Le Maroc a la légitimité pour revendiquer un siège au Conseil de sécurité de l’ONU
La demande de réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies, émanant du continent africain, gagne en force et suscite un débat quant à la nécessité de décoloniser sa composition en y ajoutant un ou plusieurs membres permanents africains. Omar Hilale, Représentant permanent du Maroc auprès de l’ONU, affirme que le Maroc est pleinement légitime pour revendiquer un siège permanent au sein de ce conseil international.
Lors des Dialogues atlantiques 2023 à Marrakech, M. Hilale a soutenu avec conviction que le Maroc est le candidat le plus approprié et légitime pour devenir l’un des deux membres permanents représentant le continent africain. Il a souligné la cohérence, la modération et la vision de la diplomatie marocaine, dirigée par le Roi Mohammed VI.
Dans le contexte mondial actuel, M. Hilale a décrit le monde comme étant « malade en raison de sa multipolarité ». Selon lui, les différents centres d’influence, de pouvoir et de force n’arrivent pas à s’entendre sur les solutions aux problèmes mondiaux. Il a également souligné la fracture démocratique, la prolifération de l’extrémisme violent et la montée des groupes séparatistes, en particulier en Afrique.
Il estime qu’il est impératif de renforcer et de réformer les Nations Unies ainsi que le Conseil de sécurité pour qu’ils puissent pleinement jouer leur rôle de garants de la paix et de la sécurité mondiales. Des discussions sont en cours concernant les possibilités de réforme, notamment en ce qui concerne l’augmentation du nombre de membres de l’ONU.
Hilale affirme que l’Afrique a le droit d’avoir deux sièges permanents et cinq sièges non permanents au Conseil de sécurité, et que les membres de l’Assemblée générale conviennent que l’Afrique a été victime d’une injustice. Il estime qu’il est nécessaire de mener des discussions au sein de l’Union africaine et de l’ONU afin d’identifier les pays crédibles qui pourraient représenter l’Afrique.
La présence permanente des pays africains au Conseil de sécurité des Nations Unies permettrait de contribuer à la paix et à la sécurité internationales, en particulier sur le continent africain. Actuellement, la majorité des opérations de maintien de la paix de l’ONU se déroulent en Afrique, dont six sur les douze opérations en cours.
En 2005, l’Union africaine a adopté le Consensus d’Ezulwini, qui représente la position commune africaine en ce qui concerne la réforme du Conseil de sécurité des Nations Unies. Cette position souligne le fait que la majorité des pays africains n’étaient pas représentés lors de la création de l’ONU, et que l’Afrique n’avait pas une forte représentation en 1963. Par conséquent, le Consensus d’Ezulwini exige que l’Afrique obtienne deux sièges permanents au Conseil de sécurité, avec les mêmes droits et privilèges que les membres permanents actuels, y compris le droit de veto, ainsi que cinq sièges non permanents.
L’appel de l’Afrique en faveur d’une plus grande représentation au Conseil de sécurité des Nations Unies est également mis en évidence dans le rapport du Secrétaire général intitulé « Notre programme commun », publié le 10 septembre 2021. Les cinq membres permanents du Conseil de sécurité ont également exprimé leur soutien à une plus grande représentation, y compris la possibilité d’un ou plusieurs membres permanents africains. Le président des États-Unis, Joe Biden, a fait une déclaration en faveur de l’augmentation du nombre de représentants permanents et non permanents au Conseil, ainsi que de l’inclusion de sièges permanents pour les pays africains, lors du sommet annuel de l’Assemblée générale en 2022.
Cependant, malgré les justifications et le soutien, la demande africaine d’une plus grande représentation tant dans les catégories permanentes que non permanentes se heurte à d’importants défis politiques. La position commune africaine contient des éléments qui sont difficiles à mettre en pratique, notamment la question du veto et l’absence d’un processus de sélection des États africains qui représenteront le continent au Conseil de sécurité.
L’appel de l’Union africaine à devenir membre permanent avec droit de veto suscite une certaine opposition internationale, étant donné que le veto est de plus en plus impopulaire. Cela signifie que l’ajout d’une représentation permanente africaine au Conseil de sécurité doit soit inclure le droit de veto, soit coïncider avec l’abolition de celui-ci. Selon l’article 108 de la Charte des Nations Unies, tout amendement à celle-ci nécessite le soutien de tous les membres permanents du Conseil de sécurité (P5). Cela implique que l’Afrique aura besoin du soutien unanime des membres actuels du Conseil de sécurité, ainsi que d’une majorité des deux tiers des États membres de l’ONU à l’Assemblée générale pour tout amendement ou abolissement du droit de veto, ce qui rend cette entreprise extrêmement difficile à réaliser.