Le Maroc avance et progresse, et plus déterminé que jamais
Par Hassan Alaoui
Pour ne parler que de celle-ci , la diplomatie marocaine est à coup sûr, et depuis longtemps, différente et distinguée de toutes les autres. Elle s’inspire d’une conception de sagesse et de raison. Elle se fonde sur une philosophie d’équilibre et de réalisme en même temps.
Ni cynisme, ni calculs vicieux ni même l’inclinaison dans la redoutable Realpolitik qui est à l’action de certains Etats ce que l’instrument de conquête est aux fins de domination ou de ralliements. Méthodiquement, avec une volonté résolue, elle engrange succès sur succès, le triomphe modeste affiché sur son frontispice, sans tapage ni l’ombre de l’abracadabrance…
Depuis la Libération du Royaume du Maroc en 1956, le Roi Mohammed V a mis en place une politique étrangère d’ouverture et de dialogue avec tous les pays et peuples, d’Afrique et d’Europe, d’Asie et d’Amériques sans jamais se départir du principe de mesure et de respect. Au Sommet des pays Non-Alignés organisé en 1961 à Belgrade ( Yougoslavie) et présidé par le maréchal Tito, le Roi Hassan II avait présenté la doctrine de « neutralisme positif » comme la caractéristique essentielle de notre politique étrangère. Elle consistait en la mise en œuvre d’un équilibrisme entre les deux superpuissances de l’époque, américaine et soviétique, la première libérale et capitaliste, la seconde communiste.
Le Royaume su Maroc était lié par une série d’accords avec l’une et l’autre puissance, son inclinaison naturelle allant toutefois vers le camp occidental, autrement dit les Etats-Unis et l’Europe. Il est néanmoins un autre troisième bloc auquel le Maroc appartenait de facto, celui que l’on appellera plus tard le Tiers-Monde ou « pays en voie de développement » caractérisé par un taux de croissance moins important que celui des pays industrialisés qui, pendant quelques années incluait l’Inde voire la Chine populaire. Ce troisième bloc comprenait bien évidemment la majorité des Etats appartenant aux Nations unies et, au regard de son poids démographique, pesait beaucoup dans la planète, devenant de ce fait un enjeu précieux pour les grandes puissances. Il comptait également dans les processus de décisions et de votes, tant et si bien que la voix d’un mini Etat ne dépassant pas les 100.000 habitants valait et vaut autant que celle d’un Etat comme la Chine ou la Russie…
Des années avant son indépendance en 1956, voire des siècles auparavant le Maroc est demeuré une puissance régionale, l’une des plus anciennes monarchies dans le monde. Et s’il faut sacrifier à une linéarité historique, il se prévaut de 14 siècles ininterrompus en tant qu’Etat constitué, reconnu comme tel, respecté, admiré, craint aussi et consolidé dans ses frontières – antiques même – jusqu’à l’occupation coloniale en 1912 par la France et ensuite par l’Espagne, celle-ci présente depuis des siècles, aux Présides du nord et dans nos provinces du sud depuis 1934.
Il convient de préciser que le Royaume du Maroc est le seul pays de la région a avoir connu deux à trois occupations : celle de la France, de l’Espagne et à un certain moment du Portugal. Par conséquent, il lui a fallu mener trois processus de libération de son territoire, menés laborieusement et non sans difficultés avec les puissances d’occupation. La conférence d’Algesiras , organisée en 1906 par les puissances de l’époque, après celle de Berlin en 1884, acheva le cruel dépècement territorial du Maroc, appelé Empire chérifien. Espagne, France, Allemagne, Grande Bretagne se sont jetées sur le Maroc comme sur une proie fragilisée , chacune y plantant le décor de ses ambitions.
De 1912, date de l’instauration du Protectorat français, signé à Fès le 30 mars jusqu’à mars et novembre 1956, ce sont 44 ans d’occupation française qui, commencée sous le maréchal Lyautey dans le respect des institutions à vrai dire, a fini dans la crise spectaculaire dès 1953 sous le général Guillaume. Lequel, avec un quarteron d’officiers se résolut à faire exiler le Roi Mohammed V en Corse et à Madagascar En 1955 , Antoine Pinay, président du Conseil français entama des négociations avec le Roi du Maroc pour l’indépendance, après son retour d’exil qui a duré quelque trois ans.
Libéré, devenu indépendant définitivement le 18 novembre 1956, le Maroc a opté pour la démocratie et le pluralisme, deux notions incontournables et audacieuses à l’époque. Deux notions complémentaires qui ont façonné à la fois son visage et sa mobilité. Cela dit, il ne s’est jamais pour autant enfermé de ce modèle, puisque sa politique économique s’est souvent inspiré des vertus de la planification et du choix des Plans , autrement dit de l’étatisme.
Un taux de croissance de 4% en moyenne, chancelant certes, le développement des infrastructures nécessaires, la part grandissante de l’autosuffisance agricole et l’émergence d’un tissu industriel consubstantiel à une politique « agressive » d’exportations, l’audace et la volonté de conquête des parts de marchés, l’ouverture sur l’Afrique bien avant les autres, grâce à une vision prospective du Roi Mohammed VI ont conforté in fine la configuration d’un pays émergent. Il convient de mettre en exergue le renforcement des institutions démocratiques dont le scrutin du 8 septembre dernier, assurant la relève démocratique et transparente de 10 ans de gestion islamique, a constitué un tournant majeur dans l’histoire récente du Royaume.
Le Maroc avance et progresse ! On ne dira jamais assez à quel point ce propos constitue la vérité réelle, l’incontournable postulat …