Le Maroc émet des obligations pour financer les infrastructures du Mondial 2030

Alors que le Maroc s’apprête à accueillir, aux côtés de l’Espagne et du Portugal, la Coupe du monde de football en 2030, le pays se prépare à effectuer un retour remarqué sur le marché obligataire international. Rabat s’apprête en effet à émettre une obligation en euros, une première depuis 2023, afin de financer des projets d’infrastructures stratégiques liés à l’événement sportif mondial et au développement économique du pays.

« Aujourd’hui, nous avons plus besoin d’euros que de dollars », a déclaré la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, en marge d’une conférence tenue à AlUla, en Arabie saoudite. Selon elle, le Royaume est « prêt à tout moment » pour cette émission obligataire, mais il préfère attendre que l’actuelle volatilité des marchés se stabilise.

Cette opération constituera la première émission en euros du gouvernement marocain depuis 2020. Il y a quatre ans, Rabat avait levé 1 milliard d’euros à travers deux tranches de 500 millions d’euros. Plus récemment, en 2023, le Maroc avait réalisé une levée de fonds de 2,5 milliards de dollars en obligations libellées en devise américaine, réparties en deux tranches de 1,25 milliard de dollars avec des échéances de 5 et 10 ans.

L’émission de cette nouvelle obligation s’inscrit dans une stratégie plus large de financement externe, fixée par le projet de loi de finances 2025. Ce dernier autorise un plafond de 6 milliards de dollars pour la dette étrangère, dont un tiers devrait être levé via cette opération sur les marchés financiers internationaux. Le reste proviendra de financements bilatéraux et institutionnels.

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Les fonds levés seront principalement affectés à des projets d’infrastructures majeurs destinés à préparer le pays à l’accueil du Mondial 2030, mais également à moderniser son réseau de transport et ses infrastructures hydrauliques. Parmi les projets prioritaires figurent l’extension du réseau ferroviaire national, l’amélioration de la flotte du transporteur aérien Royal Air Maroc, la construction de deux ports en eau profonde, ainsi que le développement de douze usines de dessalement de l’eau de mer. En parallèle, le gouvernement devra mobiliser au moins 2 milliards de dollars pour financer la réforme des retraites prévue cette année.

Sur le marché obligataire, les investisseurs suivent de près les performances des obligations marocaines. Le rendement des obligations en euros à échéance mars 2026 a chuté d’environ un point de pourcentage depuis le début de l’année 2025, atteignant 3,03 % en milieu de semaine, signe d’une confiance accrue des marchés dans la solvabilité du Royaume. Cette détente des taux pourrait favoriser une émission à des conditions avantageuses pour le Maroc.

L’expert en crédit Mark Bohlund, analyste chez Redd Intelligence, estime que Rabat pourrait concrétiser cette opération après le renouvellement de sa ligne de crédit flexible auprès du Fonds monétaire international (FMI). « Cela permet de réduire les rendements et d’offrir un matelas de sécurité contre les chocs externes », explique-t-il.
Le coût total des investissements programmés par le Maroc jusqu’en 2035, incluant les dépenses liées à la reconstruction post-séisme de 2023, devrait dépasser les 35 milliards de dollars, selon des estimations de Bloomberg basées sur des données gouvernementales.

L’Union européenne, partenaire économique de premier plan du Maroc, jouera un rôle déterminant dans le financement de ces infrastructures. L’UE pourrait soutenir certains projets, notamment ceux en lien avec la Coupe du monde, via des subventions et des prêts concessionnels. Ce soutien s’inscrit dans la continuité des relations étroites entre Bruxelles et Rabat en matière d’investissements et de développement durable.

Avec cette nouvelle émission obligataire en euros, le Maroc entend ainsi optimiser son coût d’endettement tout en garantissant la réalisation d’infrastructures stratégiques, consolidant son statut de hub économique et logistique en Afrique du Nord.

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