Le PLF 2020 : les principales niches fiscales
En vue d’accélérer le rythme de la croissance économique du Royaume, le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de l’Administration, Mohamed Benchaâboun, a présidé une série de réunions et de rencontres, depuis quelques semaine, visant à mettre en lumière les principaux points des programmes prioritaires du projet de loi de finances 2020, en insistant sur les mesures de relance de l’investissement et de la confiance à rétablir entre les contribuables et l’administration.
Les investissements publics occupent une place substantielle dans le développement économique et social du Royaume. Ils permettent d’ailleurs, d’améliorer la qualité du service public, de créer des opportunités d’emploi et de réduire les disparités sociales et territoriales.
Budget et programme d’investissement
Les investissements publics occupent une place substantielle dans le développement économique et social du Royaume. Ils permettent d’ailleurs, d’améliorer la qualité du service public, de créer des opportunités d’emploi et de réduire les disparités sociales et territoriales. Selon la note de présentation du projet de loi de finances (PLF-2020), l’investissement global du secteur public au titre de l’exercice 2020 s’élève à 198 milliards de dirhams (tous supports inclus). Au détail, les programmes d’investissement, financés dans le cadre des CST et non couverts par des transferts du Budget général totalisent 14,37 MMDH, portant principalement sur le soutien d’actions relevant des secteurs de l’agriculture, des eaux et forêts, de l’élevage, de l’audio-visuel, de l’habitat, de la justice, de la culture, des sports, de l’aide aux jeunes promoteurs, le renforcement du réseau routier national et le financement de programmes socio-éducatifs.
S’agissant des programmes d’investissement des EPP, y compris ceux du Fonds Hassan II pour le développement économique et social, ils couvrent principalement les secteurs de l’énergie, des télécommunications, de l’habitat, de l’agriculture, de l’électricité, de l’eau potable, des phosphates et leurs dérivés, des autoroutes et des transports aériens, maritimes et ferroviaires.
Par ailleurs, les budgets d’investissement des collectivités territoriales se chiffrent à près de 19 MMDH. Ils concernent notamment l’extension et le renforcement des réseaux de voirie et d’assainissement, les constructions d’infrastructures culturelles, sportives et de loisirs, de marchés et d’édifices publics ainsi que les aménagements de jardins et d’espaces verts.
Un budget en hausse de 14,5% en 2020 :
M.Benchaaboun a annoncé les réformes structurantes que couvrira le budget 2020, notamment, la Loi-cadre fiscale, la poursuite de la mise en oeuvre de la charte nationale de la déconcentration, la charte du service public, l’amendement de la loi sur la nomination à la haute fonction publique, la poursuite de la réforme de la caisse de compensation, la dynamisation de la politique de la concurrence. Quant au solde du budget de l’État, au titre de l’année 2020 (hors produits des emprunts et hors amortissement de la dette publique à moyen et long termes), il est de 71.541.067.000 dirhams, selon la note de présentation du projet de loi de finances (PLF-2020). Les besoins résiduels de financement de la loi de Finances s’élèvent à plus de 41,8 milliards de dirhams (MMDH), en augmentation de 61,42% par rapport à l’année 2019.
Sur le Plan international, le Projet de Loi de Finances pour l’année 2020 est encore soumis à des incertitudes. Pour le principal partenaire commercial du Maroc, la zone européenne, les risques baissiers sur la croissance persistent dans plusieurs grandes économies européennes.
S’agissant des charges du budget de l’État, elles atteignent près de 488,6 MMDH en 2020, dont un montant de plus de 8,1 MMDH au titre des dépenses relatives aux remboursements, dégrèvements et restitutions fiscaux, fait savoir la même source, précisant que la somme totale des charges, hors lesdites dépenses, s’élève à 480,4 MMDH, en hausse de 10,98%, comparativement avec l’exercice 2019.
