Le Maroc interrompt son dialogue avec l’Union européenne et dénonce son jeu pro-algérien
Entre le Maroc et l’Union européenne, la crise est plus qu’ouverte ! Et la tension monte d’un cran. Ainsi le Maroc a-t-il décidé de suspendre toutes ses relations avec les institutions européennes, hormis les échanges relatifs à l’appel interjeté et relatif à l’accord agricole. Cette décision a été entérinée en plein Conseil de gouvernement, tenu jeudi à Rabat. L’audience que le chef du gouvernement, Abdelilah Benkirane a accordée ensuite à l’ambassadeur de l’Union européenne, aurait-elle un autre sens que l’expression du raidissement du Maroc ? Après l’affaire de l’accord agricole du mois de décembre, voici celle de « l’affaire de l’accord de pêche » dénoncé unilatéralement et selon un analogue modus operandi par le même tribunal de justice européenne.
Rappelons que le 22 février dernier, devait être annoncé le résultat de la décision d’interjeter appel par le Conseil de l’Union européenne après la décision, prise en décembre dernier, par la Cour de justice européenne de dénoncer l’Accord agricole avec le Maroc. Rappelons aussi que certains dirigeants de l’Union européenne, consternés par la décision du Tribunal de justice de l’UE, avaient tour à tour assuré le Maroc de leur soutien et annoncé leur mobilisation pour faire appel de cette décision.
Le choc était d’autant plus terrible qu’il a plus ou moins pris de court les autorités marocaines qui y ont vu un coup fourré des lobbyistes algériens et des partisans du polisario. En ordre dispersé, les réactions des uns et des autres, se sont enchaînées sur fond d’une émotion frisant la contrition. Quand ensuite certains membres du Conseil de l’Europe dont la Haute représentante des Affaires étrangères et de des affaires de sécurité, Federica Mogherini ont exprimé leur souci de maintenir les « bonnes relations » traditionnelles avec l’Union européenne, et annoncé la décision d’interjeter appel de la décision de la Cour de justice, le gouvernement marocain a nourri tous les espoirs et fait foi de ce qui serait la suite en sa faveur. Il s’est fait une raison d’attendre, de patienter et de calmer l’opinion publique nationale, outrée et excédée.
Deux mois après, le gouvernement marocain n’a pas pu ou su prendre son mal en patience. A coup sûr, il a rangé sa colère au vestiaire pendant toute cette période, espérant que les pays européens finiront par raison garder et se rendre à l’évidence que leurs intérêts fondamentaux avec le Maroc comptent plus qu’avec le polisario, fantoche mouvement manipulé par l’Algérie.
Or, voici qu’en lieu et place du recours sur le premier dossier, agricole, survient une autre décision du tribunal européen dénonçant l’accord de pêche. Un supplément d’hostilité que le Maroc a ressenti comme un coup porté à ses relations avec l’Union européenne. Il a réagi aussitôt, en décidant de suspendre « tout contact avec les institutions européennes à l’exception des échanges au sujet du recours relatif à l’accord agricole » signé entre le Maroc et l’Union européenne. Le Conseil du gouvernement, qui a consacré, jeudi, une partie de ses travaux au développement des relations entre le Royaume du Maroc et l’Union Européenne, a réitéré le rejet total du gouvernement de l’arrêt du Tribunal de l’Union européenne en date du 10 décembre 2015, a affirmé le ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil. « Le gouvernement dénonce le caractère hautement politique de cette décision, ses arguments infondés, sa logique biaisée et ses conclusions contraires au droit international et en désaccord avec les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU », a-t-il affirmé. Dans ce contexte de crise et d’escalade, le gouvernement a créé une commission spécialisée et « invite les responsables de l’Union européenne à assumer leurs responsabilités déplorant certaines attitudes inamicales envers le Royaume, notamment après le dépôt de la procédure de l’appel ». Que ce soit au niveau de l’accord agricole ou celui de la pêche, on voit bien qu’un même fil noir inspire les décisions de l’Union européenne. L’enjeu n’est plus l’un ou l’autre accord, non plus la relation maroco-européeene bâtie depuis 45 ans, mais le penchant en faveur des thèses des lobbies algériens et leur connivence avec le gouvernement algérien.