Le Maroc, face à l’indécence médiatique française
CE QUE JE PENSE
Le métier de journaliste repose sur des piliers fondamentaux, dont l’éthique et l’objectivité. Il est donc d’autant plus déconcertant et regrettable de constater que, face à une catastrophe qui touche le cœur du Maroc, une partie de la presse française s’est autorisée à écorcher le Royaume, perdant de vue ces principes essentiels.
À l’heure où le silence aurait dû être observé, où les mots auraient dû consoler et informer avec rigueur, certains ont préféré le tumulte des conjectures et des insinuations. Cette attitude a créé une ombre, là où l’éclat de la solidarité et de la compassion aurait dû prédominer.
La catastrophe naturelle ayant frappé ce Maroc, mobilisé, rassemblé autour de sa souffrance commune, n’est pas une simple actualité à couvrir. C’est un drame humain, une épreuve nationale dont chaque Marocain ressent l’impact, qu’il soit à Tanger ou à Lagouira. Plutôt que d’être soutenu, le Maroc se voit critiqué, ses dirigeants et son peuple sont malmenés par des insinuations sans fondements, des rumeurs et des caricatures de mauvais goût. Là où la presse aurait dû éclairer, elle a assombri.
L’instrumentalisation médiatique du prétendu « refus » d’aide de la France est un exemple frappant de cette dérive de certains médias avec un manque flagrant d’objectivité et d’analyse approfondie. Le Maroc, dans sa dignité et son ouverture, n’a jamais fermé sa porte à l’aide internationale qu’il a saluée par ailleurs. L’histoire de cette nation témoigne de sa fraternité avec tous ceux qui tendent la main en signe d’amitié.
Il est particulièrement déplacé, en ces moments de deuil national, de voir des allégations non fondées concernant le Roi ou le Maroc circuler avec insouciance. Ces rumeurs, loin de refléter la réalité, ne font que blesser un peuple déjà touché en son cœur. D’autant plus que ce n’est ni le moment ni le lieu pour colporter des rumeurs sans fondement.
Il est temps de revenir à ce qui fait la noblesse du journalisme : l’intégrité, la vérité, et le respect. Respecter un pays dans sa douleur, respecter un peuple dans son unité, et respecter des dirigeants dans leur mission. Le Maroc mérite ce respect, tout comme chaque nation confrontée à une telle épreuve.
Plutôt que de semer la discorde, c’est le moment de renforcer les liens, de mettre en avant ce qui unit les peuples. Le monde médiatique a le devoir de montrer la voie, en mettant en lumière l’essentiel : l’humanité, la solidarité et la vérité.
Nous vivons une époque où l’information est à portée de main, omniprésente, invasive parfois. Mais la quantité ne saurait remplacer la qualité, notamment quand on aborde des sujets aussi délicats que les catastrophes naturelles. En tant que professionnels des médias, nous avons entre nos mains un outil puissant, dont l’impact dépasse souvent notre propre entendement.
En somme, la presse se doit d’être le miroir de la vérité, un phare dans l’obscurité, et non une source de division et de méfiance.
La récente tragédie qui a touché le Maroc nous rappelle l’importance d’être précis, équilibré et surtout humain dans notre traitement de l’information. Les débats et les polémiques ont leur place, mais certainement pas au cœur d’un drame qui affecte des milliers de vies.
Critiquer est aisé, mais construire est ardu. Nous pouvons de notre côté, remettre les pendules à l’heure et vous rappeler l’importance de l’information juste et objective en ces temps de crise. Nous pourrions vous rappeler que le rôle d’un journaliste est d’informer, non de jeter de l’huile sur le feu.
Au lieu donc de mettre l’accent sur des aspects polémiques, il serait plus judicieux, et humain, de focaliser sur ces histoires qui inspirent, qui montrent la capacité de l’homme à surmonter les épreuves, la force d’un peuple qui, malgré la douleur, trouve la volonté de se reconstruire.
Il est fondamental de rappeler que chaque mot que nous écrivons, chaque image que nous montrons, a des répercussions. Nos écrits peuvent soit guérir, soit blesser, soit unifier, soit diviser.
La situation au Maroc, tout comme dans n’importe quelle autre nation touchée par une tragédie, mérite une couverture médiatique empreinte de respect, de dignité et d’empathie. Chaque reportage doit être une réflexion de notre humanité collective, une célébration de la résilience humaine face à l’adversité.
À mes consœurs et mes confrères, je dis : Soyons la voix de ceux qui n’en ont pas, soyons les yeux de ceux qui ne peuvent pas voir, mais surtout, soyons le cœur de ceux qui, dans leur douleur, cherchent un peu de réconfort. Au lieu d’alimenter la discorde, faisons preuve de compassion. Au lieu de critiquer, soutenons. Et au lieu de diviser, unissons.
Le Maroc, tout comme chaque nation en deuil, n’a pas besoin de jugements hâtifs ou de critiques infondées. Il a besoin de solidarité, d’empathie et de respect. Soyons à la hauteur de notre mission et honorons notre métier en mettant en avant ce qui nous unit, plutôt que ce qui nous divise.
Au lieu de chercher à créer des polémiques ou à se repaître du malheur des autres, ayez l’élégance du silence. Respectez notre deuil. Élevez-vous à la hauteur de l’éthique journalistique, et rappelez-vous que votre mission première est d’informer, non de nuire. Sachez que derrière chaque histoire, il y a des vies humaines, des destins brisés et une nation qui se bat pour se relever. Alors de grâce, plutôt que vos critiques malavisées laissez-nous vivre notre deuil parce qu’on n’a pas la tête aux fausses polémiques.
Cependant, il est essentiel de distinguer entre la compassion sincère de la population et la couverture médiatique parfois inappropriée de certains médias français. L’émotion, aussi profonde soit-elle, ne peut justifier une intervention non sollicitée ou non coordonnée, au risque de créer un chaos plus grand que la catastrophe elle-même.
Il est troublant de constater que certains médias français semblent suggérer que cette tragédie donne à la France un droit inhérent d’intervenir sans égard pour les besoins réels et immédiats du Maroc. Pire encore, il semble que pour certains, cette catastrophe soit un tremplin pour des agendas politiques, au lieu d’un moment de compassion et d’aide désintéressée.
Une telle perspective -pour ne pas dire acharnement- est non seulement condescendante, mais elle est également détachée de la réalité sur le terrain. Elle fait fi du principe fondamental de la souveraineté nationale et semble ignorer le respect dû à un pays en deuil.
Je tiens à rappeler à mes collègues de la presse française que le Maroc n’est pas un pion sur l’échiquier géopolitique. Il est un pays souverain avec une histoire riche, une culture vibrante, et un peuple résilient. À un moment où les Marocains pleurent leurs morts et se mobilisent pour reconstruire, il serait souhaitable que la presse étrangère respecte la dignité du pays et comprenne la complexité de la situation plutôt que de la simplifier pour servir des agendas particuliers.
Alors soyons à la hauteur face à l’ampleur du drame …