3,4% : Taux de Croissance visé
Sur le Plan international, le Projet de Loi de Finances pour l’année 2020 est encore soumis à des incertitudes. Pour le principal partenaire commercial du Maroc, la zone européenne, les risques baissiers sur la croissance persistent dans plusieurs grandes économies européennes dont la France et l’Espagne. Dans ce contexte, il est prévu que la croissance mondiale atteindra en 2019, 3%, avant de s’établir à 3,4 en 2020.
L’évolution de l’économie du pays montre davantage la tendance baissière et moins volatile du rythme de la croissance. Cette dernière est toujours impactée par « la dépendance de la valeur ajoutée agricole aux aléas climatiques, bien qu’elle soit confortée par le développement des cultures hors céréalières », indique la note de présentation du PLF-2020. Dans ce sens, le gouvernement vise, à travers la concrétisation du Projet de Loi de Finances pour l’année 2020, et en se basant sur des hypothèses fixant la production céréalière à environ 70 millions de quintaux, un prix du pétrole de 67 dollars le baril et un cours moyen du gaz butane à 350 dollars US la tonne ; à réaliser un taux de croissance de 3,7% et déficit budgétaire prévisionnel de 3,5%.
Principales niches fiscales
Le projet de loi des finances 2020 a présenté une série de mesures fiscales, portant sur la poursuite de l’appui aux politiques publiques, la dynamisation de l’investissement et la promotion des entreprises, afin d’accélérer la croissance et de créer de nouveaux postes d’emploi.
Suppression de la cotisation minimale sur 5 ans :
Le taux de l’IS aura un effet cette fois-ci défavorable. Une exonération totale pendant 5 ans consécutifs et une imposition au taux réduit de 17,5% à 20%, seront appliquées à la tranche dont le montant du bénéfice net est supérieur à 1 million de dirhams (MDH), au-delà de cette période pour les entreprises exportatrices de produits ou de services, (à l’exclusion des entreprises exportatrices des métaux de récupération, qui réalisent dans l’année un chiffre d’affaires à l’exportation. Elle concerne également les entreprises industrielles exerçant des activités fixées par voie réglementaire, au titre de leur chiffre d’affaires correspondant aux produits fabriqués, vendus aux entreprises exportatrices qui les exportent.
Pour bénéficier de la régularisation spontanée, les personnes désirant régler leur situation, devraient déposer une déclaration, auprès d’un établissement de crédit ayant le statut d’une banque.
Cette exonération vise aussi les prestataires de services et les entreprises industrielles exerçant des activités fixées par voie réglementaire, au titre de leurs chiffres d’affaires en devises, réalisés avec les entreprises établies à l’étranger ou dans les zones franches d’exportation et correspondant aux opérations portant sur des produits exportés par d’autres entreprises.
2e Opération d’amnistie pour les avoirs à l’étranger :
Une deuxième opération d’amnistie, appelée «régularisation spontanée au titre des avoirs et des liquidités détenus à l’étranger», s’appliquera notamment aux avoirs constitués à l’étranger avant le 30 septembre 2019 et déclarés entre le premier janvier et le 31 octobre 2020. Dans ce sens, trois taux seront adoptés à savoir, le premier taux qui comprend 10% de la valeur d’acquisition des biens immeubles et de la valeur de souscription ou d’acquisition des actifs financiers et des valeurs mobilières et autres titres de capital ou de créances détenus à l’étranger. Ensuite, 5% du montant des avoirs liquides en devises rapatriées au Maroc et déposées dans des comptes en devises ou en dirhams convertibles. Et le dernier taux est limité dans 2%, il concerne les liquidités en devises rapatriées au Maroc et cédées sur le marché des changes contre le dirham.
Pour bénéficier de la régularisation spontanée, les personnes désirant régler leur situation, devraient déposer une déclaration, auprès d’un établissement de crédit ayant le statut d’une banque, selon un modèle arrêté par l’administration et faire montrer les avoirs détenus à l’étranger. Elles devraient ramener les liquidités en devises ainsi que leurs revenus et en céder au moins 25% sur le marché de change au Maroc contre des dirhams. Ensuite, elles devraient procéder au paiement de la contribution selon les taux déjà cités. A noter que le paiement de la contribution exempte les personnes concernées du paiement de l’IR et de l’IS ainsi que des amendes, pénalités et majorations y afférentes au titre des sanctions pour infractions aux obligations de déclaration, de versement et de paiement prévues.
