Le Maroc instaure un droit antidumping sur le PVC américain
Le Maroc a instauré un droit antidumping définitif sur les importations de PVC en provenance des États-Unis, afin de protéger l’industrie locale contre des pratiques commerciales jugées déloyales. Cette mesure, entrée en vigueur début 2025, s’inscrit dans une stratégie de préservation de la compétitivité nationale face à des produits importés à prix artificiellement bas.
Le Maroc a renforcé ses mesures commerciales en appliquant un droit antidumping définitif de 24,88% sur les importations de polychlorure de vinyle (PVC) en provenance des États-Unis, une décision entrée en vigueur le 3 janvier 2025. Cette initiative vise à protéger l’industrie locale du PVC, un secteur stratégique pour l’économie marocaine, en réponse à des pratiques de dumping qui ont perturbé le marché. L’objectif de cette mesure est de maintenir la compétitivité de l’industrie nationale face à des importations jugées anormalement bon marché, ce qui pourrait nuire aux producteurs locaux.
L’Administration des douanes et impôts indirects (ADII) avait déjà mis en place un droit antidumping temporaire de 5,5% sur le PVC américain depuis le 1er février 2024, suite à des investigations préliminaires. Cependant, cette mesure a été réévaluée après une enquête approfondie menée par les autorités compétentes, confirmant ainsi la nécessité d’un ajustement à la hausse. Le 3 janvier 2025, un arrêté conjoint des ministères de l’Industrie et du Commerce et de l’Economie et des Finances a officialisé l’application du droit antidumping définitif de 24,88%, valable pour une période de 5 ans.
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Conformément à cette nouvelle réglementation, les montants déjà perçus au titre du droit antidumping provisoire ainsi que la TVA applicable seront désormais considérés comme définitifs. Cependant, des exceptions sont prévues pour certaines importations, notamment celles accompagnées d’une facture validée par le ministère de l’Industrie. Ces importations seront exemptées du droit antidumping, offrant ainsi une certaine flexibilité pour des transactions jugées conformes aux standards locaux.
Enquête sur les importations de PVC en provenance d’Égypte
En parallèle, le Maroc met en place des mesures similaires pour surveiller les importations de PVC en provenance d’Égypte, à la suite d’une demande de la Société nationale d’électrolyse et de pétrochimie (SNEP), principal producteur national. Cette demande repose sur des soupçons de pratiques de dumping, accusant les exportateurs égyptiens de vendre leur produit à des prix artificiellement bas, créant ainsi une concurrence déloyale sur le marché marocain. Face à cette situation, les autorités marocaines ont ouvert une enquête pour évaluer l’ampleur de ces pratiques et déterminer si les importations égyptiennes affectent gravement l’industrie locale.
L’ampleur du phénomène est également confirmée par une analyse de l’évolution des volumes d’importation de PVC en provenance d’Égypte. En effet, depuis 2020, on observe une augmentation significative des importations égyptiennes de PVC. En chiffres absolus, les importations ont progressé de manière impressionnante, passant de 16 596 tonnes en 2020 à 52 116 tonnes en 2023, soit une augmentation de près de 215 %. De plus, en 2024, les importations égyptiennes ont continué d’augmenter, atteignant 32 642 tonnes au premier semestre, contre 15 325 tonnes pour la même période l’année précédente. Cette croissance rapide des volumes d’importation a eu des répercussions directes sur le marché marocain, avec une part croissante du PVC égyptien dans la consommation nationale, qui est passée de 15 % en 2020 à 41 % en 2023.
Parallèlement, les importations en provenance d’Égypte ont pris une proportion de plus en plus importante dans le marché marocain. En 2023, elles représentaient 41 % de la consommation totale de PVC au Maroc, et cette part a continué de croître en 2024. Ce phénomène est d’autant plus inquiétant que, selon la SNEP, cette augmentation continue des importations de PVC égyptien a eu un impact direct et négatif sur la performance de la production nationale. Les producteurs marocains se trouvent en effet confrontés à une concurrence déloyale, ce qui a provoqué une baisse de la rentabilité, ainsi que des difficultés dans le maintien de l’emploi et des investissements dans l’industrie.