du Mouvement des non-alignés, qui a récemment réaffirmé son soutien à la cause palestinienne lors d’un sommet à Rabat au début du mois.
La CIJ, qui est l’organe judiciaire principal de l’ONU, a adopté vendredi six mesures conservatoires pour améliorer la situation humanitaire à Gaza, qui est soumise à un blocus israélien depuis 2007. Ces mesures comprennent la garantie de l’accès à l’aide humanitaire et aux services médicaux, le respect du droit international humanitaire et des droits de l’homme, et la protection des civils contre les violences. La cour a également demandé à Israël de cesser toute action qui pourrait aggraver le conflit ou compromettre la solution à deux États.
Toutefois, la cour n’a pas ordonné explicitement un cessez-le-feu ou une suspension des attaques israéliennes contre les civils, qui se sont intensifiées début octobre, faisant plus de 200 morts et des milliers de blessés parmi les Palestiniens. Cette omission a été critiquée par plusieurs pays et organisations, qui ont estimé que la décision de la cour était insuffisante et timide.
Parmi les pays qui ont salué la décision de la cour, le Maroc a fait part samedi de son appréciation positive et de sa solidarité avec le peuple palestinien. Une source du ministère marocain des Affaires étrangères a déclaré que le Maroc soutenait la décision de la cour et réitérait sa position de principe sur le dossier palestinien. Le Maroc a condamné les attaques ciblées contre des civils par quelque partie que ce soit et a réaffirmé son attachement au droit légitime du peuple palestinien à établir son État indépendant avec Jérusalem-Est pour capitale.
L’Afrique du Sud et l’Autorité palestinienne ont également salué la décision de la cour, l’Afrique du Sud qualifiant cette décision de « victoire décisive ». Le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré que la décision de la cour était « un pas important vers la justice et la paix » et a appelé la communauté internationale à soutenir la mise en œuvre des mesures. Le président palestinien Mahmoud Abbas a quant à lui remercié la cour pour sa décision et a exhorté Israël à respecter ses obligations.
La décision de la cour intervient après que la Palestine a saisi la CIJ le 4 octobre, invoquant l’urgence de la situation à Gaza et accusant Israël de commettre des crimes de guerre et des actes de génocide. La Palestine a demandé à la cour de prendre des mesures conservatoires pour protéger les droits des Palestiniens et mettre fin aux violations israéliennes. Israël a rejeté la compétence de la cour et a refusé de participer à la procédure.
La CIJ doit encore se prononcer sur le fond de l’affaire, qui pourrait prendre plusieurs années. La cour a indiqué que sa décision sur les mesures conservatoires ne préjugeait pas du résultat final de l’affaire ni de sa compétence pour trancher le litige.