Le ministère de l’Intérieur se penche sur le projet d’un nouveau découpage administratif
Le ministère de l’Intérieur prépare une révision du découpage administratif du Royaume, visant à optimiser la gestion territoriale et réduire les disparités régionales. Cette réorganisation pourrait inclure des fusions et des créations de nouvelles provinces, en réajustant les zones en fonction des critères géographiques et économiques. Cependant, la résistance des populations locales, notamment celles des tribus et des régions déjà bien établies, pourrait constituer un frein majeur à la mise en œuvre de ce projet.
Après la publication des résultats du recensement général de 2024, le ministère de l’Intérieur a entrepris l’élaboration d’un projet de redéfinition du découpage administratif du Royaume. Cette initiative fait suite à un besoin croissant d’adaptation du territoire national aux exigences modernes de gestion et de développement, notamment en matière de gouvernance locale et d’équilibre économique entre les différentes régions. La première version de ce projet propose de réduire le nombre de régions du Royaume de 12 à 9, une révision qui vise à optimiser la gestion administrative tout en renforçant l’harmonie entre les différentes zones du pays.
Selon les experts, l’un des principaux objectifs de cette réforme est de mieux coordonner l’action des différentes régions afin de renforcer la cohésion territoriale et de promouvoir un développement plus harmonieux. En outre, la nouvelle organisation vise à réduire les disparités économiques et sociales entre les différentes régions, qui sont parfois exacerbées par un découpage administratif jugé trop fragmenté et inadapté aux réalités locales. La gouvernance locale devrait également en sortir renforcée, avec des autorités régionales plus fortes et mieux à même de répondre aux besoins spécifiques de leur population.
Pour élaborer cette révision, le ministère de l’Intérieur a pris en compte un ensemble de critères géographiques, économiques et démographiques minutieusement analysés. Ces éléments permettront de définir un découpage administratif plus adapté aux réalités actuelles du pays. Selon les experts, cette nouvelle organisation ne vise pas seulement à simplifier la gestion territoriale, mais aussi à optimiser les synergies entre les différentes régions du Royaume.
Cela devrait, par exemple, favoriser une meilleure implication des régions dans les grands projets nationaux, comme l’organisation de la Coupe du Monde 2030. Selon les experts, l’intégration plus effective des régions dans ces projets nationaux pourrait en effet jouer un rôle important dans leur développement à long terme, tout en renforçant leur influence sur la scène internationale.
Fusion des régions du Sud : Entre réorganisation administrative et résistances locales
Au sein du ministère de l’Intérieur, certains experts en affaires publiques envisagent la fusion des trois régions du Sahara, à savoir Guelmim-Oued Noun, Laâyoune-Sakia El Hamra et Dakhla-Oued Eddahab, en une seule grande région, avec Laâyoune comme chef-lieu. Cette option serait en ligne avec la mise en œuvre du Plan d’autonomie, qui est perçu comme une solution stratégique pour résoudre le conflit autour du Sahara marocain. En réorganisant ces territoires en une seule entité administrative, le gouvernement entend renforcer la cohérence politique et économique de cette zone, tout en consolidant son rôle stratégique au sein du Royaume.
Cette fusion viserait à faire de Laâyoune un pôle économique et politique majeur dans la région, offrant ainsi une plus grande visibilité et un meilleur positionnement pour le développement des infrastructures et des activités économiques locales. Cette réorganisation s’inscrit dans une démarche d’efficacité, en facilitant la gestion d’un territoire vaste et diversifié, tout en renforçant l’attractivité de cette zone géographique.
Cependant, d’après un haut responsable du ministère de l’Intérieur, qui s’est exprimé à Maroc Diplomatique, l’Union tribale des Ait Baâmran, située à Sidi Ifni et comprenant les tribus d’Ait Izza, Ait Boubker (Ait Yakhlef et Ait Nissaf), Ait Abdallah, Ait El Khoms, Mestita et Hsboiya, pourrait refuser de s’intégrer à la région de Souss. Ces tribus risquent en effet de rencontrer des difficultés à accepter cette réorganisation.
Concernant la Région de Drâa-Tafilalet, qui est actuellement l’une des plus défavorisées du Royaume, elle serait dissoute dans le cadre du nouveau découpage. Son territoire serait réparti entre les régions de Souss-Massa et de Marrakech-Safi, dans l’objectif de créer des pôles régionaux plus dynamiques. Cette répartition permettrait de stimuler l’économie locale, tout en prenant mieux en compte les spécificités culturelles, géographiques et touristiques de certaines provinces. Par exemple, la province de Ouarzazate, de par son potentiel touristique et ses ressources naturelles, serait mieux alignée avec la région de Marrakech-Safi, afin de bénéficier d’un cadre plus favorable au développement de ce secteur.
D’autres propositions en matière de découpage administratif incluent la création de nouvelles provinces à Oulad Teima, issue d’une partition de la province de Taroudant, à El Aroui, dans la région de Nador, et à Ksar El Kebir, pour une gestion administrative plus efficace de la zone du Loukkos. De plus, il est prévu la création de nouvelles provinces à Bouznika et à Tiflet, afin de répondre aux besoins spécifiques de ces territoires en matière d’infrastructures et de services publics.
La même source du ministère de l’Intérieur ajoute que la réussite de cette réorganisation dépendra en grande partie de l’analyse approfondie des résultats du recensement, afin de mieux cerner les obstacles au développement et d’ajuster le zonage en fonction des objectifs du nouveau modèle de développement à l’horizon 2035. Dans cette perspective, un réexamen de certaines zones, telles que Boulemane et Taounate, pourrait s’avérer nécessaire, en envisageant soit leur division en deux communes, soit leur fusion avec des provinces voisines, dans le but de faciliter leur développement et d’optimiser leur gestion administrative.