le Maroc n’a pas encore reçu le vaccin anti-covid et le retour à la normale pourrait être envisagé d’ici le mois de Ramadan (Ait Taleb)
La logistique de l’opération de vaccination, la baisse des tests PCR, l’administration de la chloroquine, la stratégie de communication du ministère, voici l’essentiel du passage télé du ministre de la Santé à 2M dans l’émission « Confidences de presse », ce mercredi 6 janvier 2021.
Une sortie médiatique importante à quelques jours du lancement de l’opération de vaccination nationale, durant laquelle le ministre de la Santé s’est penché sur de nombreux dossiers, à commencer par l’arrivée du vaccin. En réponse à cette question, Khalid Ait Taleb a affirmé que le Maroc n’a pas encore reçu de vaccins anti-Covid, en soulignant que « c’est la dernière ligne droite (..) Les commandes ont déjà été passées pour disposer des quantités nécessaires à la vaccination de 80% de la population ». Il a rappelé par ailleurs que le Maroc a acquis 65 millions de doses des deux vaccins (Sinopharm et AstraZeneca) pour lesquels le Royaume a opté. « Le choix de deux vaccins différents a été fait pour des raisons d’immunité collective », a-t-il précisé.
Quant à la durée de l’opération de vaccination, selon Ait Taleb, » Nous avons fait le choix d’étendre la campagne de vaccination sur douze semaines. Après la fin de cette opération, nous allons attendre une durée de presque 28 jours pour pouvoir atteindre l’immunité collective ». Pour ce faire, 3047 espaces de vaccination ont été mis en place, et les équipes de vaccination devront s’y rendre conformément à un programme prédéfini, dans les hôpitaux, les administrations publiques, les établissements pénitentiaires, les usines et autres.
Il poursuit : « Ainsi, si toutes les circonstances sont favorables et à condition que la campagne débute dans les très prochains jours pour se terminer vers la fin du mois de mars, voire début avril, nous pourrions jeûner, Ramadan normalement, sans mesures restrictives ». Le retour à la normale est donc tributaire de la date de démarrage effectif de la campagne de vaccination.
Ainsi, l’arrivée de ces quantités de vaccins nécessitera le déploiement d’un grand nombre d’avions et des camions frigorifiques, des caisses isothermes, ainsi que des réfrigérateurs. Selon le ministre, les photos qui circulent sur les réseaux sociaux sont juste des simulations que le Maroc est en train d’effectuer dans le cadre des préparatifs pour le lancement de l’opération de vaccination prévue dans les prochains jours.
Notons que l’utilisation d’urgence du vaccin britannique AstraZeneca contre la Covid-19 a été autorisée par le Maroc, ce mercredi 6 janvier, selon une circulaire du Ministère de la Santé.
Par ailleurs, une baisse importante des cas positifs à la Covid-19 a été observée ces derniers temps. En effet, cette baisse laisse donc à croire que les indicateurs sont au vert et que la situation épidémiologique au Royaume est plutôt bien. Mais ce n’est pas tout à fait le cas.
Interrogé à ce sujet, le ministre a tenté d’expliquer la situation en déclarant que : « le nombre de tests PCR effectués a certes baissé dans le cadre de la stratégie nationale de lutte contre la covid, parce qu’on a dépassé la phase du dépistage massive, aujourd’hui, les tests sont effectués dans le cadre du diagnostic du cas par cas ». Il a également expliqué cette baisse par l’amélioration de la situation épidémiologique, en indiquant que « le taux de positivité est passé de 23% à 9% ». Autre facteur que le ministre a souligné : « les gens se font de moins en moins tester, parce qu’ils se traitent directement et individuellement en prenant du Zinc, de la vitamine C … etc ».
Sur l’implication du public dans le dépistage de la Covid, Ait Taleb a précisé, qu’avant-hier 19.000 tests ont été effectués, dont seulement 3.000 dans le privé, en soulignant que les laboratoires privés qui sont impliqués dans ce processus sont surtout concentrés au niveau des grandes villes, notamment, à Casablanca et Rabat. Et d’ajouter : « l’utilisation des tests antigéniques rapides facilite la prise en charge des patients positifs à la Covid. Les résultats sont obtenus au bout de 15 à 30 minutes ». Ceux-ci ont été officiellement lancés dans le public et officieusement dans le privé.
Sur l’usage de la chloroquine et l’hydroxychloroquine, le ministre a souligné que ce sujet a pris une grande ampleur médiatique, en rappelant qu’il ne s’agit pas d’un remède, mais d’un médicament qui freine l’infection au départ et réduit la contagiosité et la charge virale du virus. « Nous avons obtenu des résultats qui sont très probants et satisfaisants, depuis que nous avions commencé ce protocole sur la recommandation du comité technique et scientifique. Il suffit de faire la comparaison avec les chiffres de contamination qu’enregistrent d’autres pays à travers le monde », a-t-il expliqué.
Et en rapport avec la gestion de la crise sanitaire par le département de Santé, qui est au front de la guerre contre la covid. »Cela fait 10 mois depuis que la pandémie a commencé, je l’ai vécu comme une décennie » a confié le ministre, en avouant qu’il y avait une grande pression, notamment, sur les professionnels de la Santé. Pour lui, « malgré les insuffisances que connaît le domaine de la Santé, les défis ont été relevés ».
« On était obligés de prendre des décisions dans des délais très courts » a indiqué Khalid Ait Taleb, en soulignant que » beaucoup d’enseignements ont été tirés de cette pandémie et qui sont très importants pour le futur, surtout que le Maroc prépare la généralisation de la couverture sociale », conclut-il, en déplorant l’énorme déficit du personnel médical, soit 97.000 cadres de la santé dont 32.000 médecins.