UA: Participation marocaine à la 10ème réunion ordinaire du Comité sur la défense, la sûreté et la sécurité
Le Maroc a pris part, mardi à Addis-Abeba, à la 10ème réunion ordinaire du Comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité (CTSDSS) de l’Union africaine (UA), qui intervient dans un contexte marqué par des défis majeurs dans le domaine de la paix et de la sécurité.
Des ministres de la défense, des Chefs d’Etat-major et des Chefs de services de sûreté et de sécurité des Etats membres de l’UA ou leurs représentants, ainsi que les délégués des Etats membres de l’UA et des Communautés économiques régionales/Mécanismes régionaux (CER/MR) ont participé à cette réunion.
La délégation marocaine à cette rencontre est composée des représentants du ministère des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, du ministère de l’Intérieur et de l’Administration de la Défense Nationale.
L’ouverture de cette rencontre, qui se tient au siège de l’UA, a été marquée par une minute de silence en mémoire des soldats de maintien de la paix et des victimes de violence en Afrique, suivie de l’adoption de l’ordre du jour portant notamment sur l’examen du rapport des experts sur la mise en œuvre des directives du CTSDSS sur le renforcement de la Force Africaine en Attente (FAA), ainsi que des conclusions de la réunion des Chefs d’Etat-major et des Chefs de services de sûreté et de sécurité africains.
Dans une allocution de circonstance, M. Mohamed Diané, ministre de la Défense de la République de Guinée, qui assure la présidence en exercice de l’UA, a appelé la Commission de l’UA et les CER/MR à ne ménager aucun effort durant l’année 2018 afin d’opérationnaliser la FAA, « indispensable » pour la réalisation de « la paix durable en Afrique ».
« Nous devons toujours garder à l’esprit l’impératif de garder l’Afrique et ses peuples unis et de continuer à œuvrer à la réalisation de notre vision et de nos aspirations communes telles qu’annoncées dans l’Agenda 2063. De cette façon, cela nous donnera plus d’opportunités de prendre des mesures décisives pour faire taire les armes en Afrique et ainsi construire un continent sans conflit », a-t-il dit.
Il a, en outre, exprimé ses remerciements à la Commission de l’UA et à la République du Cameroun, rappelant l’inauguration de la Base Logistique Continentale (BLC) le 5 janvier 2018 à Douala, comme preuve de l’opérationnalisation de la FAA.
Sur la base des conclusions et des recommandations des chefs d’Etat-major et des Chefs de services de sûreté et de sécurité africains, la réunion a été sanctionnée par la déclaration finale qui sera soumise à l’Assemblé générale de l’UA, fin janvier courant, à travers le Conseil exécutif.
Ainsi, a été adopté notamment « le Rapport du Panel des experts indépendant sur la vérification, la confirmation et la validation des capacités annoncées à la FAA avec la suppression de la référence à +… dans l’intervalle, un siège temporaire de l’élément de planification (PLANELM) de la NARC sera créé à Addis-Abeba+ », lit-on dans la Déclaration de la 10ème réunion ordinaire du Comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité.
Etait également approuvé le plan de travail stratégique de Maputo sur le renforcement de la FAA (2016-2020) et demandé à la Commission de l’UA de mettre à jour le plan de travail à la lumière des recommandations pertinentes contenues dans le Rapport du panel d’experts indépendants sur la vérification, la confirmation et la validation des capacités annoncées à la FAA (2017), intégrer les délais, le budget, les indicateurs et les responsabilités et créer un mécanisme « robuste » de suivi et d’évaluation.
La Déclaration a aussi recommandé de « demander à la Commission de l’UA et exhorter les Communautés économiques régionales/Mécanismes régionaux à finaliser avec la Commission de l’UA le cadre juridique de la FAA sur l’emploi de cette Force africaine d’ici fin 2018 ».
Et d’encourager la Commission d’accélérer les étapes nécessaires aux fins de l’opérationnalisation complète du projet du statut du Fonds spécial de l’UA pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique sur la base des suggestions et amendements formulés par la Réunion des experts, et demander sa soumission ultérieure au Comité technique spécialisé sur la Justice et les Affaires juridiques (CTSJAJ).
A l’issue de la 10ème réunion ordinaire du Comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité, le commissaire en charge de la paix et de la sécurité au sein de la Commission de l’Union Africaine et le ministre de la Défense de la République de Guinée ont tenu une conférence de presse conjointe au cours de laquelle ils se sont félicités du « bon » déroulement des travaux des différentes réunions et des résultats « obtenus par consensus » du Comité technique spécialisé sur la défense, la sûreté et la sécurité.
Dans son intervention, le ministre guinéen a notamment insisté sur la mise en place d’« un mécanisme pour la mise en œuvre du Fonds spécial de l’UA pour la prévention et la lutte contre le terrorisme et l’extrémisme violent en Afrique« , appelant à l’éducation et la sensibilisation, surtout des jeunes, contre ce fléau.
Revenant sur la session du CTSDSS, il a noté que « l’un des objectifs de la réunion est de renforcer les capacités opérationnelles et institutionnelles de nos forces armées » afin de faire face au terrorisme et à l’extrémisme violent dans le continent.
Malgré les avancées enregistrées dans la mise en place de l’Architecture africaine de paix et de sécurité, l’Afrique reste toutefois confrontée à de graves insuffisances en termes de capacités, qui tiennent en échec la volonté de promouvoir des solutions africaines aux problèmes africains.
Ce qui est en jeu, c’est la capacité des Africains de répondre de façon effective et urgente aux exigences des situations auxquelles le continent est confronté, mais aussi la détermination et l’engagement à donner effet aux instruments de l’UA et à promouvoir le leadership africain dans la gestion des crises que connait la région.
La grande question qui interpelle les Africains dans le domaine de la sauvegarde de la Paix et de la sécurité reste celle de savoir si l’organisation panafricaine qui ambitionne de mener le continent vers la paix et la prospérité auxquelles le prédisposent ses potentialités de ressources humaines et matérielles, peut assurer la réalisation de ces ambitions avec ses propres institutions ?
Ambitieuse de paix et de prospérité, l’Afrique devra mener parallèlement à termes les efforts d’achèvement et de réalisation de ses ambitions. Aux côtés des avancées que le continent réalise en termes de croissance économique et de développement humain, il reste questionné sur sa capacité à sécuriser cet élan en prenant en charge l’africanisation des mécanismes de paix et de sécurité.
Sur ce point, le retour du Maroc à l’Union Africaine, en janvier 2017, constitue un plus sur lequel le bloc panafricain peut capitaliser pour améliorer ses structures.
Pour rappel, des délégués des Etats membres de l’UA et des Communautés économiques régionales/Mécanismes régionaux (CER/MR) avaient participé à la réunion des experts (5-6 janvier) qui s’est tenue en préparation de la 13ème réunion ordinaire des Chefs d’Etat-major et des Chefs de services de sûreté et de sécurité africains, et de la 10ème réunion ordinaire du CTSDSS de l’UA (9 janvier).