Transformation des zones franches en «zones d’accélération industrielle»
Le ministre des Finances, Mohammed Benchaâboun et son collègue de l’Industrie et du Commerce, Moulay Hafid Elalamy ont annoncé que toutes les zones franches vont se transformer en zones d’accélération industrielle,. D’ailleurs, le taux de l’IS de toutes les entreprises installées aujourd’hui sera inchangé, il sera à 8,75 pendant 20 ans, il restera au même niveau pour toutes les entreprises déjà installées. Concernant les entreprises qui se préparent à s’installer à partir du 1er janvier 2020 dans ces zones au Maroc, qu’elles soient nationales ou internationales, elles auront 5 ans d’IS à zéro et par la suite elles passeront à 15%.
Amélioration de la relation de confiance avec les contribuables
Le PLF 2020 a proposé un certain nombre de mesures fiscales visant à rétablir la confiance avec les opérateurs et les contribuables, notamment la vérification fiscale, appelée « La vérification limitée », cette dernière offre la possibilité aux contribuables d’établir une régularisation spontanée de leur situation fiscale à travers le versement d’une contribution libératoire égale à 10% du montant brut des revenus fonciers acquis au titre de l’année 2018.
Dans cette lignée, ils bénéficieront de la dispense du paiement de l’impôt sur le revenu, au titre des revenus fonciers et de l’annulation d’office des majorations, amendes et pénalités prévues par le Code Général des Impôts, au titre des années antérieures non prescrites, et aussi bien l’élargissement du champ d’application des demandes de consultation fiscale préalable, en vue d’offrir davantage de sécurité juridique aux investisseurs et une stabilisation accrue de la doctrine fiscale.
Cette nouvelle vérification fiscale vise principalement à conforter les mécanismes juridiques, permettant de maîtriser la base imposable, d’une part, et de simplifier les mesures de remboursement des crédits de la TVA, d’autre part. Ce qui va permettre en conséquence de développer l’assiette des contribuables concernés par la vérification fiscale.
Par ailleurs, le PLF 2020 a exposé des mesures qui portent principalement sur le contrôle des dépenses de fonctionnement de l’administration, à travers une réduction des charges de 1 milliard de dirhams (MMDH), notant que ces mesures devraient permettre de réduire le déficit budgétaire de 4,8% à 3,5% du PIB.
De surcroît, le gouvernement mettra en place des mécanismes de financement innovants dans le cadre du partenariat institutionnel avec le secteur privé et de la bonne gouvernance des institutions publiques, ce qui permettra, par la suite, la mobilisation de 12 MMDH, outre le recours à la privatisation afin de collecter 3 MMDH supplémentaires.
Le ministre des Finance, a souligné à cet égard, que ces mesures seront adoptées en vue de permettre au gouvernement de tenir ses promesses et ses engagements, en ce qui concerne les résultats du dialogue social et les charges de la caisse de compensation, ainsi que les transferts de fonds au profit des régions, le coût financier de la réforme des régimes de retraite, et l’accompagnement des différents chantiers de réformes et stratégies sectorielles.
le gouvernement mettra en place des mécanismes de financement innovants dans le cadre du partenariat institutionnel avec le secteur privé et de la bonne gouvernance des institutions publiques.
Le ministre a indiqué que la réalisation des objectifs du projet de Loi de finances 2020 nécessite la promulgation rapide d’un grand nombre de lois portant principalement sur la simplification des procédures administratives, la Charte des services publics, les contrats de partenariat public-privé et les financements coopératifs.
Il y a lieu de rappeler que le PLF 2020 a été adopté le 17 octobre par le gouvernement, et a été soumis à la Chambre des représentants, le 18 octobre puis transmis à la Commission des Finances et du Développement économique à la date du lundi 21 octobre 2019