Le nouveau visage de la France de Macron ou l’ère Séjourné

CE QUE JE PENSE

Jeudi 11 janvier, une nouvelle page se tourne dans l’histoire politique française : un remaniement gouvernemental secoue le paysage politique, marqué par la nomination surprenante, au Quai d’Orsay, de Stéphane Séjourné, figure controversée, proche d’Emmanuel Macron et ancien secrétaire général de « Renaissance ».

Cette décision marque un tournant significatif, révélant une dynamique politique complexe et soulève des interrogations profondes sur la direction de la politique étrangère de la France, notamment en ce qui concerne ses relations avec le Maghreb et plus spécifiquement avec le Maroc. Ce choix souligne, peut-être, un glissement vers une diplomatie plus centrée sur les intérêts politiques internes qu’internationaux.

Une diplomatie sans Corps

Dans l’arène de la géopolitique moderne, on ne peut s’empêcher de se demander où est passée la France, jadis sous l’aura imposante de Charles de Gaulle. Faut-il rappeler que dans une perspective historique, la diplomatie française se distinguait par son corps d’ambassadeurs émérites, sélectionnés et formés rigoureusement, assurant ainsi une compétence incontestable et une continuité institutionnelle remarquable ?Aujourd’hui, la suppression discrète du corps diplomatique, en France, lors des législatives de 2022, soulève des questions sur l’engagement de Macron envers une diplomatie traditionnelle et réfléchie, au profit d’une approche peut-être plus transactionnelle et moins principielle.

Rappelons qu’historiquement, le ministère des Affaires étrangères français était le bastion de personnalités dotées d’une expérience diplomatique substantielle ou d’une envergure nationale notable. Cette tradition, remontant à l’époque de grandes personnalités à l’image de Mendès, Debré, Védrine ou de Villepin pour ne citer que ceux-ci, est aujourd’hui en mutation pour ne pas dire en déclin. Ainsi le rôle du ministère s’est graduellement métamorphosé, passant d’un acteur essentiel en politique étrangère à un simple exécuteur de la vision présidentielle. Cette transition marque un tournant significatif dans la manière dont la France conçoit et exerce son influence internationale, s’éloignant de l’approche traditionnelle où la diplomatie était l’apanage de spécialistes chevronnés pour se tourner vers une approche plus centralisée et politisée.

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D’ailleurs, le jeune MAE a reconnu ce vendredi 12 janvier, lors de la traditionnelle passation de pouvoir avec sa prédécesseure, Catherine Colonna, ancienne diplomate qui a fait ses classes dans le gouvernement de Dominique de Villepin : « Je ne suis pas diplomate de métier, mais ayant grandi à l’étranger, je sais ce que veut dire la France dans le monde et je sais tout le pouvoir de la diplomatie et de la négociation ». C’est donc l’image de ce que sera la diplomatie française désormais. Dans ce sens, la nomination de Séjourné au poste de ministre des Affaires étrangères constitue un changement majeur dans la tradition diplomatique française. Proche confident du président Emmanuel Macron, sa nomination au Quai d’Orsay symbolise un changement radical dans l’approche française de la politique étrangère. Figure peu expérimentée en diplomatie mais profondément ancrée dans le macronisme, sa nomination est perçue par beaucoup comme un signe de la prise de contrôle accrue de l’Élysée sur le Quai d’Orsay.

Bref, l’arrivée de Stéphane Séjourné au ministère des Affaires étrangères soulève également des inquiétudes quant à la capacité de la France à maintenir une diplomatie nuancée et multiforme, essentielle dans un monde de plus en plus complexe et interconnecté. Cette évolution ne serait-elle pas une accélération de la « décadence » de la diplomatie traditionnelle française, au profit d’une approche plus directe et potentiellement plus conflictuelle ?

L’ombre de De Gaulle et la nouvelle ère sous le signe de Séjourné

Dans le paysage politique actuel, la récente nomination de Stéphane Séjourné, en remplacement de la diplomate Catherine Colonna, met en lumière une tendance croissante à privilégier les alliances et les intérêts politiques personnels par rapport à l’expérience diplomatique conventionnelle. D’autant plus que les actions de Séjourné, notamment concernant les résolutions contre le Maroc en faveur de l’Algérie au Parlement européen, ainsi que son rôle dans l’affaire Pegasus, démontrent une tendance à favoriser des intérêts spécifiques plutôt que des principes universels. Ces actions passées laissent présager des relations franco-marocaines tendues à l’avenir. Surtout que le Maroc, se positionnant comme un « nouveau dragon » aspirant à un développement indépendant, défie certaines perspectives européennes, exacerbant les tensions.

C’est dire que cela marque un contraste frappant avec l’époque de De Gaulle, où la France était reconnue pour sa diplomatie raffinée et son leadership mondial. Désormais, la France semble naviguer dans une période d’incertitude, où les stratégies politiques internes prédominent sur les principes diplomatiques traditionnels, reflétant un changement significatif dans la conduite de sa politique étrangère. Dans ce paysage complexe, le Maroc se trouve confronté à une France en pleine « mutation », où les relations diplomatiques semblent se redéfinir au gré des intérêts du moment.

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Or il est impératif de reconnaître que la France et le Maroc partagent une Histoire longue et complexe, marquée par des décennies de coopération et d’échanges culturels et économiques. Les derniers développements, toutefois, soulèvent des questions sur l’équilibre futur de ce partenariat. Si le Maroc continue sur sa trajectoire d’indépendance et d’affirmation, il pourrait se retrouver davantage en conflit avec une France dont la politique semble être dictée par des considérations de plus en plus moins idéalistes. La France, jadis modèle de démocratie et de liberté, semble aujourd’hui naviguer selon des critères plus pragmatiques, où les intérêts économiques et stratégiques priment sur les valeurs traditionnelles.

En somme, la gestion actuelle des affaires étrangères par la France semble marquer un écart notable avec les valeurs de démocratie, de libertés publiques et d’éducation autrefois prônées comme modèle. Cela met en lumière les défis auxquels sont confrontées les relations internationales dans un monde en constante évolution, où les anciennes alliances et les méthodes traditionnelles de diplomatie sont remises en question.

Et alors que le Maroc et d’autres nations africaines cherchent à se définir sur la scène mondiale, la France semble s’éloigner de ses traditions diplomatiques. Cette évolution pourrait redéfinir non seulement les relations franco-marocaines, mais aussi la position de la France sur l’échiquier mondial.

Dans ce contexte, la figure de Séjourné au MAE n’est autre qu’une métaphore de la nouvelle ère de la diplomatie française : une ère où les alliances, les stratégies et les décisions sont de plus en plus concentrées autour de la figure du Président. Ce qui pourrait entraîner une perte de la profondeur analytique et de l’expertise historique qui ont longtemps caractérisé la diplomatie française.

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